2008-03-27

La vietnamisation de l'Est du Cambodge

Nouvelles du Cambodge N° 0817-F

La vietnamisation de l’Est du Cambodge
Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 26 mars 2008

Introduction

Pour comprendre la situation actuelle de notre pays, il est important de connaître l’histoire du monde depuis les années 1940 et la genèse des grandes banques internationales. Savoir qui contrôlent ces grandes banques internationales créées par les grandes puissances, permet aussi de connaître leurs intérêts géostratégiques.

La Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) ont été créés lors de la signature, le 22 juillet 1944, des Accords de Bretton Woods, quelques mois avant la capitulation allemande. Ces Accords ont été signés dans le Mount Washington Hotel de la ville américaine de Bretton Woods dans le New Hampshire. A cette époque la domination intellectuelle, militaire, industrielle, économique et financière des Etats-Unis, était immense et sans conteste. Ces banques sont destinées à aider, en premier lieu, les pays européens à se relever rapidement des destructions causées par la guerre qui va se terminer et pour pouvoir faire face le plus rapidement à la puissance de l’URSS.

Mais, à l’Est, les armées soviétiques avancent rapidement sur Berlin. Elles ne se trouvent qu’à 150 km. A l’Ouest les forces américaines piétinent dans les Ardennes. Les Américains, ne perdent pas de vue, son objectif d’arriver à Tokyo avant les Russes. Il faut donc terminer rapidement la guerre en Europe. Il faut donc signer les Accords de Yalta le 4 février 1945. Sur le chemin de retour, le Président des USA, Roosevelt s’arrête en Arabie Saoudite pour s’assurer de l'approvisionnement en pétrole.

Après Yalta, les Etats-Unis peuvent concentrer le maximum de leurs forces pour battre les Japonais et pour arriver à Tokyo avant les Russes. Le 19 février 1945, les forces américaines finissent par prendre possession de l’île japonaise d’Iwo Jima, après des batailles féroces et avec de lourdes pertes. D’Iwo Jima, l’aviation américaine peut bombarder Tokyo le 9 mars 1945 et les jours suivants.

En Europe, après la capitulation allemande, le 17 juillet 1945 est signé la délimitation des zones d’occupations et les lignes de démarcation entre les Alliées occidentales d’une part et les Soviétiques. Les armées soviétiques, peuvent maintenant concentrer leurs forces en Asie de l'Est.

Devant cette situation inquiétante, pour obtenir une rapide capitulation japonaise, l’aviation américaine, le 6 août lâche une première bombe atomique sur Hiroshima. Le 8 août l’URSS déclare la guerre au Japon. Les armées soviétiques avancent rapidement vers la Corée, passage obligé pour débarquer au Japon. Le 9 août 1945, les USA lâchent une deuxième bombe atomique sur Nagasaki. C’est leur deuxième et dernière bombe atomique. Les Japonais et le monde, surtout Staline l’ignoraient. Ces deux bombes atomiques ont impressionné le monde. Notons que les Etats-Unis lâcheront sur le Cambodge un tonnage de bombes supérieur à celui utilisé durant la deuxième guerre mondiale, y compris les équivalents explosifs usuels des deux bombes atomiques ; sans tenir compte des bombardements en produits chimiques (« Harvest of Death” par J.B. Neilands, GH Orians, E.W. Pfeiffer, Alje Vennema, Arthur H. Westing, ed. The Free Press, New York 1972. Maintenant il est possible de faire une enquête plus approfondie sur cette question sur des documents officiels américains maintenant accessibles aux chercheurs. Sasha Sher vient de le faire en ce qui concerne les bombardements classiques).
15 août 1945 : Allocution radiodiffusée de l’empereur Hirohito annonçant la capitulation japonaise. Le 2 septembre le général US Mac Arthur reçoit la capitulation sans condition du Japon, signée par Hirohito lui-même.

Il était temps, les Russes arrivaient déjà en Corée. Les Forces américaines n’ont pu conquérir que la moitié sud de la Corée.

Le Japon n’a jamais demandé aux Etats-Unis des réparations au sujet de ces deux bombardements atomiques. De leur côté les Etats-Unis n’ont jamais organisé un tribunal pour juger les responsables japonais concernant les crimes de guerre et les crimes contre l’Humanité.

Au contraire, les Etats-Unis ont aidé le Japon à devenir rapidement la deuxième puissance économique et technologique du monde. La Corée du Sud aussi a obtenu des aides américaines pour réparer les dégâts causés par la guerre puis pour développer rapidement son économie. La Corée du Sud possède actuellement une des économies les plus prospères du monde.

Ce petit résumé de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale est nécessaire pour comprendre l’histoire du Sud-Est Asiatique contemporaine, dont l’histoire du Cambodge.

Notons cependant que les communistes vietnamiens étaient informés en permanence, de l’évolution de la situation mondiale, par les communistes soviétiques et aussi par les communistes chinois. Ils savent donc qu’il existe certaines divergences entre Staline et Mao. Ils sont aussi au courant de l’évolution du rapport des forces entre les armées de Mao et celles de Chang Kai-Chek. Les communistes vietnamiens ont pu ainsi modifier leurs tactiques pour atteindre leurs objectifs stratégiques.

C’est dans ce contexte que sont créées les institutions bancaires mondiales. De nos jours les grandes puissances qui les ont créées détiennent toujours la direction et les capitaux largement majoritaires.

Ainsi depuis leur création, la Banque Mondiale est dirigée par une personnalité américaine nommée par le Président des Etats-Unis pour cinq ans, renouvelable, et le Fonds Monétaire International est dirigé par un représentant d’une des grandes puissances européennes, renouvelable aussi tous les cinq ans.

Ainsi la Banque Mondiale travaille au service des intérêts des Etats-Unis et le Fond Monétaire International travaille au service des intérêts des grandes puissances occidentales et aux grandes puissances européennes en particulier.

La Banque Asiatique de Développement (BAsD) a été créée à l’initiative du Japon en 1966. Les capitaux sont essentiellement japonais. Depuis sa création la BAsD est toujours dirigée par un Japonais. Cette banque travaille donc principalement au service des intérêts du Japon.

Il est donc très important de bien suivre les investissements de ces trois banques, ils reflètent les intérêts fondamentaux, respectivement des Etats-Unis, des grandes puissances européennes et du Japon. Souvent les investissements de ces banques convergent vers les mêmes objectifs. C’est ce qui est le cas pour notre pays.

1/. Les prétendues aides vietnamiennes

Hanoi construit de bonnes routes vers Saigon à nos frontières de l’Est, avec souvent des aides de la BAsD. Puis Hanoi construisent des prolongements sur notre territoire avec des ingénieurs et ouvriers vietnamiens. Hanoi construit aussi le long de ces routes des maisons en dur pour loger le personnel vietnamien. Puis Hanoi construit des écoles au Cambodge à nos frontières de l’Est. Qui sont les élèves dans ces écoles ? Qui sont leurs professeurs ? Dans quelle langue est enseignée dans ces écoles ? Maintenant Hanoi offre à ces écoles 12 ordinateurs. Ces ordinateurs utilisent quelle langue ? Ces ordinateurs utilisent quel réseau internet ?

Maintenant, officiellement, le Vietnam vient construire une grande école pour apprendre la langue vietnamienne aux enfants vietnamiens de Phnom Penh. Pourquoi le Cambodge ne demande-t-il pas la réciprocité : construire des écoles pour apprendre aux Cambodgiens du Kampuchea Krom, la langue cambodgienne de leurs ancêtres depuis plus de mille cinq cents ans ?

2/. Qui se cache derrière société vietnamienne Sokimex ?

La société vietnamienne Sokimex a été créée par les occupants vietnamiens dès le début de leur invasion du Cambodge en 1979. Elle était destinée à piller les richesses du Cambodge aux profits du Vietnam. La Sokimex est donc une société au service des intérêts du Vietnam, à 100 %. Son personnel, à cette époque, était à cent pour cent, vietnamien. Peu de temps avant la signature des Accords de Paris du 23 octobre 1991, le Vietnamien Sok Kong fut nommé président. Puis du personnel cambodgien fut recruté en petit nombre. Maintenant, il y a des Cambodgiens de la Sokimex à la retraite. Ils n’osent rien dire sur ce qui se passe dans la Sokimex et sur sa vraie direction. Craintes pour leur sécurité ? Car d’après nos compatriotes, la police vietnamienne en uniforme cambodgien ou sans uniforme est partout.

Maintenant la Sokimex est un véritable Etat dans l’Etat avec de multiples monopoles et à la tête de nombreuses sociétés extrêmement puissantes. Certaines construisent un peu partout au Cambodge, en particulier des villages de luxe pour riches touristes étrangers à l’Ouest du port de Sihanoukville, avec des plages de sable fin. Dans ces nombreuses constructions, y a-t-il des sociétés, des architectes, des ingénieurs et des techniciens cambodgiens ? Si oui quel est leur pourcentage par rapport aux homologues vietnamiens ? D’après certaines sources la Sokimex est à la tête de plusieurs milliards de US$, sans compter les sommes envoyées au Vietnam. La Sokimex a déjà le quasi-monopole sur l’importation de l’essence achetée au Vietnam. Elle va probablement obtenir sa part de lion dans l’exploitation de nos hydrocarbures. D’après certaine source notre pétrole sera raffiné en Thailande par une société thailandaise et non au Cambodge.

Le directeur Sok Kong de la société vietnamienne Sokimex, vient de déclarer en vietnamien sa fierté d’être Vietnamien. Pourquoi maintenant ? Est-ce parce qu’il est autorisé par Hanoi à le faire ? A quand une déclaration du même genre par Hok Lundy, chef de la police cambodgienne, mais en réalité, vrai mentor de Hun Sen. Avons-nous déjà oublié le limogeage de Chea Sophara sur son ordre à Hun Sen ? Quand Hanoi autorisera-t-il d’autres hautes personnalités vietnamiennes dans la haute administration et dans l’armée cambodgienne, à faire des déclarations comme vient de le faire Sok Kong ? François Ponchaud a déjà mentionné l’importance de la présence des Vietnamiens dans l’armée et l’administration cambodgienne dans son rapport de million de 1990, un an avant la signature des Accords de Paris du 23 octobre 1991.

Hoc Lundy a financé la création d’une université à Svay Rieng ville. Qui enseignent dans cette université ? Quelle langue est-elle utilisée dans cette université ?

Notons qu’après les Accords de Genève de 1954, 5 000 jeunes Cambodgiens sont emmenés à Hanoi. Sur ces 5 000, combien en reviennent-ils, mariés avec des Vietnamiennes. Certains divorcent et épousent des Cambodgiennes. Ils sont rapidement limogés des postes de responsabilité. L’affaire Heng Pov est intéressante sur ce sujet. Heng Pov a épousé une Vietnamienne. Son beau-père est ami de Hoc Lundy et occupe une fonction occulte très importante. Ce qui explique la carrière fulgurante de Heng Pov dans la police de Hoc Lundy. Malheureusement pour Heng Pov, il divorce de sa femme vietnamienne pour épouser une Cambodgienne. C’est inadmissible pour les Vietnamiens.

3/. Projet du Grand Mékong financé principalement par la BAsD.

Nous publions ci-dessous un rapport sur les discussions récentes concernant la Commission du Grand Mékong dont le financement est fourni principalement par la BAsD, donc pour défendre les intérêts du Japon.

Initialement le plan japonais de développement de la région se trouve sur une carte de la page 122 du livre « Japon – Vietnam Histoire d’une Relation sous Influences » par Guy Faure et Laurent Schwab, ed. IRASEC, Paris, Bangkok 2004. Sur cette carte, le projet japonais de 1998 consiste à construire des centrales hydroélectriques au Laos (dominé par Hanoi) et des routes Ouest – Est pour développer les ports vietnamiens de Vinh, Dong Ha, Danang, Dung Kat et Qui Nhon. Ce dernier port est destiné à exporter les richesses de nos provinces du Nord-Est.

En ce qui concerne l’électricité, pour le Japon le Cambodge serait le grand importateur de l’électricité produite chez nos voisins, comme l’indique dans l’article reproduit ci-dessous :

“The Manila-based AsDB initially envisages that Cambodia will be a net electricity importer, but will become an exporter once the country’s full hydropower potential is realised.”

C’est ce qui explique les financements de la BM et de la BAsD pour la construction, au Cambodge, des lignes électriques à haute tension en provenance de la Thailande, du Vietnam et du Laos. Pour le Japon et certaines autres grandes puissances, le Cambodge n’a pas besoin de son indépendance énergétique, en particulier en énergie électrique, même maintenant que nous allons avoir du pétrole et du gaz naturel.

Mais maintenant il y a des possibilités, pour le Cambodge de devenir le grand exportateur en énergie électrique pour nos voisins. Alors on objecte des problèmes d’environnement. Mais avec la raréfaction du pétrole, seule l’énergie engendrée par des centrales hydroélectriques peuvent fournir au Cambodge une énergie durable en attendant notre capacité à gérer des centrales nucléaires.

Pourquoi Hanoi peut-il venir déboiser massivement au Cambodge et exporter au Vietnam du bois évalué à des milliards de US$ ? Pourquoi ne pas s’opposer à la construction au Vietnam d’un barrage hydroélectrique en amont de notre rivière Se San qui empoisonne la vie de nos compatriotes en aval comme l’indique dans l’article ci-dessous ?

Pourquoi aider le Vietnam à venir construire sur nos terres des barrages hydroélectriques puis à vendre l’électricité produite aux Cambodgiens ! Pourquoi permettre au Vietnam de venir polluer au Cambodge et profiter seul les richesses produites ? Les problèmes environnementaux ne sont-ils pas que des faux problèmes pour empêcher les Cambodgiens d’être maîtres chez eux ?

Avec l’énergie nationale à bon marché, donc avec l’élévation du niveau de vie du peuple et de ses connaissances, le Cambodge muni de ces nouvelles richesses et connaissances peuvent facilement régler les problèmes d’environnement. L’expérience montre que seuls les pays développés, avec le développement économique et intellectuel dans le cadre de l’indépendance nationale dans l’intégrité terrestre et maritime, peuvent gérer efficacement les problèmes environnementaux.

Placer les problèmes d’environnement avant l’indépendance nationale c’est essayer de nous imposer de mettre la charrette avant les bœufs. Ce sont les mêmes problèmes au moment de la construction du Grand Barrage d’Assouan en Egypte en 1959. C’est un problème politique et non économique, ni environnemental. Pour certaines grandes puissances, un Cambodge indépendant au point de vue énergétique serait-il contraire à leurs intérêts géostratégiques ?

Conclusion

Les patriotes Cambodgiens sont de plus en plus nombreux et influencent de plus en plus sur les décisions des hommes politiques. Ils pèsent de plus en plus lourds sur certaines grandes décisions d’intérêt national. Rappelons aux Japonais qu’après la Seconde Guerre Mondiale, le Cambodge est le seul pays à renoncer aux dommages de guerre. Le Japon d’alors, pauvre, a exprimé sa profonde gratitude aux Cambodgiens. Les Cambodgiens n’ont pas oublié la misère qui régnait durant l’occupation japonaise du Cambodge. Boun Chan Mol l’a bien décrit dans son livre Kouk Nyaubay, maintenant publié à Phnom Penh. Durant cette époque, les familles paysans n’avaient qu’un seul vêtement. Quand le mari sort, la femme doit rester dans la maison toute nue ! Les Cambodgiens n’avaient pas le droit ni de produire du sel, ni de tisser le coton qu’ils sont obligés de produire. Sous la loi japonaise, les Cambodgiens soupçonnés de vol ont leurs mains couper. De nombreux Cambodgiens ont été déportés jusqu’à Singapour comme travailleurs forcés. Mais de nos jours, le Japon, deuxième économie mondiale a d’autres intérêts géostratégiques. A nous Cambodgiens d’en tenir compte.

Un peuple instruit n’accepte jamais de vivre sous une domination étrangère. Le peuple cambodgien ne peut être instruit que dans sa langue maternelle léguée par nos ancêtres depuis plus de deux millénaires.

080326

KI Media
Friday, March 21, 2008
Bowing to Regional Hydropower Demands
By Andrew Nette - Newsmekong
Phnom Penh, Mar 21 (IPS) - For the Cambodian government, hydropower development represents great economic opportunities. But for non-government organisations (NGOs), and the communities they serve, dams pose severe social and environmental impacts.Like neighbouring Laos in the 1990s, donors, electricity-hungry nations such as Thailand and Vietnam and business interests, particularly from China, are keen to make Cambodia a major generator of hydropower.

Plans for developing Cambodia’s hydropower potential remained on hold due to political instability and the economic crisis that struck the region in the latter part of the last decade. But with the rapid economic growth of countries in the region -- including Cambodia whose GDP growth in 2006 exceeded 10 percent -- hydropower is back on the agenda. As he told a donors’ meeting last year, Cambodia’s Foreign Minister Hor Namhong said that his government wanted Cambodia to be the “battery of South-east Asia”.

A 2003 plan developed by the Ministry of Mines, Minerals and Energy with the support of the Mekong River Commission estimated that Cambodia has the potential to generate 10,000 megawatts of energy for internal use and export. Almost 50 percent of this would come from projects along the mainstream Mekong River running through Cambodia.

“We are not against development or hydropower,” said Ngy San, deputy executive director of the NGO Forum, the umbrella body representing Cambodia’s NGOs. “What we want to do is to ensure poverty reduction and sustainable development, which is also the government’s plan.”

