Le traité franco-siamois de 1867
Nouvelles du Cambodge N° 0834-F
PREAH VIHEAR
et le Protectorat Français de 1863
Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 28 juillet 2008
Pour comprendre le problème de Preah Vihear, il n’est suffisant de remonter seulement aux Traités entre la France et alors le Siam de 1904 et 1907. Il faut remonter à un peu plus loin. En effet le traité du Protectorat Français du 11 août 1863. A partir de cette date, la France est sensée représentée le Cambodge dans toutes les relations internationales, en particulier avec le Siam.
Rappelons que, le 5 juillet 1867, la France signe avec le Siam un traité par lequel, la France cède unilatéralement au Siam non seulement nos provinces actuelles du Nord-Ouest dont Battambang et Mlou Prey, mais aussi Chanthabury, Trat et les îles au large. Maintenant beaucoup d’habitants de ces provinces thaies limitrophes du Cambodge de l’Ouest, parlent encore cambodgien. De nos jours aucun livre d’histoire du Cambodge de parle de ce traité de 1867, sauf le livre « Histoire du Cambodge » de Adhémard Leclère, page 490 – 491 :
« Cependant inquiété par le délégué siamois à Oudong, le roi du Cambodge avait secrètement signé avec le Siam un traité semblable à celui qu’il avait signé avec nous (la France). En mars 1867, le gouvernement de Bangkok, voyant que ce traité était soupçonné de nous, s’empressa de lui-même de déclarer qu’il avait traité avec le roi Norodom à une époque où il ignorait encore qu’un traité liait le Cambodge à la France, et que, l’ayant appris, il annulait le sien afin de ne pas nuire à notre action. Or, à cette heure, le roi de Siam venait de signer avec notre consul (Charles Louis de Montigny) à Bangkok, qui ne connaissait pas la situation réelle et à l’insu de l’amiral gouverneur (de la Cochinchine), un traité par lequel nous reconnaissions que les provinces d’Angkor et de Battambang appartenaient au Siam.
« Ce malencontreux traité fut connu à Saigon en juillet 1867 ; notre gouvernement d’alors l’avait, très à la légère, ratifié à Paris (le 5 juillet 1867) et ces belles provinces – que l’amiral et que M. de Lagrée, le représentant du protectorat français au Cambodge, voulaient faire restituer au royaume – furent pour quarante ans encore perdues au royaume. L’amiral était mécontent, M de Lagrée, notre représentant du Protectorat à Oudong était furieux. »
Les traités de 1904 et 1907 furent donc des compromis aux dépends des intérêts cambodgiens. La France avait cédé au Siam nos provinces à l’Ouest de Battambang et les îles au large.
Durant l’occupation siamoise de nos provinces actuelles de l’Ouest et du Nord-Ouest, dont Battambang, contrairement aux informations données par des documents étrangers de nos jours, le Siam n’a pas ménagé ses efforts pour les siamiser. Le Siam a essayé en vain de mettre à la place d’un membre de la famille de Kathathan, un Siamois docile aux ordres de Bangkok, pour gouverner Battambang. La population de ces provinces a refusé de parler siamois. Au contraire, des familles cambodgiennes de ces provinces deviennent des hommes politiques de premier plan à Bangkok comme Pridi et Aphayvong par exemple. De nos jours un certain nombre d’officiers thais de haut rang parlent cambodgiens et sont mariés à des femmes cambodgiennes de Battambang. D’autres sont des descendants de Cambodgiens reconnaissables souvent par leur nom. Ainsi si les Cambodgiens de Battambang conservent leur identité culturelle durant l’occupation siamoise, ce n’est pas par bonté du pouvoir thai.
Pridi (11 mai 1900 – 2 mai 1983 à Antony, France) a fait ses études de droit à Paris. II a été anobli par le roi thai avec le titre de Luang Pridi Phanomyong. Après ses échecs politiques, il vient vivre en France jusqu’à sa mort. Il est intéressant de noter qu’un étudiant cambodgien, Kheng, venant faire un stage à Paris avant 1970, a vécu avec une nièce de Pridi.
Dans la biographie officielle de Luang Pridi, on ne fait aucune référence à ses origines cambodgiennes. C’est normal. Ainsi, beaucoup de documents officiels sont de véritables mensonges. L’histoire est écrite par les vivants, c’est-à-dire par les vainqueurs. Il faut souvent se le rappeler.
Passer son temps à accuser le passé c’est accepter d’avance que l’avenir soit construit par d’autres. C’est entrer dans l’avenir à reculons. Le plus important est de participer à la construction de l’avenir de notre pays avec nos nouvelles générations.
En Conclusion, par les traités de 1904 et 1907, la France n’a récupéré pour le Cambodge qu’une petite partie des domaines terrestres et maritimes cambodgiens perdus par le traité de 1867. Preah Vihear appartient donc