Cambodian and international NGOs are warning that large-scale hydropower development could create serious problems, impacting on some of the country’s most pristine ecosystems and reducing water flow and fisheries with major consequences for the livelihoods of thousands of people.

“We are also working to ensure that Cambodian decision-makers will learn the lesson of other countries in relation to hydropower, and not repeat those mistakes,” said San.


What is different in Cambodia in 2008 is the role of China.Political and economic ties between China and Cambodia have grown enormously over the last decade. China is the nation’s single largest investor, and Chinese state companies, often financed by state-owned financial institutions such as the Chinese Export-Import Bank, are the main players in hydropower dams.

Phnom Penh has identified approximately 14 priority projects of which six are currently under development, all by Chinese companies.

For instance, China’s Sinohydro is building a 145-metre dam on the Kamchay River in Kampot province. This is China’s biggest investment in the country. Another Yunnan-based company is working on the Steung Atai dam.There is no disagreement that Cambodia needs to generate more power. Currently, only 20 percent of the population has access to cheap, reliable sources of electricity, mainly in urban areas. Demand for electricity is estimated to be growing at 20 percent a year.

“It is simple, development needs electricity,” said Touch Seang Tana, an advisor to Cambodia’s Council of Ministers and fisheries expert. “Power is currently very expensive in Cambodia, particularly in regional areas that are the most disadvantaged. The government wants to provide services to the rural communities but this is difficult to do without electricity.”

“The actual number of people impacted negatively (by dams) is small and overall the entire benefit to the nation is significant,” he said. “The government has to balance all these factors.”
“The demand exists, that is true,” agreed San. “The rush to develop our hydropower potential needs very careful study. However, it must include consultation with impacted communities, and comply with all relevant national and international laws.”

“There are some in the government that share our concerns, but they find it difficult to act because they are not the real decision makers,” he added.As is the case with much government policymaking in Cambodia, exactly what the real decision-making process is in relation to hydropower is a major issue for NGOs, who say the process completely lacks transparency.

“The biggest barrier is actually getting to talk with the Cambodian government about what is going on,” said San. “They just treat as us opponents, as people who complain and create problems.”While a plethora of departments and regulatory bodies participate in the process, observers say the agenda appears to be largely set by the Ministry of Industry Mines and Energy, with the direct support of Cambodian Prime Minister Hun Sen.


Donors continue to play an important supporting role, particularly the Asian Development Bank (AsDB) through its Mekong Power Grid Plan. This envisages an interconnected power grid across the region, a plan it has been pushing since the early nineties.The Manila-based AsDB initially envisages that Cambodia will be a net electricity importer, but will become an exporter once the country’s full hydropower potential is realised.

The lack of transparency is accentuated in relation to China. “There is almost no information in the public domain on the financing arrangements for Cambodia’s hydropower projects,” states a report released in January by the U.S.-based International Rivers Network (IRN) and the NGO Forum.

“The lack of information from the Chinese dam builders is very disturbing, they do not consult or share information,” said Seng Bunra, country director for Conservation International in Cambodia.His organisation works in the Cardamom Mountains Protected Forest Area in the south-west of the country. It is one of the largest continuous sections of rainforest left in South-east Asia and home to a number of globally endangered species, including some of the last remaining populations of Asian elephants and Siamese crocodiles.


There are plans to build a number of dams in the protected area, all by Chinese companies.According to critics, the presence of so many potential hydropower projects in protected forest areas illustrates the fact that the laws to safeguard the environment are insufficient to protect affected communities. The situation is particularly serious, notes the report by the NGO Forum and IRN, given that “compared against the already less than admirable environmental and social standards of Western bilateral donors and export credit agencies ... Chinese institutions are noticeably weaker”.

Cambodian and international NGOs are also worried about the impact on fish stocks, water quality and flow, and the relocation of thousands of villagers.As evidence, they point to the 750 Mw Yali Falls dams on the Se San tributary of the Mekong in Vietnam, which began operating in 2001. Local people claim the dam has been responsible for sudden flooding, causing the deaths of residents in Cambodia and the collapse of fish stocks in the northern Cambodian provinces of Stung Treng and Ratanakiri.Although Tana conceded that Se San is now a “dead river in terms of fisheries,” he adds that the dam is in “Vietnam’s territory, so what can we do?”

“The surrounding countries are all doing this and we are getting the impacts,” he continued. “Why should we keep our environment pristine, when our neighbours are doing projects that impact us?”Tana also makes a distinction between development on the tributaries of the Mekong, the impacts of which he believes can be mitigated, and dam-building on the mainstream of the sort widely seen in China and soon to take place in southern Laos, which is far more serious.

One of the projects being examined in Cambodia is the Sambor dam on the mainstream Mekong in central Kratie province. A number of options are being studied, including one that would only block between one-quarter to one fifth of the river and have, according to Tana, only “minimal” impact.

San concedes there are mixed views about dam building among the potential communities that are going to be affected by these.He insists, however, that even one of the core arguments in support of hydropower, that it will generate income from the sale of power, is unproven.

“Is there a real need for electricity in Thailand? Yes. But has the economics been thought through, have any preliminary contracts for power export from Cambodia to Thailand actually been signed? No. We want to see a good economic analysis, including a full cost-benefit analysis before projects go ahead,” San added.

2008-03-22

Cambodge - Preah Vihear - Thailande

Nouvelles du Cambodge N° 0817-F

CAMBODGE-PREAH VIHEAR-THAILANDE

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 20 mars 2008

Forces en présence

Avant de donner notre opinion, sur Preah Vihear, nous essayons d’analyser le rapport des forces en présence.

Du côté Thai :

1/. Le peuple thai est instruit, uni par la langue du primaire jusqu’aux universités, par l’histoire écrite par des historiens Thais et par la prospérité économique.

2/. L’armée, la marine et l’aviation thaies surclassent cent fois nos forces militaires.

3/. Les provinces de l’Ouest du Cambodge, y compris la ville de Siem Reap, sont tributaires de l’électricité thaie. En position de monopole, cette électricité thaie est vendue au Cambodge 50 % plus chère qu’en Thailande.

Du côté Cambodgien :

1/. Le peuple cambodgien reste encore très ignorant. Seulement un peu plus de 50 % de Cambodgiens savent lire et écrire. Nous sommes encore divisés sur l’utilisation de notre langue comme langue véhicule dans les universités. Il n’y a pas encore ni des articles ni des ouvrages de vulgarisation scientifique ou technique.

2/. Notre histoire est encore écrite presque exclusivement par des étrangers. Ces histoires du Cambodge ne sont pas écrites pour nous unir, au contraire.

3/. L’aviation cambodgienne est inexistante. L’armée cambodgienne n’est composée que de généraux et d’officiers dont beaucoup sont des Vietnamiens. Une armée de parade capable seulement de réprimer le peuple.

4/. La marine cambodgienne n’est même capable de protéger efficacement nos eaux territoriales.

5/. Le problème des médias des grandes puissances qui ne sont pas de notre côté comme Kenneth So le dit au sujet de l’utilisation du mot «Yuon » utilisé couramment par les Cambodgiens depuis un millénaire, mais jugé brusquement péjoratif par les médias internationaux. Nous reproduisons ci-dessous les arguments de Kenneth So :

« Reason #2
I believe the misunderstanding on the meaning of the word “Yuon” was caused by foreign advisors to Yasushi Akashi when he was the head of UNTAC in Cambodia. Those so-called foreign experts in Khmer language told Akashi that the word “Yuon” was a derogatory word. This misunderstanding then spread out like a wildfire. Now it is impossible to convince Westerners otherwise. We would have spent too much energy defending the usage of the word “Yuon” and reaching only a small percentage of the western population for our explanation. Do we have to defend our usage of the word “Yuon” every time a Westerner questions our intention? Can our valuable time be put to better use instead ? »


« Reason #4
There are more Westerners and international newspapers and media in the world than in Cambodia. The international newspapers can reach a greater number of audiences in the world than we can. If western newspapers print out in their articles that we are racist because we use the word “Yuon” to label the Vietnamese, it will then reach a very large numbers of readers in the world. It is therefore impossible for us, Khmers, to target that many numbers of readers to counterbalance our view. Additionally, it is very hard to justify our usage of the word “Yuon” or “Chen” to the Westerners when there are acceptable replacements for those words in French or English that are used internationally by every country. »

6/. A l’Est le Vietnam est en train de grignoter nos terres. Il suffit d’aller à la frontière vietnamienne sur la RN 1, à Bavet pour voir comment les Vietnamiens utilisent la porte d’entrée au Cambodge. Ouvrir d’autres portes c’est faciliter l’avance de la vietnamisation sur nos terres. Il faut noter que certaines grandes puissances financent la construction des bonnes routes de Saigon à nos frontières. Alors que les routes de Phnom Penh à nos frontières sont en général très mauvaises. Ci-dessous, Sok Kong le président de la société vietnamienne Sokimex, ne se cache plus il annonce en vietnamien, sa fierté d’être Vietnamien. A quand d’autres Vietnamiens au pouvoir politique, militaire ou économique annonceront qu’ils sont des Vietnamiens ?

de KI Média
« Hun Sen's crony and associate Sok Kong: "I am a Vietnamese. I'm proud of that"
Sok Kong: I am a Vietnamese

20 March 2008
Translated from Vietnamese by Wanna
Originally posted at: http://www.xwanna.com/
Original article in Vietnamese: “Tôi là người Việt Nam!"

May be some people are still skeptical about who is Sok Kong ? Now, believe me and believe him (Sok Kong)! Oknha Sok Kong said...

Tôi sinh ra ở Prey Veng. Ba mẹ tôi là người VN, tôi được sinh ra ở CPC. Năm 1975 sang VN làm ruộng ở Đồng Tháp. Lúc đó tôi 23 tuổi. Năm 1979 tôi trở lại CPC.
Translation: I was born in Prey Veng. My parents are Vietnamese, I was born in Cambodia. In 1975, I backed to VN and do farming at Don Thap province. I was then 23. In 1979, I returned to Cambodia.

Tôi giàu con lắm, có đến sáu đứa: ba trai, ba gái. Con trai đầu làm việc ở TP.HCM, con trai thứ hai quản lý khách sạn và xí nghiệp may số 1, con trai thứ ba quản lý xí nghiệp may 2, ba đứa con gái còn đi học ở Úc.
Translation: I have many children, including 6: 3 sons, 3 daughters. My eldest son works at HCM (Ho Chi Minh) city; My second son is a manager of a hotel and garment factory Number 01; My third son is a manager of garment factory Number 02; My three daughters are all studying in Australia.

Trước đây vì một số lý do tôi không muốn ai biết mình là người VN. Còn bây giờ thì không. Tôi là người VN. Tôi vinh dự về điều đó!
Translation: In the past, from some reasons, I don't want anyone to know that I am a Vietnamese. Now, it's NOT. I am a Vietnamese. I'm proud of that.

7/. Notre seule force réside donc dans notre seule unité et dans la lutte. Pour le moment notre force sur le plan international réside fondamentalement sur l’opinion publique cambodgienne, en particulier celle de nos intellectuels. Cette opinion reste encore très divisée comme nous allons le voir dans ce qui suit. Mais quand cette opinion arrive par fois à s’unir, elle devient une force. C’est le cas par exemple pour défendre Preah Vihear.

Les négociations au sujet de Preah Vihear

Récemment la Thailande reconnaît officiellement que Preah Vihear nous appartient conformément aux décisions du Tribunal International de la Haye et à l’ensemble de la volonté exprimée du peuple cambodgien, en particulier des intellectuels. Ce qui montre que l’opinion populaire et en particulier celle des hommes politiques et des intellectuels, est une force. Mais quelles sont les concessions de la part des Cambodgiens ?

1/. Le terrain autour du monument de Preah Vihear appartient au Cambodge et à la Thailande. Selon le principe imposé par le plus fort : « Ce qui est à moi est à moi dit la Thailande. Mais ce qui est à toi on va le partager. En attendant le moment favorable pour se l’approprier totalement.

2/. Interdiction au Cambodge de construire des routes asphaltées de Phnom Penh à Preah Vihear et d’Angkor à Preah Vihear. Chea Sophara a essayé d’en construire une, a été limogé le 11 février 2003, sur ordre de Hoc Lundy et remplacé par le maire actuel de Phnom Penh Kep Chuktema. De nos jours, avec une bonne voiture 4X4 tout terrain, il faut une journée pour l’aller et une autre pour le retour. Ceux qui l’ont essayé qualifient cette route de hellish ou de dancing selon l’humeur des voyageurs. Ce qui fait que seule la Thailande peut exploiter le tourisme à Preah Vihear. C’est comme la Thailande qui vient occuper notre maison. Sur pression de notre opinion publique, la Thailande accepte de déclarer publiquement que le monument Preah Vihear appartient au Cambodge. Mais pour le moment c’est la Thailande qui l’occupe et l’exploite à sa guise. Un groupe de Cambodgiens, qui a bravé la route infernale, avec une bonne voiture tout terrain a pu constater que même en venant du Cambodge, il faut payer en bath pour pouvoir visiter « notre » monument Preah Vihear. Ils ont renoncé à payer et ont rebroussé le chemin. Mais ils ont pu constater la misère de nos compatriotes qui sont obligés de vivre à côté de la prospérité thailandaise. D’après le projet de Chea Sophara, en plus d’une bonne route asphaltée pour atteindre Preah Vihear du côté Cambodgien, il y était prévu de construire un téléphérique pour les personnes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas atteindre Preah Vihear par l’escalier. Il est nécessaire aussi de construire de bonnes routes pour désenclaver toute cette région Nord du Cambodge aussi bien pour le tourisme que pour le développement économique de cette région frontalière. C’est la solution la plus importante pour défendre nos frontières.

Aux dernières nouvelles, il semble que la construction d’une bonne route pour aller à Preah Vihear est d’actualité. Enfin ! Mais dans combien de temps ?

3/. L’important monument angkorien Ta Mean est maintenant occupé militairement par l’armée thaie et est un site touristique du côté thai. La Thailande prétend unilatéralement que les cartes françaises et cambodgiennes s’étaient trompées en plaçant Ta Mean du côté cambodgien. La raison du plus fort est toujours la meilleure dit le proverbe.

4/. Interdiction de construire une route asphaltée de Sisophon à Siem Reap Ville, pour que la compagnie aérienne Thai Airway puisse garder le monopole de la liaison Bangkok – Siem Reap Ville et pratiquer le tarif exorbitant que l’on sait.

5/. En août 1997, soit un mois après le coup d’Etat du 5 juillet 1997, le Vietnam et la Thailande s’entendent pour se partager plus de la moitié de notre plateau continental et signent un traité. D’après ce traité, le Vietnam occupe notre île de Way. Maintenant la compagnie américaine Chevron trouve des réserves en pétrole et en gaz naturel sous notre plateau continental, dont une partie revendiquée par la Thailande au nom du traité signé ci-dessus. Donc la Thailande dit de nouveau : « Ce qui est à toi on va le partager ». C’est ce qui vient d’être signé par le pouvoir, installé par Hanoi depuis janvier 1979.

6/. La Thailande veut construire une très grande centrale électrique alimentée au charbon ou plus exactement en lignite, un combustible dix fois plus polluant que le charbon. Cette usine était refusée par le peuple thai. Alors le pouvoir actuel, courbe la tête et accepte la réalisation de ce projet, avec, donc, en prime une superpollution, inacceptable et refusée par le peuple thai. Il faut préciser que l’électricité produite sera utilisée, en priorité en Thailande et vendue aux Cambodgiens 50 % plus chère. Non seulement la pollution est pour les Cambodgiens et en plus le peuple cambodgien est obligé de payer cette électricité 50 % plus chère qu’en Thailande. En plus cette dépendance en énergie électrique, ne devient-elle pas un moyen énorme de pression politique inacceptable pour tout pouvoir qui défend les intérêts nationaux ? Pourquoi certaines grandes puissances préfèrent-elles financer la construction des lignes électriques à haute tension pour alimenter, en électricité payée 50 % plus chère, notre pays ? A l’Est en provenance du Vietnam et à l’Ouest en provenance de la Thailande ?

7/. Maintenant que notre pays va produire bientôt du pétrole et du gaz naturel. Il est inadmissible que le pouvoir à Phnom Penh n’ait pas encore de projets pour construire une raffinerie de pétrole et des centrales électriques alimentée par notre gaz et le mazout produit par notre raffinerie. Pourquoi continuer à payer 50 % plus cher qu’au Vietnam, les produits pétroliers comme l’essence par exemple ? Est-ce aussi une autre condition pour la reconnaissance que Preah Vihear appartient au Cambodge ?

8/. Le Vietnam, au nom du traité d’août 1997, ne va-t-il pas, aussi, exiger le partage de nos richesses en hydrocarbures sous notre plateau continental, mais revendiqués aussi par Hanoi ? Comme vient de l’obtenir la Thailande ? N’est-ce pas toujours : « Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi on va le partager » ?

Conclusion

Dans toute négociation avec le Vietnam et la Thailande, le pouvoir actuel installé par Hanoi depuis janvier 1979 et avec la complicité de certaines grandes puissances, se place dans une position de faiblesse. On dit qu’il y a développement économique au Cambodge, mais la très majorité des Cambodgiens vivent encore dans l’ignorance, la maladie et la misère. On parle de l’augmentation de notre commerce avec nos voisins. Mais on ne dit jamais quel est le bilan de ce commerce. Combien se montrent nos exportations vers nos voisins ? Qu’est ce que nous leur vendons et leur valeur ? Qu’est ce que nous leur achetons et leur valeur ? Notre économie basée uniquement sur le tourisme et l’industrie textile est extrêmement vulnérable.

Notre seule force repose sur l’opinion publique, comme nous venons de le voir au sujet de Preah Vihear et peut-être de la construction d’une bonne route pour atteindre facilement Preah Vihear du côté cambodgien. Pourquoi ce silence assourdissant sur les nombreux sujets que nous venons d’aborder ? Ne sentons-nous pas que nos sœurs, frères et compatriotes de Thailande et du Kampuchea Krom comptent sur notre combat pour pouvoir préserver leur identité culturelle basée sur notre écriture ? La génération actuelle ne se sent-elle pas responsable de l’avenir de nos enfants ?

This article is available into english upon request :
http://khemarajati.blogspot.com/2008/03/cambodia-preah-vihear-thailande.html

2008-03-13

La lutte pour l'indépendance nationale du Cambodge

Nouvelles du Cambodge N° 0816

La leçon du massacre actuel des Hmongs

LA LUTTE POUR L'INDÉPENDANCE NATIONALE DU CAMBODGE et Les intérêts géostratégiques des grandes puissances

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 10 mars 2008

Introduction

De nos jours la presque totalité de nos compatriotes où qu’ils se trouvent se rendent comptent que le danger principal vient du Vietnam. Tous cherchent les moyens pour nous unir, face au danger de la disparition de notre pays. Un appel à l’union suffit-il à nous unir ? Pouvons-nous faire confiance à une grande puissance ? Nous citons ci-dessous le cas des Hmongs sans oublier les amères expériences de nos sœurs et frères du Kampuchea Krom expropriés et décimés durant la période coloniale, de nouveau massacrés par les communistes vietnamiens pour avoir combattu avec les Américains. Ceux qui s’étaient battus avec les communistes vietnamiens contre les Américains subissent aussi le même sort. Signalons aussi la mort de Song Ngoc Thanh, de Sarin Chhak et de sa femme dans les goulags de Hanoi : ils ont le tort d’être des patriotes.

Lors de la guerre des Français contre les communistes vietnamiens, certains Français disent que dans le camp retranché de Dien Bien Phu il y avait un bataillon de Khmers Krom. Ils ont été tous liquidés par les communistes vietnamiens. Pour le vérifier, il faudrait pouvoir avoir accès aux archives de l’armée française. En ce qui concerne ceux qui se sont battus avec les Américains, il y a le témoignage d’un livre écrit par Peter Scott dans « Lost Crusade America’s Secret Cambodian Mercenaries », Naval Institute Press, Annapolis, Maryland, 1998. Malheureusement l’auteur qualifie les patriotes cambodgiens de « mercenaires », alors que dans le livre, il dit que les patriotes du Kampuchea Krom se battaient contre les communistes vietnamiens en croyant que les Etats-Unis étaient venus pour les aider à se débarrasser de l’oppression vietnamienne. Rappelons aussi, la même amère expérience en 1859 lors de l’arrivée des Français en Cochinchine. Le Roi Ang Duong a envoyé une armée commandée par Le général Kaep pour aider le corps expéditionnaire français à lutter contre les Vietnamiens. Mak Phoeun a montré qu’une partie importante de ce qui deviendra la Cochinchine était administrée par la cour d'Oudong. Durant la période coloniale, les Cambodgiens du Cambodge même, ont aussi connu une politique de vietnamisation décrite dans la thèse de Khy Phanra dont nous utiliserons de larges extraits dans nos prochains articles.

Chercher à nous unir est une affaire sérieuse de longue durée, d’ordre stratégique. Pour nous unir, il faut développer les facteurs qui étaient à la base de la formation des nations développées ou des nations en train de se développer comme le Vietnam et la Thailande ou la Malaisie par exemple. Il faut donc étudier leur histoire depuis au moins deux ou trois siècles.

Il faut savoir aussi que les premières nations ont été formées en Europe dont les plus anciennes sont la Grande Bretagne et la France. En ce qui concerne le Vietnam, il y a le livre « Histoire de l’Indochine, la Perle de l’Empire 1624 – 1954 » par Philippe Héduy, édition Albin Michel. Le titre seul montre que, pour l'auteur, l’Indochine c’est le Vietnam. Mais ce livre est intéressant. Il montre les aides françaises au Vietnam depuis des siècles. En particulier les aides pour former et armer les Annamites, qui ont permis Gia Long de vaincre la révolte des Tai Son et de régner sur l'Annam. C'est cette armée entraînée et armée à la française qui a attaqué et conquis le Cambodge en 1835. C'est en se battant victorieusement que les Cambodgiens, armés principalement d'armes blanches, sous la direction d'Ang Duong, ont pu chasser les troupes annamites du Cambodge en 1846. Héduy rappelle aussi que lors de la conquête du Tonkin, le corps expéditionnaire français avait en face d’elle des troupes chinoises et non annamites. Finalement les Français étaient obligés de mener une véritable guerre territoriale et navale contre la Chine, occupant le port de Ningpo et les îles chinoises Pescadores. Finalement la Chine était obligée de signer le Traité de Tianjin par lequel, la Chine renonce à sa souveraineté sur le Tonkin et l’Annam. Naturellement les histoires du Vietnam, écrites par les Vietnamiens, minimisent ces aides et interventions françaises.

Un autre livre ; « Indochine Alerte à l’Histoire », ouvrage collectif publié par Institut de l’Asie du Sud-Est, 269 rue Saint-Jacques, Paris 1985, les aides françaises, surtout durant la période coloniale, sont encore plus explicites. D’abord comme beaucoup de Français, l’Indochine c’est le Vietnam. Page 87, dans le chapitre : « De la Décolonisation Chinoise à la Colonisation Vietnamienne (de l’Indochine) », nous relevons :

« Ce processus de la « décolonisation chinoise » a permis aux Vietnamiens d’exercer leur emprise d’abord à l’intérieur de leurs frontières sur les minorités ethniques et puis au-delà de cette frontière sur le Laos et le Cambodge ».

Mais l’auteur ne précise pas que cette emprise sur le Cambodge se faisait avec les aides en tout genre des autorités coloniales comme l’a si bien précisé Louis Malleret.

Confondre le Vietnam avec l'Indochine est courant dans les livres d'histoire écrits par des Français. En ce qui concerne la vietnamisation de la Cochinchine, Il y a la Conférence de Louis Malleret en 1946 dont notre lecteur peut lire en intégralité dans notre site : http://khemara-jati.blogspot.com/2008/03/la-minorit-cambodgienne-de-cochinchine.html.

La vietnamisation du Cambodge est décrite avec beaucoup de détails dans la thèse de Khy Phanra « La Communauté Vietnamienne au Cambodge à l’Epoque du Protectorat Français (1863 – 1953) », Université Paris III, 1974. Le contenu de cette thèse est le maximum acceptable par un jury français. Il y a beaucoup d’informations importantes dans les notes. Malheureusement, l’auteur refuse toujours d’imprimer sa thèse.

Enfin il y a le livre de Benedict Anderson, concernant la formation des nations : « L’Imaginaire National. Réflexions sur l’Origine et l’Essor du Nationalisme » (Édition La Découverte). Dans ce livre Benedict Anderson indique comment le pouvoir colonial a imposé l'utilisation de la langue vietnamienne romanisée pour couper culturellement les Vietnamiens des Chinois.

Malheureusement, en ce qu concerne notre pays, comme dans presque tous les livres écrits par des étrangers, Benedict Anderson est très mal informé sur le Cambodge. Il n'a pas, probablement, pris connaissance de la Conférence de Louis Malleret.

1 / La première base de l’unité d’une nation est sa langue nationale.
Rappelons que les historiens français sont unanimes pour dire que le début de la formation de l’unité nationale française date du décret de François 1er de Villers-Cotterêts en 1539 imposant l’utilisation du français dans l’administration. Aux Etats-Unis, la première décision après la Déclaration de l’Indépendance, a été l’adoption de la langue nationale qui est l’anglais puis la création rapide des universités utilisant l’anglais en plus des universités déjà existantes.

Comment un peuple peut-il s’unir, s’il n’y a pas d’abord un accord pour parler la même langue à tous les niveaux de la société ? Une langue qui n’est pas en mesure de diffuser des vulgarisations scientifiques même les plus pointues peut-elle remplir cette fonction ? Pourquoi nos universités utilisent-elles des langues étrangères comme en Afrique saharienne ? Il faut donc que l’ensemble du peuple à tous les niveaux, s’exprime avec la même langue et placer notre langue au-dessus de toutes les autres langues, sans pour autant négliger l’apprentissage d’autres langues étrangères, en particulier à l’université. C’est le cas dans tous les pays développés du monde et aussi au Vietnam et en Thailande.

2 / Deuxième facteur fondamental d’union est notre histoire.
Non pas des prétendues « histoires du Cambodge » écrites par des étrangers qui nous divisent, mais une « Histoire du Cambodge » qui nous unit et qui nous rend fier de notre passé. Une « Histoire du Cambodge » qui tient compte de l’économie, des confrontations des écrits avec les résultats des fouilles archéologiques au Cambodge, aussi chez nos voisins et dans le monde. Il est nécessaire aussi de placer l’histoire de notre pays dans l’histoire du monde, en particulier à partir de l’arrivée des Portugais à Malacca en 1511, suivie peu après des autres Européens. Faut-il rappeler que l’Europe a bâti les premières nations dans l’histoire ? L’énumération des apports européens dans la civilisation mondiale est très longue. Nous le ferons une autre fois. Il faut donc tenir compte de ces apports au Vietnam et en Thailande, pays qui comporte des ports accessibles aux premiers bateaux européens.

Sans attendre, nous fournissons un témoignage sur la prétendue vassalisation du Cambodge vis-à-vis de la cour de Huê, car à l'époque un Vietnam ayant les frontières actuelles n’existait pas :

« Le Cambodge est bien jusqu’à un certain point tributaire de Siam, mais nullement de l’Annam. »

Dans « Voyages dans les Royaumes de Siam de Cambodge et de Laos » par Henri Mouhot, Ed. Olizane, Genève 1989, première éd. 1868, voyage au Cambodge en 1860, c’est-à-dire avant le traité du Protectorat de 1863.

De nos jours, le sentiment national se traduit par des appels à acheter cambodgien et à boycotter les entreprises et produits vietnamiens. C’est un commencement important. Car il faut savoir que sur le marché il y a déjà des produits spécifiquement cambodgiens en bocal, comme par exemple notre « Prahok national », made in Vietnam. On nous dit qu’en France, un de nos compatriotes a voulu acheter une paire de chaussures de grande marque, qui lui plaisait. Mais, finalement il refuse de l’acheter parce que made in Vietnam. Dans la construction et autres travaux techniques, les Cambodgiens ont de plus en plus recours aux entreprises et aux techniciens cambodgiens. Nous rappelons que les Hôpitaux Kantha Bopha du Docteur Suisse Beat Richner, le personnel soignant est à 100 % cambodgien. Ces Hôpitaux soignent gratuitement tous les enfants cambodgiens. Richner disait au personnel de ces Hôpitaux « Si vous Cambodgiens, vous n’aimez pas les enfants Cambodgiens, qui les aimerait ? ». Il faut noter que ces Hôpitaux sont réputés pour avoir la propreté suisse et utilisent les médicaments de même qualité qu’en Suisse. Richner négociait lui-même avec les laboratoires pharmaceutiques sans passer par la société vietnamienne Sokimex. La Sokimex a le monopole de l’importation des médicaments entreposés à Prey Nokor. Dans ces Hôpitaux il y a zéro corruption. Ce qui fait que Richner a pu les entretenir avec un financement minimal. Le fonctionnement exemplaire de ces Hôpitaux ne montre-t-elle pas les grandes qualités et capacités des Cambodgiens ?

Au Cambodge, nos universités sont gérées par des étrangers qui utilisent des langues étrangères. Ce qui fait que nous ne formons qu’un très petit nombre d’intellectuels. Les plus doués émigrent vers les pays étrangers. Notre pays possède le nombre le plus bas d’alphabètes de l’Asie du Sud-Est : aux environs de 50 % contre plus de 90 % dans les autres pays.

Profitant de l’ignorance de notre peuple, les Vietnamiens s’enrichissent avec la sueur et le sang de nos compatriotes, comme durant la période coloniale. Avec ces montagnes de dollars ils viennent investir au Cambodge pour s’enrichir encore plus. Pendant ce temps nos compatriotes s’entretuent par la spéculation foncière et les casinos. Au Cambodge il n’y a que des usines qui n’utilisent que les forces musculaires, donc sans avenir. A quand une raffinerie de pétrole ? Des centrales électriques utilisant notre pétrole et notre gaz naturel ? Des usines de montage des motos ? Des usines de fabrication des objets informatiques ? Des laboratoires de recherche en tout genre ? Etc. ?

En résumé, les étrangers viennent accaparer nos richesses, les Cambodgiens continuent à vivre dans l’ignorance, la maladie et la misère.

Nous diffusons ci-dessous un article sur le sort des Hmongs de nos jours au Laos. En lisant cet article nous pensons au sort de nos sœurs et frères du Kampuchea Krom qui s’étaient battus héroïquement depuis des siècles contre l’envahisseur vietnamien. Puis au moment de l’arrivée des Français en 1859, en coopération avec une armée envoyée par le Roi Ang Duong, ils avaient aidé le corps expéditionnaire français à pacifier le Kampuchea Krom. Mais rapidement les Français ont changé de politique :

Alain Forest : « Le Cambodge et la Colonisation Française (1897 – 1920) »
Ed. L’Harmattan, Paris 1980 page 434 :

Note 2 : « C’est ce qui s’est passé dans la province de Soc Trang en partie rattachée, depuis 1840 seulement, à l’empire d’Annam où, pour réprimer l’hostilité des Vietnamiens, les Français remplacèrent partout les chefs et sous-chef de cantons vietnamiens par des fonctionnaires cambodgiens. Une fois la paix revenue, la province sera réorganisée à la vietnamienne et le pouvoir local rendu aux Vietnamiens. » Lire « Les provinces de Cochinchine : Soc Trang », Revue Indochinoise, 30 octobre 1907, N° 68 pp. 1489-1496.

Il faut ajouter que ce changement s’était accompagné de terribles vengeances ignorées volontairement par les historiens étrangers. Plus d’un demi-siècle plus tard, Louis Malleret (1) en 1946, nous laisse un témoignage très important sur la manière dont le pouvoir colonial favorise la vietnamisation du Kampuchea Krom en favorisant l’enseignement de la langue vietnamienne aux dépens de la langue cambodgienne. Les Vietnamiens plus instruits et occupant des fonctions importantes dans l’administration coloniale, ont pu aisément accaparer les terres et biens appartenant aux Cambodgiens. Certains témoignages nous font penser que les Cambodgiens étaient majoritaires en Cochinchine au moment de l’arrivée des Français. Nous les citerons quand nous aborderons les points fondamentaux de notre histoire. Il faut noter aussi qu’avant l’arrivée des Européens, il n’y avait pas de frontières linéaires entre les deux pays. Dans des cartes anciennes tracées par le pouvoir colonial lui-même, la Cochinchine était loin d’avoir les frontières de 1950. Sarin Chhak n’a indiqué que les agrandissements de la Cochinchine après les années 1920. Pour connaître ce qui se passait avant, il faudrait pouvoir consulter les archives militaires françaises. Est-ce possible ? Mais en lisant attentivement certains documents déjà publiés, surtout avant le XXè siècle, nous pouvons avoir certaines idées sur ces agrandissements de la Cochinchine aux dépens du Cambodge. A l’arrivée des Français notre pays est réduit à l’ignorance et à jouer le rôle d’arrière pays pour le port de Prey Nokor. C’est ce qui est en train de se réaliser de nouveau dans certains projets de certaines grandes puissances.

Il faut donc suivre de près les évolutions des intérêts géostratégiques des grandes puissances. Il faut aussi être en mesure de savoir adapter notre stratégie en fonction de ces changements.

3 / Ci-dessous nous relevons deux virages à 180° de la politique américaine depuis 1970.

A / Premier virage à 180° de la politique américaine :

Au début des années 1970, devant la monté en puissance de l’URSS de l’ère Brejnev, et pour mettre fin à la guerre du Vietnam, le Président des Etats-Unis Nixon se trouve obliger de rechercher l’alliance avec la Chine en pleine Révolution Culturelle. Ce changement de stratégie est marqué par la poignée de main Mao - Nixon à Pékin le 21 février 1972. Mais peu avant, le 14 avril 1971, les Etats-Unis annoncent la levée de l’embargo commercial contre la Chine. Le 25 octobre 1971 la Chine est admise à l’ONU et devient de ce fait membre permanent de son Conseil de Sécurité, avec l’exclusion de Taiwan. C’est un virage à 180° de la politique américaine pratiquée depuis le début de la Guerre de Corée le 25 juin 1950. Rappelons que cette guerre a été déclenchée par la Corée du Nord sur les instigations de l’URSS dans, justement, le but d’isoler la Chine sur son flanc Est par le blocus des Etats-Unis.

Le Japon sait que ce changement n’est pas pour plaire à Hanoi. Le Japon est d’autre part l’allié le plus important des Etats-Unis face à la Chine depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Il faut donc préparer à jouer la carte : Vietnam contre la Chine.

« Le soir du 8 février 1972, un avion de la compagnie de surveillance de l’ONU, parti de Vientiane, au Laos, se posa à Hanoi. Il avait à son bord, Miyake Wasuke, directeur du premier service d’Asie du Sud-Est au ministère japonais des Affaires étrangères (le gendre du ministre des Affaires étrangères), et son second Inoue Kichinosuke. A cette époque, Tokyo reconnaissait le gouvernement sud-vietnamien (République du Viêt-Nam) et n’avait pas de relation diplomatique avec la République démocratique (Viêt Nam du Nord). Miyake et Inoue, qui était en charge du Vietnam au ministère, venaient donc secrètement dans une capitale ennemie. Leur mission était non officielle, mais ils agissaient sur les instructions des plus hauts dirigeants : le Premier ministre Satô Eisaku, le ministre des Affaires étrangères Fukuda Takeo et son vice-ministre administratif, Hogan Shinsaku. Le gouvernement japonais voyait venir la fin du conflit vietnamien, et une décision politique avait été prise sur la nécessité d’établir rapidement des relations amicales avec Hanoi. Telle était la mission du tandem Miyake-Inoue »…

« Avec le contexte nouveau qui s’annonce à l’approche de la fin du conflit, les autorités japonaises considèrent qu’il devient urgent d’établir de bonnes relations avec le Viêt Nam du Nord évident « leader des trois pays indochinois (Viêt Nam, Laos, Cambodge) », région indispensable à la prospérité et à la stabilité de l’Asie de l’Est et du Sud-Est »


Extrait de l’article : « La diplomatie japonaise et le Vietnam (1972-1998) », dans la Revue d’Etudes internationales, n° 1, mars 1999, p. 85-86. Cité dans le livre « Japon – Viêt Nam Histoire d’une relation sous influence » (2) par Guy Faure, Laurent Schwab, p. 56 Ed. IRASEC Paris et Bangkok, 2004. Ce livre très intéressant est encore en vente dans Amazon.

B / Deuxième virage à 180° de la politique américaine :

La poignée de main Nixon – Mao a facilité la signature des Accords de Paris entre Hanoi et Washington du 27 janvier 1973. Ces Accords ont permis le retrait de toutes les forces américaines du Vietnam.

Mais la situation mondiale, après la mort de Brejnev le 10 novembre 1982, évolue rapidement en faveur des Etats-Unis ;

§ 26 février – 6 mars 1986, au cours du XXVIè Congrès du Parti Communiste de l’URSS, Gorbatchev dénonce la faillite économique de l’ère Brejnev et insiste sur la nécessité de réformer en profondeur l’économie soviétique.
§ 15 - 18 décembre 1986, lors de son VIè Congrès le Parti Communiste du Vietnam, ses dirigeants savent qu’ils ne peuvent plus compter sur les aides soviétiques et autres pays communistes européens. Il faut donc changer de stratégie dans la politique de transformer le Cambodge en province vietnamienne. D’où la politique de division du Gouvernement de Coalition Tripartite du Cambodge, avec l’annonce du retrait unilatérale des troupes vietnamiennes du Cambodge avant la fin de 1989.
§ 2 décembre 1987 : première rencontre Sihanouk – Hun Sen à Fère-en-Tardenois, en France, organisée par le Président Mitterrand.
§ 9 novembre 1989 : chute du Mur de Berlin.
§ 18 juillet 1990 : Le Secrétaire d’Etat James Baker, de retour de Moscou, ayant constaté la fin de la puissance soviétique, déclare : « The United-States withdrew its support from Cambodian guerilla coalition »
§ 5 septembre 1990 (soit un an avant la signature des Accords de Paris du 23 octobre 1991) : Le Secrétaire d’État James Baker annonce que les Etats-Unis discuteront désormais directement avec l’État du Cambodge (c’est-à-dire avec Hun Sen) ; Hanoi est satisfait de la décision américaine. (2)

Ainsi avec la fin de l’URSS, pour les USA, l’ennemie principale est la Chine. Le Vietnam redevient le pays important pour contenir la Chine par le Sud, et par l’Est : la Corée du Sud, le Japon et Taiwan. Mais le blocus de la Chine comme avant le 14 avril 1971 n’est plus possible. La Chine a profité de l’ouverture vers le monde extérieur pour lancer les « Quatre modernisations lancées par Zhou Enlai peu avant sa mort en 1976 et appliquées par son dauphin Deng Xiaoping avec le succès que l’on sait. Alors le terrain préparé par le Japon au Vietnam devient une priorité pour Washington. Alors les sorts des Hmongs et des Cambodgiens du Kampuchea Krom ne sont plus que des « Tragédies sans Importances ».

A nous de tirer les leçons. Se battre aveuglément sous la direction d’une ou de plusieurs grandes puissances n’est-il pas une façon de confier notre sort à une sorte de loterie dont nous ne sommes pas maître ?

Notes :

(1) Conférence d'information, faite à Saigon, le 17 décembre 1945, sous le patronage du Bureau des Affaires Culturelles du Service Fédéral de l'Instruction Publique, pour les officiers et fonctionnaires du Corps Expéditionnaire de l'Indochine. Publiée dans « Bulletin de la Société des Études Indochinoises » Tome XXI 1er semestre 1946 ».

(2) Ce livre nous livre des informations très intéressantes. Par exemple :

a / Page XIV « 5 septembre 1990 (soit un an avant la signature des Accords de Paris du 23 octobre 1991) : Le Secrétaire d’État James Baker annonce que les Etats-Unis discuteront désormais directement avec l’État du Cambodge (c’est-à-dire avec Hun Sen) ; Hanoi est satisfait de la décision américaine. » Ces relations directes de Washington avec Hun Sen sont confirmées dans le très intéressant « Compte Rendu de Mission au Cambodge, du 16 au 27 septembre 1990 » par le Père François Ponchaud. Lire le texte de ce Rapport en entier dans ……….

b / Ce livre donne aussi un résumé très court des intérêts géostratégiques de la France en venant en Indochine au milieu du XIXè siècle et aussi des relations des intellectuels vietnamiens avec le Japon vers cette même période.

c / Ce livre montre également que les aides japonaises ont un caractère stratégique pour développer le plus rapidement le Vietnam à tous les points de vue d’une manière coordonnée. Maintenant les Etats-Unis viennent appuyer puissamment le Japon dans l’installation des industries de pointe.

d / Page 122, il y a une carte montrant « Les projets routiers prioritaires dans la région du Grand Mékong » proposée par le Japon. Ce projet montre que la priorité japonaise est le développement des ports vietnamiens pour le commerce des régions situées à l’Ouest. Du Nord au Sud :

La R2 (N) au profit du port de Vinh
La R2 (C) au profit du port de Dong Ha
La R2 (S) au profit du port de Da Nang
La R9 de Stung Treng au profit du port de Qui Nhon. Cette route est donc destinée à exploiter les richesses engendrées par le « Projet Triangulaire » Laos – Cambodge – Vietnam. L’énergie électrique sera fournie par les deux barrages hydroélectriques que vont construire les sociétés vietnamiennes.
La R1 au profit du port de Prey Nokor pour faire du Cambodge un arrière pays de ce port, comme durant la période coloniale. D’ailleurs les Etats-Unis sont prêts à investir 1,5 billion de $US pour la réalisation de ce projet.

Le développement d’une nation passe d’abord par la construction de bonnes routes pour le transport des marchandises et aussi pour faciliter les communications entre les habitants.

Ces routes sont destinées à devenir de véritables autoroutes avec au moins deux voies à chaque sens.

Il faut aussi noter que Hanoi prévoit de construire avant 2020, 5753 km d’autoroutes avec plus de 48 billions de $US.

Il faut noter que :

§ 1 / Le Fond Monétaire International (FMI) a été créé en juillet 1944. Son Président est un Européen
§ 2 / La Banque Mondiale (BM), a été créée le 27 décembre 1945. Le Président des Etats-Unis nomme le Président de la BM.
§ 3 / La Banque Asiatique pour le Développement (BAD) a été créée en 1966 par le Japon.

Ces banques défendent donc en premier lieu les intérêts de leurs fondateurs. Ce ne sont par des organisations philanthropiques.

Conclusion

L’Indépendance Nationale du Cambodge dans son intégrité territoriale et maritime ne peut s’obtenir que par des luttes multiformes acharnées, de notre peuple. Comme dans toute lutte, même sportive, commerciale ou autres ; il faut avoir une stratégie. Cette stratégie ne s’improvise pas. Dans tous les domaines, elle s’inspire des stratégies militaires. La plus ancienne est celle du Chinois Sun Tzu : « L’Art de la Guerre » écrit V siècles avant J. C., le plus simple à lire et est utilisé par les Chinois et les Japonais, même de nos jours dans leurs négociations. Plus près de nous il y a les écrits de l’Allemand Clausewitz, de l’Anglais B H Liddell Hart, de l’Américain Edward N. Luttwak. En France il y a les nombreux livres de Gérard Chaliand dont « Anthologie Mondiale de la Stratégie » avec une intéressante introduction.

De ces livres, nous pouvons tirer les enseignements très importants suivants :

1 / Bien désigner et connaître nos ennemis et plus particulièrement l’ennemi principal, leur histoire, leurs stratégies et leurs évolutions prévisible. Connaître aussi leurs points forts comme leurs points faibles.

2 / Bien connaître les intérêts géostratégiques des grandes puissances et leurs évolutions prévisibles. Les ignorer c’est nous battre avec les yeux bandés. En particulier connaître leurs histoires depuis l’arrivée des Portugais à Malacca en 1511.

3 / Bien connaître nos points faibles et aussi nos points forts. Développer nos points faibles en profitant des points faibles de nos ennemis et de leurs contradictions. Profiter aussi des conflits des intérêts géostratégiques des grandes puissances.

4 / Il faut se préparer à des luttes acharnées de longue, très longue durée.

Beaucoup de nos compatriotes pensent que l’avenir appartient à la connaissance de la langue anglaise. Mais pas seulement la langue anglaise. Pourquoi, au Japon, au Vietnam et en Thailande, par exemple, la langue nationale est la langue véhicule du primaire jusqu’aux universités et dans les laboratoires de recherches les plus pointus avec comme seconde langue souvent l’anglais ? Les intellectuels de ces pays connaissent parfaitement leur langue maternelle et sont capables d’aller travailler dans les meilleures universités et laboratoires de recherches américains, japonais et européens sans problème. Dans les laboratoires de recherche au Japon, les Japonais utilisent entre eux le japonais, mais sont aussi capables d’expliquer leurs travaux en anglais. Quand un Japonais ou un Chinois visite un laboratoire étranger, il prend des notes respectivement en japonais ou en chinois. Les Cambodgiens en France par exemple, sont capables d’utiliser le français comme langue véhicule dans les universités et sont aussi capables de comprendre aisément les revues scientifiques les plus pointues en anglais. Ils sont aussi capables de rédiger des articles en anglais. Dans toutes les universités des pays développés, la langue véhicule est toujours la langue maternelle. Tous les pays éternellement sous-développés utilisent des langues étrangères dans les universités. Pourquoi les Cambodgiens sont-ils encore réfractaires à cette vérité si évidente ?

Annexe :

KI Media
Friday, February 29, 2008

The Two Faces of Communist Laos
Thursday, February 28, 2008

By Michael Benge[1]
FrontPageMagazine.com

There are two faces of Laos. One is the eco-tourism guided tour for backpackers with cheap hostels and an abundance of ganja (marijuana), coupled with the more expensive, more modernized Vientiane intent on luring western investors. The second is the insular Laos, behind a bamboo curtain, where the xenophobic, Pathet Lao communists (Lao People's Revolutionary Party), with apparent aid from the Vietnamese communists, are intent on annihilating an ethnic group of people -- the Hmong.

During the Vietnam War, the US conducted a “Secret War” in Laos arming the Hmong tribesmen and using them to interdict North Vietnamese soldiers and supplies being infiltrated into South Vietnam. Although it’s been more than 30 years since the end of that war, the Laotian communists, with help from the Vietnamese communists, are waging a “Second Secret War” in Laos in an attempt to annihilate the remnant US allies -- Hmong veterans and their families -- who are hiding in the jungle. On May 9, 1975, in the Pathet Lao newspaper, the Lao People's Revolutionary Party announced its policy toward the Hmong and proclaimed it would hunt down the "American collaborators" and their families, "to the last root." They will be "butchered like wild animals." Even though the Vietnam War ended over 30 years ago, in the “Second Secret War,” Hmong infants and young men and women are being killed in Laos for the purported “sins of their fathers and grandfathers;” a handful of aged fighters who sided with the U.S. in the 1960s.” According to the Voice of America, a Pathet Lao military official in the northern province of Luangprabang said that for the past year, government troops who kill a Hmong fighter have been promised automatic grass-roots Communist Party membership, a one-step promotion, and a reward of six million kip (U.S. $600) for every "enemy" killed. The “shoot to kill” policy has become an "open secret," and apply to the region extending from lower Luangprabang to Xiengkkhouang and the northern part of Vientiane province, where the majority of the Hmong are thought to be hiding.

Hidden behind a bamboo curtain of South East Asian tranquility, communist Laos like communist North Korea uses food and medicine as weapons of war; a vile crime against humanity. Amnesty International and others have condemned the Lao communists for their systematic campaign of using “starvation as a weapon of war against civilians." Starvation of detainees in the gulags scattered throughout the country has also been reported. Food, medicine and other relief goods offered by international NGOs are routinely turned down by the Lao communists who claim that there is neither starvation in Laos nor problems with the Hmong. There are more prisons in Laos than schools.

While news of the genocide in Dafur is a daily dish for the major news media, and a favorite pastime for some rich and famous in Hollywood, the genocide in Laos has by and large gone unreported. However last December 17th, the New York Times surprised everyone with a huge front page story with color photos, “Old U.S. Allies, Still Hiding in Laos” telling of the “Second Secret War” in Laos and the genocide against the Hmong. The jungle in which the Hmong are suspected of hiding is being sprayed with a defoliant similar to Agent Orange in order to deprive them of the wild yams and jungle vegetables. The spray also kills or drives off the birds and other wildlife the Hmong rely upon to survive. It is suspected that the chemicals and planes and helicopters used for spraying are being provided by Vietnam. If so, this is the epitome of hypocrisy since the U.S. is paying the Vietnam to clean up Agent Orange sites, and the Vietnamese communists are seeking retribution for its citizens suspected of suffering from the effects of this chemical. Pathways leading farms and villages suspected of being sympathetic to the Hmong’s plight and providing food are mined resulting in a countless number of mainly innocent women and children being blown up, maimed and killed.

A unit of the Vietnamese intelligence service has been reported in Nong Tang, Phou Kout district (formerly Muong Soui) using telephone signal detectors to track communications between Hmong in order to pinpoint the exact locations of the groups for attacks by Pathet Lao troops.In 1977, the Vietnamese and the Lao communists signed a treaty of “Friendship and Special Cooperation,” similar to those Russia forced upon neighboring countries after invading and occupying them to form the Soviet Union. This treaty guarantees Hanoi’s guardianship of Laos, and legalized the resettlement of more than 100,000 troops already stationed in Laos. It also allowed their families to join the soldiers and all were given Laotian citizenship and land. The treaty also allows the Vietnamese to place “technicians” at every level of the civilian government apparatus, religious and cultural organizations, and the military. This stealth-neocolonization by Vietnam poses an even much graver threat to central control by Laotians than their perceived threat of foreign-managed investment and eco-tourism, NGOs, and missionary activities.

There are two US military humanitarian assistance programs in Laos – destroying unexploded ordinance and searching for MIA remains; however, progress in the latter is extremely slow. This should come as no surprise since over 85% of the MIAs in Laos were lost in territory that was 100% under the control of the North Vietnamese. Despite the ongoing horrible atrocities against our former Hmong allies by the Lao communists, the US Ambassador announced during his confirmation hearing last May that he would seek ways to increase “building military to military ties” with the communist Pathet Lao. Go figure!

There is an entrenched official fear of the growing foreign influence in the country, particularly in remote rural areas, and the Lao security agencies are extremely suspicious of the Lao/Hmong diaspora, whom they suspect are on missions to document and expose human rights abuses and genocide, and promote democracy.

In July 2007, secret police in Phousavan, Laos arrested three Hmong-American citizens who had gone there to pursue business interests. For a short time they were detained in Phnthong Prison, but they disappeared, and it is thought that they may be detained in the North of Laos near the border with Vietnam. Among others, Laotian-Americans Michael Vang and Houa Ly were arrested several years ago and haven’t been heard from since.

Operators of small local businesses with foreign links are under strict supervision of their activities and threatened with expulsion. Recently, Sompawn Khantisouk, who in partnership with an American businessman ran the famous eco-tourism Boat-Landing resort, was abducted by Laotian secret police and “disappeared.” His American partner quickly left the country. When the American Ambassador inquires about these missing Americans, the Lao government denies any knowledge of them and personnel from the American Embassy are not allowed to further investigate.

On January 31, the Center for Public Policy Analysis organized a Congressional Forum and Policy Briefing that was attended by a large number of Congressional legislative staff, American and Laotian Human Rights groups, and experts on the Hmong, such as Dr. Jane Hamilton-Merritt, Lao/Hmong scholar and author of the award winning book Tragic Mountains: the Hmong, the Americans and the Secret Wars for Laos, 1942-1992.

Reports of horrific crimes against humanity were presented at the briefing including gang rapes of Hmong women, young and old, by Pathet Lao soldiers to terrorize and humiliate their families. Some were so brutally raped that they could no longer walk upright. Those that are not later killed, and become pregnant, their babies are taken from them after birth to be raised Nazi-like as “children of the state.” Other reports presented were of Hmong women being impaled on sharpened bamboo stakes through their vagina to their sternum. Copies of photographs were passed around of young children who had been eviscerated in front of their terrorized families that were forced to watch the children die slowly in excruciating pain. These reports, as well as that of massacres and killing of women and children, have been verified by credible journalists and International Human Rights organizations such as Amnesty International and renowned photojournalist Roger Arnold.

Equally shameful is the treatment by agents of the Untied States Government of one of this country’s most loyal allies, General Vang Pao, the leader of the Hmong army in the US' "Secret War" in Laos. In June last year, Federal law enforcement agents in California arrested General Vang Pao and eight others on charges of masterminding a plot to overthrow the Lao government. After fighting the Vietnamese and Pathet Lao communist in the jungles of Laos for over a decade with full military support from the United States, General Vang Pao knows very well that it would be futile and fatal to attempt to overthrow the Lao government. Nevertheless; it must be excruciatingly painful for him to know he is helpless while his people are being butchered like wild animals, while the US government that he and his people valiantly served does little or nothing about it.

Those who know General Vang Pao believe that the government's case against him is one of entrapment in order to discredit and humiliate him. Unfortunately for the General no one involved in the plot, other than him, had a name with enough recognition to satisfy the aggressive publicity seeking federal agents and prosecutors. It is likely no one involved on the side of the US Government was even alive when General Vang Pao stood with the US to try to stop the expansion of communism in SE Asia. This is the thanks the General receives for his friendship and the sacrifice of his people. One can only image the pain and bewilderment this proud man now feels, confined by his health to a wheelchair and confined as a prisoner to his own home by a government he believed in and supported.

Dr. Jane Hamilton-Merritt attended the latest portion of the General’s trial. Much of the prosecution’s case is based on taped recordings of an informant’s alleged conversations with the General. However, the defense lawyer had independent experts transcribe the tapes, and debunked government claims of what had transpired during the conversations with the General at a restaurant that amounted to no more than comments regarding the soup they were eating. Due to the General’s health, he is confined to a wheel chair. In July, he was released on bail, but remains under house arrest and under the stipulation that he cannot talk with anyone, including his immediate family, without first receiving permission from the court. The trial continues. With the revelations of a Vang Pao's alleged plot, the paranoid security authorities in Laos have used this to as an excuse clamp down even harder on anyone who might be seen as sympathetic to the Hmong. Recently, the vice governor of Luang Nam Tha was reported as saying, "we are still fighting the revolution, not against the enemy's bombs and guns, but the Americans and the Christians are still our enemies.

"Estimates as high as 20,000 Hmong veterans and their families are thought to still be hiding in the jungle, mostly in Northern Laos; however, the actual number will never be known. According to Doctors Without Borders, among a group of 7,800 Hmong refugees that recently arrived in Phetchanbun Province, Thailand, 181 had fresh gunshot and shrapnel wounds. US eyewitnesses have described Hmong coming out of hiding in the jungles of Laos as "desperate," with big-bellied children with untreated injuries, and weaker people being carried on the backs of others -- some starving, others naked. Once they turn themselves in, no one knows what happens to them, they simply disappear; perhaps into the extensive gulag system to starve to death.

Thailand has been threatening to send 8,000 Hmong refugees back to Laos to face further repression, gulags, or death from the communist Pathet Lao; however, some think this threat was a gambit by high-ranking Thai military officers to pressure the State Department to ease up on their travel ban to the U.S. put in place as a result of the recent coup d'état. Morally, the Thai government will bear the responsibility for these people if they are forcibly sent back and killed or sent one of the many gulags in Laos to starve. Perhaps with the recent elections, the political situation will stabilize, and the US government will intervene and stop their deportation and allow them to come to the US.

While the vast majority of the country's lowlanders are Buddhist, Christianity has made inroads among the highland people. The problem complicated by the fact that Hmong Christians fleeing persecution in Vietnam are flocking to Laos – from the frying pan into the fire. At least thirteen Christian Hmong were falsely accused of stirring rebel dissent and murdered by authorities in Laos over the past month according to an August 7 report from Compass Direct. The report also stated that 200 other Hmong Christians in the village of Sai Jerern have been arrested and imprisoned. They strongly denied any association with anti-government forces.

Only a very small number of NGOs (non-government agencies) are allowed operate in Laos, and these are under very tight restriction in where they can operate and what activities they can conduct. NGOs suspected of promoting Christianity, human rights, democracy, and community organization are expelled. International Human Rights groups, such as Amnesty International, and benign refugee assistance groups such as the United Nations UN High Commissioner for Refugees (UNHCR) are not allowed to operate in Laos or in Vietnam. Laos faces a conundrum on how to balance a market-driven rapid economic growth while maintaining strict social controls. AsiaTimes reports that the ruling Lao People's Revolutionary Party has arrived at a crucial crossroads and the direction pursued will likely make or break its still tentative economic reform experiment. Clearly there are still elements in the party who are reluctant to change their repressive ways, accept new social and economic realities and move the country forward.

Some legislative leaders on Capitol Hill have written letters to the Secretary of State and to the King of Thailand pleading the case of the Hmong. But the real question is, will the US and other Western governments continue to acquiesce to the rampant brutality of the communist Lao government and their genocide against the Hmong (just “business as usual” and human rights be damned); or will the US accept the moral responsibility that it bears for its former Hmong allies and intervene in their behalf to plead their plight and expose this genocide before the United Nations.

As it seems to be becoming more frequent with the United States’ indigenous allies, the thanks the Hmong receive for their trust and loyalty is abandonment by a government with a sound bite mentality and even a smaller dose of honor./.

[1] Michael Benge spent 11 years in Vietnam as a Foreign Service Officer, including five years as a Prisoner of war-- 1968-73 and is a student of South East Asian Politics. He is very active in advocating for human rights and religious freedom and has written extensively on these subjects.

2008-03-10

La minorité cambodgienne de Cochinchine

Nouvelles du Cambodge

LA VIETNAMISATION DE LA COCHINCHINE DURANT LA PÉRIODE COLONIALE ET LE CAMBODGE DE NOS JOURS
(La minorité cambodgienne de Cochinchine)


Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 2 mars 2006

Extrait de la Conférence de L. Malleret sur "La minorité cambodgienne de Cochinchine" dans Bulletin de la Société des Etudes Indochinoises, tome XXI 1er semestre 1946.

Si j’ai choisi de vous parler des Cambodgiens de Cochinchine, c’est qu’il m’a paru nécessaire de réagir contre des simplifications qui, ne tenant pas compte des conditions historiques, font également bon marché des droits d’importantes minorités ethniques.

Certes, la Cochinchine est loin de présenter la diversité de peuplement de la Haute Région tonkinoise, des confins laotiens ou des plateaux de l’Indochine centrale, communément désignés sous le nom d’hinterland moï. On relève, cependant, sur le territoire des Bouches du Mékong, l’existence de plusieurs minorités formant des groupes tantôt compacts, tantôt sporadiques, et possédant une culture ou des aspirations qui leur assignent des traits originaux. Si le droit nouveau est de promouvoir dans le monde, le respect de la personnalité des peuples faibles, combien alors le devoir nous apparaîtra grand, d’accorder à ces groupements épars, l’attention que réclame leur isolement moral !

Je ne citerai ici, que pour mémoire, les îlots de populations moï, stieng, ma ou mnong des confins septentrionaux ou orientaux de la Cochinchine, encore que ces communautés, tantôt errantes, tantôt sédentaires, représentent très probablement, des restes d’anciens occupants du sol, ayant dominé numériquement, à une époque reculée, dans tout le Delta. Leur personnalité tend à s’atténuer, au contact de la masse annamite, comme a disparu celle d’un important noyau cham de la région de Tây-ninh. Mais, dans la province de Châu-dôc, on trouve encore, un groupement de remarquable de Malais ou de Chams, demeurés fidèles aux traditions coraniques, dont M. Marcel NER a justement souligné l’importance, dans un article du "Bulletin de l’École Française d’Extrême-Orient".

En dehors de ces groupements régnicoles, il convient de mentionner des populations immigrées, telles que les communautés musulmanes de Saigon et de Cholon, qui possèdent dans ces villes, deux mosquées, ainsi que des colonies hindouistes ou sikhs, dont l’existence culturelle est manifestée par six sanctuaires, dont quatre temples brahmaniques. Un autre groupe important, par le rôle qu’il s’est attribué dans l’activité ont totalement disparu des provinces centrales, telles que My-tho, Bêntre ou Gô-cong, ainsi que des vieilles provinces de l’Est, comme Bà-ria, mais on en compte encore, quelques milliers, dans les provinces de Biên-hoà et de Thu-dâu-môt, dernier vestige oriental de leur ancienne expansion.

Si ces populations ont disparu d’une bonne partie du territoire, le souvenir d’une souveraineté révolue subsiste dans la toponymie locale. Certains noms de lieux ne sont que la déformation pure et simple d’anciens vocables cambodgiens. C’est ainsi que, dans Sa-dec, il est facile de reconnaître Phsar Dek, « le marché du fer », dans Sôc-trang, Srok-Khleang, le « pays des greniers », dans Trà-vinh, Prah Trapeang, le « bassin sacré », dans le Bac-liêu, Pô lœuh, le « haut banian », dans Ca-mau, Tuk Khmau, les « eaux noires », dans My-tho, Mê Sâr, la « dame blanche ».

D’autres sont la traduction annamite d’un ancien toponyme cambodgien. Ainsi, Bêntre, la « berge des bambous », correspond à l’ancien Kompong Russey et, dans Bên-nghe, « la berge des bufflons », ancien nom d’une partie du Saigon, on discerne aisément le vieux Kompon Krabey. Ailleurs, le terme ancien est devenu méconnaissable, mais il a souvent persisté dans l’usage populaire et l’on entend dire Rung Damrey, « l’enclos des éléphants », pour désigner Tây-ninh, Long Hor, le « devin noyé », pour Vinh-long, Meat Chruk, le « groin du porc », pour Châu-dôc, Kramuôn Sâr, la -« cire blanche », pour Rach-gia, Pêam, « l’embouchure », pour Hâ-tiên, et surtout Prei Nokor, du sanskrit nagara, « la Ville de la Forêt », pour désigner Saigon Cholon, c’est-à-dire l’ancienne cité khmère qui occupait semble-t-il, une partie de la Plaine des Tombeaux.

Comme on le voit, ces vocables se rapportant soit à des ressources naturelles, soit à des traits du paysage, sont d’une manière générale, assez expressifs. Ils ont été remplacés, surtout pour désigner les villages, par des termes qui, selon l’usage sino-annamite, énoncent des vœux de prospérité, de bonheur ou de richesse. Notre administration s’est souvent prêtée à ces substitutions, surtout lorsqu’elle a procédé à des regroupements de communes, pour des raisons d’économie ou de commodité. Il est arrivé que de nouveaux noms annamites n’aient eux-mêmes plus de sens, et que les éditions successives des cartes du Service Géographique (1) n’arrivent pas à suivre ces modifications arbitraires de la toponymie. Je connais un village de la province de Rach-gia ou l’ancien nom de Ban thach, signifiant « table de pierre », est devenu Ban tân-Dinh, par fusion des noms des villages de Ban Thach et de Tham-dinh, ce qui ne représente désormais aucune signification. Or, j’avais été attiré vers ce village, par cet ancien nom insolite, et ma visite ne fut pas vaine, puisqu’elle aboutit à reconnaître dans la « table de pierre », non pas un banc de latérite, comme on l’affirmait, mais un important dépôt coquillier, de plusieurs centaines de mètres de long, marquant un ancien rivage, avec deux buttes en coquille meubles, mêlées de tessons de poterie, correspondant à ces amoncellements de débris alimentaires, laissés par des populations primitives, et que les préhistoriens désignent sous le nom de " kjokkenmoddinger ".

Cette digression tend à établir que le Delta de Cochinchine est loin d’être un pays jeune et d’habitat récent, comme d’aucuns ont cru pouvoir l’affirmer, avec l’autorité des demi savants. Vous savez tous, que les recherches archéologiques s’appuient souvent, sur d’infirmes indices, et s’il m’est permis d’émettre ici, un vœu, c’est que non seulement tout ce qui subsiste de l’ancienne toponymie soit recueilli, comme le souhaitait Étienne AYMONIER, il y a quelques soixante ans, mais encore que l’administration soit extrêmement circonspecte, dans l’attribution de dénominations nouvelles à des villages, et s’attache à maintenir, là ou il subsiste, le cachet souvent très significatif, des noms cambodgiens.

Il est possible que les vestiges préhistoriques, auxquels je viens de faire allusion, soient les témoins d’une ancienne expansion de populations indonésienne, aujourd’hui refoulées vers les hauteurs ou les forêts du Nord et de l’Est. Ainsi s’expliqueraient peut-être, ces curieuses survivances de traditions matriarcales, que je signalais, il y a quatre ans, en Cochinchine, qui s’expriment dans des légendes cambodgiennes et que l’on retrouve travesties, dans certains récits annamites. Quoiqu’il en soit de ces populations paléo-khmères ou proto-khmères, il est certain que le Cambodge, dont toute la civilisation ancienne a gravité dans l’orbe de la culture indienne, a englobé la Cochinchine actuelle, et y a maintenu sa souveraineté entière, jusqu’au milieu du XVIIe siècle.

Dès le début de l’ère chrétienne, il y eut en Cochinchine et dans le Sud du Cambodge, un état hindouisé, le Fou-Nan des historiens chinois, dont il m’a été permis de retrouver un certain nombre de sites, dans le Transbassac. Je ne citerai ici, que la ville maritime d’Oc-èo, avec son probable avant-port de Tà Kèo, qui s’étendait au pied de la colline de Bathé, à vingt-cinq kilomètres du rivage actuel du Golfe du Siam. Dans cet immense "emporium" de plus de 400 hectares, se coudoyait, semble-t-il une population cosmopolite, puisque l’on y retrouve confondus, des objets marqués d’influences indonésiennes, indo-môn, indiennes, iraniennes, hellénistiques et mêmes romaines.

L’observation aérienne montre que ces populations avaient acquis la maîtrise de l’eau, par des travaux d’irrigations ou de drainage et le creusement d’immenses canaux, dont on retrouve des traces, jusque dans les terres semi noyées de la Plaine des Joncs. Il y a moins de trente ans, le pays du Transbassac était recouvert d’une immense forêt, et ceux qui ouvrirent les voies de la colonisation moderne purent entretenir la fatuité de croire qu’ils étaient les premiers à défricher des espaces vierges. En réalité, une population dense a vécu autrefois, dans ces territoires semi aquatiques, et une inscription du Ve siècle, provenant du centre même de la Plaine des Joncs, laisse de fortes raisons de penser que cette région, aujourd’hui presque déserte, fut conquise par l’homme, une première fois, « sur la boue ».

Il n’entre pas dans mes intentions de dénombrer ici, toutes les preuves de la continuité du peuplement khmer en Cochinchine, à travers les siècles. Les témoignages découverts, depuis bientôt dix ans, se comptent maintenant par centaines. Ce pays fut couvert de sanctuaires en briques, dont seules les fondations ont généralement subsisté. Il y eut des foyers bouddhiques, ver le VIe siècles et peut-être auparavant dans les provinces de Rach-gia, Trà-vinh, Bên-tre, au Cap St-Jacques et dans la Plaine des Joncs. Les idoles brahmaniques, principalement vishnouites, sont particulièrement nombreuses, et réparties un peu partout. Mais les cultes sivaïtes, confondus peut-être avec ceux de divinités territoriales ou d’emblèmes de la souveraineté politique, sont loin d’être rares, non plus. Des villes s’élevèrent dans le Delta, comme celle de Prei Nokor à Saigon-Cholon, d’Oc-èo dams le Transbassac, des Cent Rues, dans la Plaine des Oiseaux, au Nord de Camau. Au XI siècles, la souveraineté khmère fut particulièrement affirmée, dans la région de Sôc-trang, autour du port de Bassac. Deux siècles plus tard, le témoin d’un établissement hospitalier du grand roi Jayavarman VII, se retrouve près de Can-tho. Enfin les récits des annales cambodgiennes ou annamites, ainsi que les écrits des voyageurs et des missionnaires, attestent que la domination khmère se maintient, avec persistance, tant qu’elle puit s’affirmer à l’abri du bouclier que les Chams opposèrent désespérément à l’expansion annamite.

Le Cambodge qui fut un immense empire, se trouva démantelé dans les derniers siècles, par des rivaux avides de se partager ses dépouilles, le Siam à l’Ouest, et l’Annam à l’Est. Ses frontières politiques sont loin de correspondre, de nos jours, à l’aire d’expansion de ses groupements ethniques. Au Siam, si l’on fait abstraction de cette Alsace-Lorraine, dont la restitution est prochaine, qu’est la région de Battambang-Sisophon, on compte d’importants noyaux de Cambodgiens, sur le plateau de Korat, dans les régions de Buriram, Suren, Khukhan, à Prachinburi et jusqu’aux approches de Bang Kok. Au nombre de 450 000, ils forment, en quelque sorte, le répondant occidental de la minorité de Cochinchine, et sont des vestiges de l’ancienne puissance politiques du Cambodge qui, sous le règne de Jayavarman VII, engloba tout le Siam actuel, y compris une partie de la péninsule malaise, poussa une pointe en Birmanie et dans le Haut Laos, s’étendit sur toute la Cochinchine et, pendant un quart de siècles, se maintint au cœur de l’Annam actuel, dans la région de Binh-dinh.

L’expansion annamite en Cochinchine, commence à se manifester sous une forme officielle en 1658. Depuis le début du siècle, ce peuple imprégné de culture chinoise, avait rapidement progressé sur les côtes d’Annam, au détriment de l’ancien Champa, royaume de culture indienne, dont la résistance était épuisée. En 1602, les Annamites avaient atteint Qui-nhon, puis franchit la Varella. En 1653, ils érigeaient en circonscriptions administratives, les territoires de Nha-trang et de Phan-rang et, avant même de s’être établis fortement à Plan-thiêt, avaient prononcé leurs premiers empiétements dans les régions de Dong-nai et de Moi-xui, c’est-à-dire de Biên-hoà et de Bà-ria.

Je n’entreprendrai pas ici, de relater dans le détail, l’histoire de leur progression dans le Delta du Mékong. Qu’il me soit permis pourtant, de mentionner les principales étapes. En 1698, toute la région du Dong-nai est annexée et divisée en trois circonscriptions, correspondant de nos jours, à celles de Biên-hoà, Gia-dinh et Saigon. En 1715, l’Annam accepte sans vergogne, l’hommage d’un aventurier chinois qui s’était taillé une principauté de fait, dans la région de Hà-tiên. Tout le XVIIIème siècle fut occupé à réunir les possessions de l’Est, à ce territoire occidental. En 1732, les Annamites organisaient à leur profit, la circonscription de Long-Hor, c’est-à-dire Vinh-long, avec les régions côtières, jusqu’à Trà-vinh et au Bassac. En 1735, ils absorbaient la région My-tho, avec tout le pays situé au Nord du Fleuve Antérieur. En 1757, ils poussaient une pointe extrême jusqu’à Châu-dôc, opérant ainsi la soudure, entre leurs acquisitions du Nord, du Sud et de l’Ouest. La rébellion des Tây-son qui, à la fin du XVIIIème siècle, ensanglanta le pays, pendant vingt-cinq ans, ralentit à certains égards, les progrès de cette expansion et à d’autres la consolida. Mais il est remarquable de constater que c’est seulement en 1832, c’est-à-dire trente ans à peine avant l’expédition franco-espagnole de 1859-1860, que l’Empereur Minh-Mang organisa les territoires de Cochinchine en circonscription administratives, d’où sont sorties par remaniements, les provinces actuelles (2).

Les dates que je viens d’énumérer ne marquent que la consécration officielle des empiétements annamites. Ceux-ci furent, à l’origine, le fait d’aventuriers, de vagabonds, d’exilés politiques, de déserteurs et aussi de non-inscrits, c’est-à-dire de gens qui ne possédant plus rien dans leur village, se trouvaient exclus de l’organisation communale et s’en allaient chercher ailleurs, des moyens de subsister. Il y eut ensuite, des populations transportées, principalement du Quang-binh ou du Binh-dinh. Enfin, des colonies militaires, dont l’importance semble avoir été notablement exagérée, contribuèrent à fonder de nouveaux villages, surtout dans les régions du Centre et de l’Ouest.

La fixation des nouveaux venus trouva des conditions particulièrement favorables, dans la période de la guerre des Tây-son, ou le souverain d’Annam dépossédé, trouva refuge en Basse Cochinchine. À la faveur de cette époque de troubles, les Cambodgiens purent conserver une bonne part de l’administration officielle et l’on vit même, l’un d’eux adopter la cause du prince annamite et commander, pour lui, une troupe de partisans. La politique d’annamitisation à outrance, ne commença guère que sous le règne de Minh-Mang, après 1820. On remplaça partout les fonctionnaires cambodgiens par des mandarins annamites et l’on fit pression sur les habitants, pour les contraindre à adopter le costume, la langue et les usages annamites. A Trà-vinh, une sanglante révolte éclata en 1822, dont on n’eut pas aisément raison. C’est alors que s’édifièrent, un peu partout, ces fortins signalisés sur d’anciennes cartes, dont le rôle était de surveiller les populations cambodgiennes. En 1841, une autre rébellion éclata, dirigée par SA SAM, à un moment où l’Annam était en difficulté avec le Siam. Noyée dans le sang, elle fut le signal d’une lourde politique d’oppression et de spoliations. Dès cette époque, des Cambodgien abandonnent le pays pour se réfugier en masse au Cambodge. En 1856, une nouvelle révolte, suivie de deux autres en 1859 et 1860 (3). Il fallut notre arrivée pour que les Khmers de Cochinchine durement traités par les mandarins et les colons annamites, puissent retrouver le sentiment de la liberté et une protection qui empêcha leur éviction totale du territoire du Bas Mékong. Elle leur permit en outre, de conserver une part encore importante de leur patrimoine, déjà fortement entamé par des procédés qui ne s’embarrassaient guère de la précaution du droit.

Les nouveaux venus s’installaient, en effet, sur les territoires du Sud selon leur convenance, et fondaient leurs villages, aux endroits qui répondaient le mieux à leur commodité ou à leurs habitudes. « Les lots de terre étant choisis, écrit un chroniqueur annamite, il suffisait d’en exprimer le désir au mandarin, pour en devenir propriétaire. On ne prenait pas d’avantage note de ce qui était bonne ou de mauvaise nature ». Ce texte définit une méthode d’appropriation, reposant sur de simples occupations de fait, dont le principe s’est survécu dans toutes les infiltrations vers le Transbassac.

Mais, le choix des arrivants allait surtout aux régions basses, situées le long des voies d’eau naturelles, et il suffit de jeter les yeux sur une carte au 25.000°, pour constater de nos jours, dans les provinces de Trà-vinh ou de Sôc-trang, les manifestations de cette préférence. Toutes les agglomérations annamites épousent les sinuosités des "racb", c’est-à-dire des cours d’eau, tandis que les villages cambodgiens se répartissent sur les croupes de sable, que l’on appelle des "giongs" et qui sont probablement, d’anciens cordons littoraux.

Alors que le village annamite concentre ses maisons, parmi des palmiers d’eau, des cocotiers et de maigre aréquiers, le Cambodgien indépendant et fier, préfère l’habitat dispersé, dans un paysage de jardins. Le premier construit sa demeure de plain-pied, sauf dans les régions qui envahissent les débordements de fleuves. Le second accorde sa préférence à l’habitation sur pilotis. Ses maisons s’isolent, parmi des arbres au feuillage touffu, sur des plus salubres ou le sol est plus sec, la fièvre bénigne et l’eau plus saine.

Un regard accoutumé aux traits du paysage cochinchinois, reconnaît de loin, ces agglomérations villageoises, à des lignes continues de verdure, limitant l’horizon, que dominent de place en place, des bouquets d’arbres. C’est parfois, mais rarement, le "borassus" ou palmier à sucre, l’arbre typique des savanes cambodgiennes, parfois le "pring", survivant des forêts-clairières, surtout le "koki", que les Annamites appellent "dau", dont les troncs énormes et droits, se prêtent au creusement des longues pirogues de course, que possède tout village cambodgien.

Les bosquets de "koki" signalent de loin, les pagodes et survivent comme des témoins, lorsque celles-ci ont cédé la place à quelque temple annamite. Dès l’entrée, l’on est saisi par l’ampleur du terrain, au milieu duquel s’élève le sanctuaire, parmi des avenues et des bassins, avec çà et là, des salles de réunion ou des cellules sur pilotis, pour la méditation des bonzes. Ce sentiment de l’espace, des perspectives et de la verdure, associés à l’habitation humaine, marque ces enceintes sacrées, d’un trait qui les distingue des temples annamites et chinois, où les constructions sont presque toujours entassées. L’on se plait alors, à reconnaître, dans cette architecture aérée, le même sens de la distribution des volumes et des lignes dans l’espace, qui dès le premier contact avec Angkor Vat, éveille la notion de l’harmonie et de la grandeur, que possédaient au plus point, les artistes anciens

Ces pagodes de Cochinchine ne se distinguent guère de celles du Cambodge. Elles se ramènent invariablement, à une vaste construction élevée sur un terre-plein, entourée d’une galerie et coiffée de plusieurs toitures emboîtantes, dont les ressauts présentent parfois une grande complexité, et admettent, d’un temple à l’autre, de nombreuses variantes. Sous la corne élégante qui prolonge les angles du faîte, des pignons en bois sculpté, doré ou peint, se rapportent rarement à la légende de Bouddha, mais plutôt à des sujets tirés de l’iconographie brahmanique. Parfois, des motifs d’inspirations chinoise ornent les toitures et ce trait, s’il témoigne des bonnes relations des Khmers avec les Célestes, indique aussi, que nous ne sommes plus au cœur du Cambodge, mais dans une aire de contacts, ou des contaminations artistiques sont plus volontiers tolérées.*

Malheureusement, l’usage du ciment armé a introduit souvent le mauvais goût, dans ces constructions, dont certaines étaient charmantes. De belles boiseries ont cédé la place à d’affreux moulages, et je ne saurais trop insister ici, sur la nécessité d’une rééducation du sens esthétique, que les Khmers eurent au plus haut degré et qui, s’est avili, Pour une nation soucieuse, comme la nôtre, de réveiller et de cultiver les plus belles qualités des peuples de l’Indochine, il n’est pas, je crois, de plus noble tâche. Un effort considérable fut accompli, à Phnom Penn, par les Corporation Cambodgiennes de Georges Groslier. Une véritable renaissance se manifesta dans l’industrie du tissage et l’orfèvrerie. Or, il y eut autrefois, en Cochinchine, dans la région du Triton, des ateliers familiaux où l’on fabriquait des tentures de pagodes d’une grande richesse décorative. Cet art s’est perdu, comme se perd de nos jours, celui des anciens architectes, des sculpteurs, et des enlumineurs. S’il m’est permis d’émettre encore un vœu, c’est que les Cambodgiens de Cochinchine aient bientôt leur école d’art, comme en ont les Annamites, à Biên-hoà, Thu-dâu-môt et Gia-dinh.

L’intérieur de ces pagodes n’a ordinairement rien de remarquable et l’on est frappé, lorsqu’on y pénètre, par la sobriété de l’ameublement et du décor. Il n’y a rien qui rappelle ici, l’encombrement et l’opulence touffue des sanctuaires annamites ou chinois. Quelques nattes sont étendues sur le sol, ou prendront place les bonzes, dans leurs prières. Sur un côté, est posée la chaire du supérieur. Sur l’autel principal, se dresse une grande statue du Bouddha, entourée souvent d’une grande quantité d’autre idoles, de dimensions plus modestes, mais qui ne sont guère que la répétition de l’image principale. Quelques peintures murales relatent des scènes de la vie du Maître, ou de ces naïves histoires que l’on appelle des "jataka", ou des épisodes de Ramayana, ou encore de la légende du Prah Enn, c’est-à-dire Indra, toujours reconnaissable à son visage vert.

Le Bouddhisme de ces Cambodgiens, qu’ils soient de Cochinchine ou du Cambodge, est celui du Petit Véhicule, c’est-à-dire la doctrine tirée du canon pâli et qui domine dans les contrées du Sud, y compris Ceylan, le Siam et la Birmanie. L’enseignement est demeuré très proche de la tradition primitive, le panthéon extrêmement réduit et l’iconographie très pauvre. Mais je dois ajouter que cette forme du bouddhisme est d’importation thaï et n’a pénétré au Cambodge, qu’à une date relativement récente. Dans la période d’Angkor, ce qui dominait, c’était l’autre Bouddhisme, celui du Grand Véhicule, dont les dogmes, s’étaient enrichis d’apports complexes, qui admet un panthéon plus vaste, et devait donner lieu à des manifestations artistiques plus considérables.

On aurait tort, cependant, de croire que la doctrine bouddhique telle que l’enseignement les bonzes à robe jaune, peuvent suffire à satisfaire toute la dévotion des pieux Cambodgiens. Avant de quitter la pagode, dirigeons-nous vers l’angle Nord-est de l’enclos. Nous y trouvons presque toujours, un modeste abri, fait de quelques planches ou d’un lattis de bambou. C’est la résidence du "neak ta", esprit tantôt favorable, tantôt malfaisant, ordinairement représenté par quelques pierres informes devant lesquelles le vent disperse la cendre refroidie des bâtonnets d’encens. C’est une concession des bonzes au culte des génies qui occupe une si grande place, dans l’esprit des paysans, qu’ils soient Cambodgiens ou Annamites. Les Khmers de Cochinchine, comme leurs parents du Cambodge, redoutent la perfidie des puissances invisibles, les "Krut", les "Arak", les "Mémoch", et font volontiers appel à des sorciers, pour apaiser leur courroux. Certains de ces esprits domestiques ou champêtres ne sont que d’anciennes divinités brahmaniques, aujourd’hui déchues. C’est ainsi que la Néang Khmau, la Dame noire, la Bà Dèn des Annamites, qui a donné son nom à la montagne de Tây-ninh, n’est autre que Durga, la terrible Kali, dont le nom se retrouve dans celui de Calcutta, divinité bienfaisante ou cruelle, qui passe pour responsable de tous les maux qui atteignent la frêle existence des enfants.

Toute la campagne est remplie de la présence muette de ces esprits, dont les rustiques autels s’élèvent au détour du chemin, sur des talus de rizières ou au pied de grands arbres. Il faut quotidiennement prendre garde de ne pas exciter leur colère, et j’ai eu souvent, pour mon compte, à tenir avec eux une conduite circonspecte, quelles que fussent du reste, les régions de la Cochinchine, car sous le nom de "ông ta", ils tiennent aussi, une place considérable, dans la dévotion du paysan annamite. Et ceci, me remet en mémoire, deux anecdotes particulièrement significatives du rôle de ces génies.

J’avais entrepris d’enlever, pour le Musée de la Cochinchine, un grand linga en grès, qui pesait bien une demi tonne, et jouissait de la réputation d’être un "neak ta" malfaisant. Cette idole gisait abandonnée dans une dépression humide, où elle était menacée de déprédations. Mais il fallait la transporter jusqu’à un canal, pour l’acheminer vers Saigon par voie d’eau. Il était difficile d’utiliser les charrettes trop légères. Je fis donc appel à un traîneau de rizière, auquel on attela des bœufs. Mais après quelques centaines de mètres, ceux-ci refusèrent obstinément d’avancer. On les remplaça des buffles qui manifestèrent la même mauvaise volonté. Comme le "neak ta" passait pour être particulièrement redoutable, je compris que j’étais perdu de réputation, si je n’avais pas aussitôt raison de cette pierre récalcitrante. Je fis donc faire une claie, à laquelle s’attelèrent vingt hommes, et l’on porta l’idole au village. Mais là, personne ne voulut accueillir, auprès de sa demeure, cet hôte indésirable. Je le fis donc déposer devant la maison commune, ou j’habitais alors, en prescrivant de le placer le long du sentier qui conduisait à l’entrée. On le mit de travers. Je le fis redresser. On le remit de travers. Comme je demandai la raison de ces manœuvres insolites, on m’expliqua que, dans le premier cas, je serai atteint directement, par les manifestations de la mauvaise humeur du génie, tandis que, dans le second je serais préservé, que l’on avait contrevenu à mes ordres, dans l’intérêt de ma personne, mais que si, décidément, je ne tenais pas à être protégé, l’on ne pouvait après tout, que m’abandonner à un funeste sort.

A quelques temps de là, je revins visiter un tertre, ou j’avais entrepris des fouilles. Au sommet de celui-ci et au pied d’un arbre, se trouvait un bloc de gratuit informe, contenant un esprit dont l’animosité était bien connue dans toute la région. J’avais prescrit qu l’on évitât de déplacer cette pierre, précaution indispensable pour conserver des coolies. Ce jour-là, je trouvai sur le tertre, trois hommes occupés à présenter des offrandes au "neak ta". Ils venaient de déposer, devant l’autel rustique, un canard rôti, un flacon d’alcool, quelques fruits, des bâtonnets d’encens et un bol de riz. Comme ils se relevaient et se disposaient à partir, ils m’expliquèrent que leur père étant venu un jour assister à mes travaux, avait été subitement pris d’un malaise, dont il ne se remettait pas, qui était certainement imputable à la malignité de la pierre-génie. A mon tour, j’allais m’en retourner quand un Cambodgien, nommé Thach Vong qui m’accompagnait, me demanda la permission d’adresser une requête à l’idole. Je le vis alors, s’abîmer dans un long conciliabule avec la pierre. Il lui parlait à voix basse, accompagnant ses paroles de gestes persuasifs. Il s’expliquait au "neak ta" que lui, Thach Vong, était pauvre et qu’il avait faim, tandis que l’esprit puissant, entouré de la crainte et de la vénération publiques, était abondamment pourvu. Il lui demandait donc, bien humblement, de le prendre en pitié, et de l’admettre à partager le festin que des hommes généreux venaient d’offrir. J’imagine que l’esprit se laissa aisément convaincre, car Thach Vong ayant bu l’alcool, rompit les pattes et le cou du canard, les laissa en partage au génie et fort dévotement, mit tout le reste sous son bras.

Ces histoires de "neak ta" nous montrent combien ces bons Cambodgiens sont des âmes simples, à l’égal du reste, du plus grand nombre des paysans annamites, qui ne demandent qu’à cultiver leur terre, dans la paix. Les uns et les autres sont également dignes de sympathie et de sollicitude, et lorsqu’on a partagé leur existence modeste, but le thé sur la même natte, prêté une oreille complaisante à leurs propos naïfs, on s’aperçoit alors, qu’ils sont très proches de nous, et que leur accueil ressemble étonnamment, à celui de nos campagnes de France, ou l’on n’oppose pas délibérément, une méfiance hostile à l’étranger.

Que de fois, il m’est arrivé, parcourant à pied, à cheval, en charrette ou en sampan, les provinces de la Cochinchine, d’accepter la franche hospitalité des pagodes cambodgiennes. L’on s’empressait de m’apporter quelques noix de coco, pour étancher ma soif, tandis que j’offrais en retour des bâtonnets d’encens ou un paquet de thé. Dans la maison de repos des hôtes, on étendait une natte et, dans les heures chaudes de la journée, au cœur de la saison sèche, quand l’air est pur et léger, je ne connais pas d’impression plus sereine que celle de s’étendre sur les claies de bambou de ces maisons sur pilotis, tandis que les bonzes en robe safran passent silencieusement dans les cours et qu’un vent espiègle murmure, dans les hautes touffes des cocotiers.

Mais souvent, j’arrivais à une heure où l’école de la pagode bruissait du murmure des jeunes enfants et cela me conduit tout naturellement, à évoquer ici, le problème de l’enseignement qui se pose sous un aspect grave, pour la minorité cambodgienne de Cochinchine. Celle-ci forme un ensemble homogène, par sa langue, sa religion, ses coutumes, ses traditions. Attachée à sauvegarder ses usages, elle répugne à envoyer ses enfants à l’école franco annamite et ne dispose que très rarement, d’école franco khmères.

On a essayé jusqu’ici, de résoudre la difficulté, en favorisant le développement de l’enseignement traditionnel, dans les écoles de pagodes. Celles-ci sont de trois types. Les unes sont indépendantes et, de ce fait, échappent entièrement à notre contrôle. On en comptait 95 en 1944, réunissant 1.538 élèves. D’autres sont subventionnées. Il y en avait 20, au début de 1945, avec 571 élèves. Enfin, depuis quinze ans, l’on s’est attaché à multiplier le nombre d’écoles de pagode dites "rénovées", où l’enseignement est donné par des bonzes, qui on suivi un stage de perfectionnement, à Phnom Penh, à Trà-vinh ou à Sôc-trang et que l’on s’efforce de conseiller, autant que le permet le droit de regard que l’on peut s’attribuer, sur des établissements de caractère presque exclusivement religieux. Le nombre des écoles de ce type a passé de 37, en 1930, à 90 en 1936, et à 209 en 1944, parmi lesquels on comptait 1.093 filles, jusqu’ici traditionnellement écartées du bénéfice de l’instruction. Dans le même temps, le nombre des écoles officielles franco khmères n’a pas dépassé le nombre de 19, avec 30 maîtres seulement.

Il y a là un problème qui doit retenir l’attention. Quel que soit le soin que l’on ait apporté à la formation des bonzes instituteurs, la création des écoles de pagode, fussent-elles "rénovées", n’est qu’un moyen de fortune, qui ne saurait remplacer un enseignement de type normal à deux cycles, l’un élémentaire, où le véhicule de l’enseignement peut demeurer le cambodgien, l’autre complémentaire avec initiation à la connaissance du français. Mais l’on se heurte à la question difficile du recrutement des instituteurs et tous les efforts entrepris, pour la pénétration scolaire, dans les pays cambodgiens, sont paralysés par cette insuffisance numérique et qualitative du personnel. J’avancerai donc encore ici, un vœu en faveur des Cambodgiens de Cochinchine. C’est que le nombre des écoles élémentaires et complémentaires franco-khmères soit rapidement accru, de façon à former des sujets pourvus du certificat d’études, aptes, les uns à devenir instituteurs auxiliaires, les autres à fournir un premier contingent d’élèves-maîtres, dans des Écoles Normales, auxquelles il faudra bien revenir, si l’on entend rompre décidément avec la politique d’enseignement primaire au rabais, qui a été suivi en Indochine, depuis la crise économique de 1929-1933.

Ce problème ne touche pas seulement, à l’obligation d’accorder à l’enfant cambodgien de Cochinchine, le niveau d’instruction primaire auquel il a droit. Il englobe, aussi, la grave question du recrutement d’une élite. Dans la minorité khmère du Bas Mékong, comme du reste dans l’ensemble du Cambodge, le fait qui saisit l’observateur, c’est que cette société est privée, en dehors du clergé, d’une classe véritablement dirigeante. Dans le vieux royaume khmer, ce sont souvent des Annamites qui fournissent le contingent des fonctionnaires de l’administration ou qui occupent les professions libérales, et cette situation, dont les Cambodgiens sont les premiers à s’alarmer, sans beaucoup réagir, semble avoir des origines très lointaines. Il est remarquable, en effet, que la décadence de ce pays ait coïncidé avec l’époque où se produisaient dans l’Inde, les invasions musulmanes. A partir du moment où le Cambodge fut privé de l’encadrement que lui apportait, semble-t-il, des brahmanes, sa déchéance commença (4). Il y a quelques raisons de penser que des causes ayant tari le recrutement d’une élite, produisirent les mêmes effets, dans l’ancien Founan, et l’on a vu les Siamois s’opposer plus récemment, au relèvement de la nation cambodgienne, en massacrant lors de leurs incursions, les classes dirigeantes ou en les emmenant en captivité.

Quoi qu’il en soit, l’œuvre urgente, l’œuvre nécessaire, c’est d’accorder à la minorité cambodgienne de Cochinchine, les moyens de sauvegarder sa personnalité, en créant pour elle, des écoles, et surtout, en rompant avec l’habitude de la portion congrue, qui consistait à donner à des instituteurs cambodgiens communaux, des salaires dérisoires, comme c’était le cas en Cochinchine, en 1943, où des maîtres recrutés à grand peine, recevaient pour pris de leur activité professionnelle, toutes indemnités comprises, vingt et une piastres par mois.

Le problème de la pénétration scolaire, dans cette minorité, n’est pas le seul qui soit digne de requérir notre bonne volonté, mais il est d’une importance capitale, car tous les autres dérivent de l’ignorance où le paysan khmer se trouve de ses droits. Très attaché à sa terre, il n’est pas armé, pour défendre son patrimoine, et devient souvent la victime d’incroyables spoliations. Ses bonzes qui sont ses tuteurs naturels et qui l’ont maintenu dans la voie d’une magnifique élévation morale, demeurent étroitement attachés à la tradition et sans lumières sur les obligations et les rigueurs de l’existence moderne. Les "achars", vieillards respectés que l’on consulte dans les occasions difficiles, ne sont, eux non plus, que de fort braves gens, attachés à la coutume non écrite et dénués de ressources, devant les impitoyables nécessités d’une organisation sociale, où la bonne foi des faibles est exposée à de rudes assauts.

Le contact de deux populations, l’une active et entreprenante, l’autre apathique et traditionaliste, produit quotidiennement des abus, que notre pays ne saurait couvrir de son indifférence, et qui relèvent, semble-t-il, au premier chef, de la mission d’arbitrage fédéral qui lui est dévolue en Indochine. Je connais une agglomération de la province de Long-xuyên, où la fusion du village cambodgien avec un village annamite, mesure décidée sans précaution, par l’autorité administrative, a eu pour résultat de déposséder entièrement le premier de ses terres communales, au profit du second qui était pauvre, en sorte que l’école de celui-ci est devenue florissante, tandis que l’école de celui-là végète désormais, faute de ressources. Je citerai aussi, un hameau cambodgien de la province de Rach-Gia, établi loin des routes et des canaux, dont les habitants connurent un jour, par moi, avec stupeur, qu’ils n’étaient plus propriétaires de leur terrains d’habitation, ceux-ci ayant été incorporés au Domaine public, parce que n’ayant aucun titre régulier ou n’ayant pas été informés du sens des opérations de bornages, ils ne s’étaient pas présentés devant les commissions cadastrales (1).

Faut-il s’étonner si, devant ce qu’ils considèrent comme des mesures arbitraires, les Cambodgiens abandonnent, parfois en masse, certains villages, pour fuir l’injustice et la spoliation. Des créanciers annamites ou chinois font signer à des paysans khmers illettrés, des actes léonins qui aboutissent, à brève échéance, à la dépossession totale du débiteur. Le mal était devenu si manifeste, et l’usure si coutumière de semblables expropriations, que l’administration française du s’en alarmer. En 1937, le visa de l’enregistrement fut déclaré obligatoire pour les billets de dettes, avec signature conjointe du débiteur et du créancier. A Trà-vinh, il apparut même nécessaire, d’exiger leur présence, lors de l’inscription des hypothèques sur les registres fonciers.

Ils serait souhaitable, à un autre égard, que fussent élargies, ou renforcées, certaines mesures prises à la veille de la guerre, par l’autorité française, notamment celles qui prescrivaient que, dans les villages mixtes, l’élément khmer fut représenté par un nombre de notables proportionnel à son importance, ou encore, celle qui instituait un officier auxiliaire d’état civil, dans les villages en majorité cambodgiens. Mais ces mesures ne pourraient devenir pleinement efficaces, que si les notables ainsi désignés, prenaient rang, sous certaines conditions et selon l’importance numérique de la minorité, parmi les plus considérable des membres du conseil communal.

Il est important aussi, que l’élément cambodgien ait la place qui lui revient, dans tous les corps élus, à quelque échelon qu’ils soient institués. On avait proposé, il y a une vingtaine d’années, que des cantons autonomes, relevant directement de l’autorité supérieure, fussent organisés, là où la minorité se présente en formations suffisamment compactés pour justifier cette mesure. Mais on peut concevoir aussi que la désignation de chefs de cantons khmers soit déclarée obligatoire, dans les régions où le groupe ethniques est prépondérant, avec des sous chefs de cantons, là ou il ne détient pas la majorité. De toute manière, il est nécessaire que les Cambodgiens relèvent des fonctionnaires ou des conseillers parlant leur langue et que, dans les concours administratifs, un certain nombre de places soient réservées aux candidats aux fonctions publiques, avec à titre provisoire, des conditions spéciales. Il paraît indispensable que la langue cambodgienne soit officiellement admise dans la rédaction des requêtes ou de la correspondance administrative. Enfin, on ne peut que souhaiter le développement du bureau des affaires cambodgiennes, qui avait été créé à la veille de la guerre, auprès du cabinet du Gouverneur.

Les Cambodgiens sont appelés à prendre une certaines importance numérique en Cochinchine. Loin d’être en recul, leur nombre s’accroît à chaque recensement. En 1888, ils étaient 150.000 sur 1.600.000 habitants. En 1925, ils étaient devenus 300.000. A la veille de la guerre, on en comptait environ 350 000, sur une population globale de moins de cinq millions d’habitants. Leurs relations avec les Chinois sont excellentes, et l’on compte de nombreux métis sino-cambodgiens qui, fait remarquable, adoptent volontiers les coutumes de la mère, ce qui est rarement le cas pour les métis sino-annamites. Les khmers de Cochinchine entretiennent généralement avec les Annamites des relations dénuées de sympathie. Ceux-ci les appellent avec condescendance, des "Thô", c’est-à-dire les "hommes de la terre", mais ils rendent mépris pour mépris, en traitant les autres de "Yun", du sanskrit "yavana", c’est-à-dire des "Barbares du Nord" (5). Il est certain que ces inimitiés, fondées sur des incompatibilités de mœurs, de langue, de religion et aussi, sur toute l’amertume d’anciennes dépossessions, ont pour effet d’entretenir un état de friction latente, préjudiciable à la paix sociale, et qui réclame le contrôle d’un arbitre.

A cet égard, la Cochinchine apparaît par excellence, comme une terre fédérale, où la France pitoyable aux faibles et généreuse envers des sujets loyaux, doit faire prévaloir des solutions de justice et rétablir l’équilibre que tend à détruire dans le monde, la triviale sélection des plus forts. Il lui appartient d’attribuer à la minorité cambodgienne du Bas Mékong, un statut politique qui n’a jamais encore été clairement défini, à sauvegarder ses droits par des mesures administratives, à maintenir son originalité culturelle, à protéger surtout sa fortune immobilière, patrimoine qui s’amenuise un peu tous les jours, par l’effet d’incroyables abus. J’ajoute que notre pays ne saurait se désintéresser non plus, de la condition morale de ces populations. La minorité cambodgienne de Cochinchine s’est traditionnellement appuyée sur le Bouddhisme du Sud, tandis que l’Annam adoptait le Bouddhisme du Nord. Il reste à la France, vieille nation chrétienne et libérale, devenue par l’Afrique, une métropole musulmane, à devenir pour l’Asie du Sud-est, une métropole bouddhique. Ce n’est plus un secret, que le Japon avait tenté d’organiser à sont profit, les sectes du Bouddhisme en Indochine, et que le Siam poursuivait depuis longtemps au Cambodge, les mêmes fins, pour des raisons d’expansion territoriale. Les bonzes cambodgiens de Cochinchine se trouvent placés dans le rayonnement de l’Institut bouddhique de Phnom Penh, ayant aussi des attaches au Laos, institution de caractère fédéral, dont le développement est souhaitable et l’importance ne saurait être sous-estimée.

Je voudrais en terminant, attirer votre attention, sur quelque égards dus à ces populations, quand l’on se trouve appelé à circuler dans leurs villages. Il est bon, quand on pénètre dans une pagode, ou l’on est reçu toujours, dès le seuil, par quelques bonzillons ou quelque moine de seconde importance, de demander à saluer le chef du monastère, qui est souvent un respectable vieillard. Si c’est l’heure du repas ou s’il repose, il est courtois de ne pas insister. Les Cambodgiens sont toujours sensibles aux égards que l’on a pour leur clergé, ou pour les "achars" si l’on a quelque question à traiter qui intéresse la pagode. L’on vous offrira du thé ou de l’eau de coco. Acceptez-les, même si la tasse est crasseuse ou même si vous n’avez pas soif, car ce don émane toujours d’un cœur ouvert. Asseyez-vous sur la natte, où le supérieur vous convie. On fera, autour de vous, un cercle respectueux. Enquerrez-vous des besoins locaux, de l’état des récoltes, de la santé du bétail, de la fréquentation des enfants à l’école de la pagode. Ne manquez pas de faire une visite au bonze-instituteur. Distribuez des bonbons ou des images. Ayez un propos aimable pour les vieillards. Soyez jovial à l’occasion. J’ai pu obtenir des renseignement qui m’ont conduit à d’importantes trouvailles archéologiques, simplement en distribuant des boîtes d’allumettes, des bâtonnets d’encens, ou des morceaux de savon, en soignant de petites plaies, ou encore, en versant quelques gouttes de collyre, dans des yeux d’enfants atteints de conjonctivite. Ne soyez jamais impatients, ni trop pressés, et n’offrez jamais d’argent à des bonzes. La règle leur interdit de l’accepter. Si vous êtes cependant dans la nécessité de le faire, usez de l’intermédiaire d’un laïc, "achar" ou autre, en spécifiant toujours, qu’il s’agit d’une contribution de votre part ou de l’administration, à l’entretien du sanctuaire ou au développement de l’école.


Si vous devez séjourner dans la pagode ou y établir un cantonnement, prescrivez à vos hommes de ne pas être trop bruyants, surtout au moment des offices. Même si le terrain est très vaste, faites établir hors de l’enceinte, les constructions provisoires qui devront répondre aux besoins de la vie matérielle. Veillez surtout à ce qu’aucun animal, bœuf, porc ou même poulet, ne soit sacrifié dans cet enclos, où la vie animale est sacrée, à l’égal de l’existence humaine. Ces quelques précautions suffisent ordinairement à s’assurer la sympathie de populations qui ne demandent qu’à être fidèles. Beaucoup de ces remarques sont valables, dans les pays annamites, et il faut bien peu de manifestations de bienveillance, pour réussir la conquête des cœurs.

Par leur remarquable tenue morale, les Cambodgiens de Cochinchine on gagné notre estime et mérité la sollicitude que la communauté française se doit de témoigner à ceux qui, ayant souffert dans leur personnalité nationale, ont compris que l’avenir de leur pays ne pouvait se concevoir que dans un ensemble assez vaste, pour apaiser des frictions et faire éclore de communes aspirations. Si j’avais accepté ce soir, de vous entretenir de cette minorité, si digne d’être préservée d’une assimilation inéluctable, c’est sans doute qu’il m’a plu d’être ici, l’avocat des faibles. C’est aussi parce que la Cochinchine est un pays chargé d’histoire, où il est juste que survivent les descendants authentiques des bâtisseurs d’Angkor. Et puis, qu’il me soit permis de plaider aussi, la cause de ceux qui pensent que l’universalisme ne suffit pas à tout. Ce qui faisait pour le voyageur et l’artiste, la séduction et la variété du monde, est en train de s’abîmer dans une effroyable uniformité d’habitudes. Il semble que sous la terrible contrainte des lois industrielles, il n’y ait plus de place pour la charmante originalité des coutumes, où les peuples manifestaient leur génie. Mais la France est une vieille nation d’équilibre et de raison. Sa pensée mûrie par des siècles de réflexion claire, dispose d’un clavier riche de nuances et de demi-tons, où s’exprime toute la complexité de la nature humaine. Aux conceptions simplistes et confuses des tard-venus dans la voie de la civilisation, elle ne cessera d’opposer avec sang-froid, la notion de la diversité du réel. Il lui appartient, dans un monde nouveau, de promouvoir un esprit nouveau, fondé non plus sur des simplifications égalitaires, mais sur des considérations de justice proportionnelle et sur le droit de toutes les nations à l’existence, double espoir dans lequel il nous plaît de reconnaître et de saluer une revendication d’humanité.

Louis MALLERET.

Conférence d'information, faite à Saigon, le 17 décembre 1945, sous le patronage du Bureau des Affaires Culturelles du Service Fédéral de l'Instruction Publique, pour les officiers et fonctionnaires du Corps Expéditionnaire de l'Indochine. Publiée dans "Bulletin de la Société des Études Indochinoises", Tome XXI, 1er Semestre 1946.


Notes.

(1) Dans les Services Géographiques de l'Indochine, et aussi dans tous les services techniques de l'Indochine, même au Cambodge, la totalité du personnel non français est à cent pour cent annamite.

(2) Les Portugais s'installent à Malacca en 1511. A partir de cette année, on ne peut plus comprendre l'histoire de l'Asie du Sud-Est et de l'Asie de l'Est sans tenir compte de ce changement de caractère géostratégique. Car l'Europe exporte ses connaissances, son système d'organisation administrative, ses armes et son organisation militaire etc. Les peuples au contact avec eux sont donc avantagés par rapport aux autres. Jean-Michel Sallmann vient de publier "Géopolitique du XVIè siècle, 1490 - 1618", Ed. Points-Histoire-Seuil, Paris 2003.

"Au début du XVIè siècle, les Portugais avaient commencé à fréquenter les côtes du Sud (du Dai-Viet ou Annam). Au début du VIIè siècle les Hollandais, installés à Batavia depuis 1619, venaient, eux aussi, commercer à Faifo le grand port au Sud (de l'Annam). Quelques années plus tard, les Anglais les y suivirent. Quand aux Français, ils n'apparurent qu'à la fin du XVIIè siècle, et leur commerce connut sa période la plus florissante dans la première moitié du XVIIIè siècle. Au début du XVIIè siècle, débarquèrent également les premiers missionnaires jésuites (qui étaient alors surtout portugais et italiens) : le Genevois Buzoni et le Portugais Carvalho en 1615. Dans les années 1620-1630, le jésuite français Alexandre de Rhodes organisa véritablement la mission du Tonkin." (Dans "Le Million", volume VIII, page 110, Ed. Grange Batelière, Paris 1972.)

Alexandre de Rhodes invente la romanisation de la langue vietnamienne en 1650. Mais cette romanisation ne sera commencée à être utilisée systématiquement que par le pouvoir colonial. Cette romanisation est essentielle pour permettre aux Vietnamiens de sortir de la domination culturelle chinoise. Elle est maintenant adoptée par tous les vietnamiens. Benedict Anderson, un universitaire Américain a écrit un livre très intéressant intitulé "Imagined communities" (Editions Verso, Londres 1983, 1991) et traduit en français sous le titre "L'imaginaire national" (Editions La Découverte/Poche, Paris 1996, 2002), édition française de 2002, pages 130, 131, 132)

"Alors même que les dynasties de Hanoi et de Hué défendaient depuis des siècles leur indépendance à l'égard de Pékin, elles (la Chine et la civilisation chinoise) régnaient à travers un système mandarinal délibérément calqué sur celui des Chinois. La bureaucratie recrutait en soumettant les postulants à des examens écrits sur les classiques confucéens ; les documents dynastiques étaient rédigés en caractères chinois ; et la culture de la classe dirigeante était fortement sinisée. A partir de 1895, ces liens anciens prirent un tour encore plus indésirable, lorsque les écrits de réformateurs chinois comme Kang Yu-wei et Liang Chi-chao, mais aussi de nationalistes comme Sun Yat-sen, se répandirent à travers la frontière septentrionale de la colonie. En conséquence, les examens confucéens furent successivement abolis au "Tonkin" en 1915, puis en "Annam" en 1918. Dès lors, le recrutement dans la fonction publique en Indochine devait se faire exclusivement par un système de formation colonial en plein essor. De surcroît, le quôc ngû, écriture phonétique romanisée conçue par des missionnaires jésuites au XVIIè siècle et adoptée dès les années 1860 pour la "Cochinchine", fut délibérément encouragé afin de rompre les liens avec la Chine - et peut-être aussi avec le passé indigène, en rendant les chroniques dynastiques et les littératures anciennes inaccessibles à une nouvelle génération de Vietnamiens colonisés. (en note : La plupart "des fonctionnaires coloniaux de la fin du XIXè siècle […] étaient convaincus qu'un succès colonial durable passait par un combat acharné contre les influences chinoises, y compris le système d'écriture. Les missionnaires voyaient souvent dans les lettrés confucéens le principal obstacle à la conversion générale du Viêt-nam au catholicisme. Dans leur esprit, éliminer la langue chinoise, c'était donc simultanément isoler le Viêt-nam de son héritage et neutraliser l'élite traditionnelle" (Marr David G., "Vietnamese Tradition on trial, 1920-1945", University of California Press, Berkeley et Los Angeles, 1981, p. 145). Kelly cite en ce sens un auteur colonial : "En fait, l'enseignement du seul quôc ngû […] aura pour effet de rendre accessibles aux Vietnamiens les seuls ouvrages de littérature et de philosophie que nous souhaitons leur faire connaître. C'est-à-dire ceux que nous jugeons utiles pour eux et aisément assimilables : uniquement les textes que nous transcrivons en quôc ngû (Kelly Gail, "Franco-Vietnamese Schools, 1918 to 1938", thèse de doctorat, University of Wisconsin, 1975, p. 22)

Durant les années 1770 et 1780, la révolte des frères Tay Son se rend maître du Vietnam. Le prince Nguyen Anh qui a échappé aux Tay Son se réfugie à Bangkok. 1787, Le fils de Nguyen Anh, le prince Nguyen Anh, âgé de 7 ans, accompagné de Monseigneur Pigneau de Behaine, arrive à la cour de Versailles et est reçu par Louis XVI. Nguyen Anh avec les aides en armes et en matière de stratégie et d'organisation militaires de Mgr Pigneau de Behaine et d'une poignée de soldats et d'officiers français, réussit à vaincre les Tay Son et à reprendre Huê la capitale du royaume en 1802. Il se fait couronner sous le nom de Gia Long. En 1804, la Chine reconnaît Gia Long comme son vassal et donne pour la première fois le nom de Vietnam au lieu de Nan-Viet à son voisin du Sud. Mais ce nom ne sera utilisé définitivement par les Vietnamiens eux-mêmes qu'après la Deuxième Guerre Mondiale.

La poignée de Français qui ont aidé Gia Long à vaincre les Tay Son, ont appris aux Vietnamiens la construction des Forteresses à la Vauban, dont celui de Huê.

C'est cette armée vietnamienne armée et entraînée à la française qui venait occuper le Cambodge sous le règne de la reine Ang Mei.

(3) "Bien qu'il soit indiqué que le canal de Prêk Chik constituait la limite de l'expansion viêt pour la partie occidentale (de la Cochinchine), il est difficile de savoir si chacun de ses deux tronçons formait ou non la ligne frontalière. Il est malgré tout vraisemblable - puisque Peam Sdei (Tradeu), située sur la rive gauche du Fleuve Antérieur, demeura cambodgienne jusqu'au règne de Narottam (d'après une lettre du gouverneur de Cochinchine du 6 novembre 1865) - que la ligne frontalière suivait le canal de Prêk Chik depuis Peam jusqu'à Moat Chrouk, puis de ce poste frontière jusqu'à Peam Sdei avant de s'enfoncer selon un tracé indéterminé dans la Plaine des Joncs. Il faut cependant observer que ce canal, malgré le blocus des Vietnamiens - qui prétendaient tout simplement être les intermédiaires des Khmers avec les nations étrangères, et avaient de ce fait interdit son accès aux jonques de commerce cambodgiennes - continuait à être franchi par les Khmers habitant tant sur la rive septentrionale que sur la rive méridionale, et qui se refusaient à le considérer comme une frontière.

"En 1858, alors que les Français étaient est train d'opérer en pays vietnamien, le gouverneur de la partie khmère de Peam (Hatien), l'Ukana Raja Setthi nommé Kaep, alla reprendre, sur ordre du roi Hariraks Rama (Ang Tuon), la province de Treang Troey Thbaung (viet. Tinh-Bien), et aussi attaquer les provinces de Bassac, de Preah Trapeang, de Kramuon Sar et de Moat Chrouk. Après l'accession au pouvoir en 1860 du roi Narottam - le Norodom des ouvrages européens - les chroniques royales khmères notent que ce monarque fit de ce même gouverneur son ministre de la guerre et lui confia de nouveau le commandement des troupes opérant au sud du canal Prêk Chik. Dans une note rédigée par Doudart de Lagrée, celui-ci indique que le gouverneur Kaep, à la suite d'hostilités entre Khmers et Vietnamiens au sujet des Cam et des Malais, poursuit les Vietnamiens, Cam et Malais jusque dans Treang Troey Thbaung, s'y maintint, et envoya régulièrement le tribut à la cour d'Oudong "sans objection de la part desAnnamites", et cela jusqu'à l'arrivée des Français -(d'après A. B. de Villemereuil, 1883, les opérations de Kaep ont certainement un rapport avec les insurrections khmères dirigées par les adjoints de l'ancien gouverneur de Bassac nommé Lim, qui tentèrent en 1859 de secouer à nouveau le joug vietnamien et qui mirent en déroute en 1860 les troupes vietnamiennes. D'autres insurrections khmères se produisirent par la suite sans interruption jusqu'à l'installation des Français dans cette province, celle-ci étant faite d'ailleurs avec la participation active des Cambodgiens. A cette époque, les Français remplacèrent partout les chefs et les sous-chefs de canton par des fonctionnaires cambodgiens. Dans Monographie de la province de Soc-trang, 1904, p. 66-67 et A. Forest "Le Cambodge et la colonisation française" Ed. L'Hamattan, Paris 1980, p. 434) - , ce qui revient à dire que depuis les événements de 1858, les Cambodgiens étaient redevenus maîtres d'une partie de leurs anciens territoires situés au sud du canal Prêk Chik, notamment de cette province de Treang Troey Thbaung qui, partant de la partie centrale du Canal Prêk Chik et englobant la région de Svay Tong (Triton), s'étendait au moins jusqu'au Phnom Thom (Viet. Nui Sap) au pied duquel coule le canal de Kramuon Sar."

Dans "La frontière entre le Cambodge et le Vietnam du XVIIè siècle à l'instauration du protectorat français, présentée à travers les chroniques royales khmères" par Mak Phoeun, article dans "Les frontières du Vietnam", sous la direction de P. B. Lafont, Ed. L'Harmattan, Paris 1989.

(4) Malleret, ici, se réfère aux thèses de Georges Coedes. C'est normal à cette époque. Bernard-Philippe Groslier a fait des recherches plus approfondies et a eu des documents que ne connaissaient pas Coedes. Nous reproduisons ci-dessous un texte de B.-P. Groslier :

"Quoi qu'il en fût, les origines de ce commerce, certainement antérieure à la Rome impériale, restent incertaines. Rien en réalité ne permet d'affirmer qu'il s'est établi d'ouest en est. Les textes chinois, nombreux et précis, sont clairs. Dès les Han antérieurs, soit au IIè siècle avant J.-C., les Chinois trafiquaient dans les mers du Sud. La preuve archéologique en est donnée par les nombreuses céramiques Han retrouvées à Java, antérieures de quatre siècles aux premiers vestiges indiens. Les relations de la Chine furent naturellement actives avec les pays frontaliers comme la Birmanie et le Vietnam, au point de conduire en 111 avant J.-C. à la conquête du Nord-Vietnam. Si l'on se fonde sur ces données, incontestables et cohérentes, on peut penser que les Chinois et les peuples à leur contact direct, entrèrent en relation avec l'Inde, offrant leurs épices et leur soie : nous savons que celle-ci arrivait par mer dans le Sud indien. De ce point de vue, les Indiens eux-mêmes n'auraient fait que suivre tardivement les mêmes routes, mais d'ouest en est cette fois.

"Les textes chinois sont également formels : les peuples indigènes du Sud étaient de hardis navigateurs, au point que les commerçants célestes utilisaient de préférence leurs navires. Cela implique des sociétés techniquement avancées et socialement organisées. Or l'étude de l'Âge du bronze de cette région - en gros le Ier millénaire avant J.-C. - prouve leur existence. Il est donc évident que des civilisations ou du moins des foyers fort avancés existaient dans cette région et commerçaient activement par mer. Sur le plan théorique, ce fut une erreur des premiers historiens de l'indianisation que d'avoir négligé les "récipiendaires" de celle-ci, ou de les avoir implicitement tenus pour des "primitifs". Une civilisation aussi complexe que celle de l'Inde n'a pu être assimilée puis développée que par des sociétés déjà avancées - surtout sans conquête de peuplement. Sans doute le hiatus entre historiens et philologues, d'une part, préhistoriens et archéologues, d'autre part, rend-il compte de cette faille de raisonnement."

Bernard-Philippe Groslier

"Archéologie des échanges commerciaux", article dans "Le grand Atlas de l'Archéologie", Ed. Encyclopaedia Universalis, Paris 1985, page 254.

Un témoignage de l'époque angkorienne confirme le texte de B.-P. Groslier :

"Ayant recherché en pays étranger une foule de livres philosophiques et les traités tels que le commentaire du Tattvasangraha, ce sage en répandit l'étude"

Stèle de Vat Sithor (Xè siècle), stance XXIX, traduction par G. Coedes avec l'aide d'Au Chieng, Professeur de sanscrit et de pali à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Bulletin de l'Ecole Française d'Extrême-Orient, Volume VI, Paris 1954, p. 205.

Ce texte confirme les propos de B.-P. Groslier. Ce sont les Cambodgiens de la période du Fou-Nan, puis du Chen-La (Cire pure ou Kramourn Sar), de la période angkorienne qui étaient allé aux Indes et ramener les documents de la civilisation indienne. D'ailleurs, à ce jour, il n'y a aucun document indien qui dit le contraire. De nos jours, il y a des Cambodgiens qui vont à Ceylan et en Inde pour étudier les textes bouddhiques. Il y a des bonzes cambodgiens en Inde et aucun bonze ou brahmane indien au Cambodge. Par contre il y a des témoignages sur la présence des religieux indiens en Chine, comme un certain bonze indien Boudhiama qui a séjourné à la pagode de Shao-Lin au VIè siècle et qui a inventé le Kon-Fu. De nos jours, le Kon-Fu et ses variantes comme le Karaté japonais ou le Tai-Kwan-do coréen, sont des sports très à la mode.

(5) Malleret se réfère encore probablement à G. Coedes qui, sans aucune référence attribue un sens péjoratif au mot "Yun" ou "Yuon" et le fait dériver arbitrairement au sanscrit "Yuvana". Alors comment se fait-il que les Thais aussi utilise aussi ce mot Yuon pour désigner les Vietnamiens sans connotation péjorative ? Les Chams aussi ? En réalité Yuon vient de Yué ou Yüeh ou Viet (en vietnamien le v se prononce un peut comme le y). Il est regrettable que Akashi puis certains Occidentaux proches des communistes vietnamiens nous accablent re racismes en utilisant ce mot. D'ailleurs, dans un rapport fait pas un de nos compatriotes, lors d'une réunion le 7 mars 2004, des anciens hauts responsables du régime installé par les USA au Sud Vietnam avant 1975, nous citons :

"Nous devons patienter, ne pas bouger un moment. Le Cambodge est très important pour le Vietnam à l'avenir", disait Quang Ngoc Try qui ajoutait : "Hanoi peut tuer Hun Sen à n'importe quelle heure, et Hun Sen sait qu'il est suivi nuit et jour par des agents vietnamiens. Actuellement environ deux millions de Vietnamiens [au Cambodge] sont déjà capables de vivre d'eux-mêmes. Les gens de Hanoi ont le plan suivant : sur 10 millions de Khmers, nous devons insérer au moins de 5 à 8 millions de Vietnamiens. Alors nous pourrons y faire tout ce que nous voudrons. Nous pourrons faire des manifestations contre diverses mesures, en nous appuyant sur les droits de l'homme. Nous pourrons aussi y faire la guerre pour résister car des armes y sont déjà acheminées et stockées. Nous avons des voies d'approvisionnement à partir de la frontière. Alors c'est sûr que le Cambodge ne sera pas en paix. Nous voyons nos avantages sur les Khmers sur toutes les issues."

Les Vietnamiens peuvent s'installer librement au Cambodge ". Nous pourrons faire des manifestations contre diverses mesures, en nous appuyant sur les droits de l'homme. Nous pourrons aussi y faire la guerre pour résister car des armes y sont déjà acheminées et stockées.", tout cela sous la protection des ONG qui défendent les "Droits de l'Homme". Mais il n'y a aucune ONG de ce genre pour protéger les Cambodgiens du Kampuchea Krom, ni ailleurs dans le monde. Or ces Vietnamiens viennent s'installer librement au Cambodge, y imposer leurs lois et même à nous les imposer par la force si c'est nécessaire.

En conclusion, c'est nous, de nous unir pour imposer à la communauté nationale notre vocabulaire et aussi la souveraineté de notre nation sur l'ensemble de notre territoire et de nos eux territoriales.

Khemara Jati
khemarajati@sympatico.ca
Montréal, Québec
Le 29 mars 2004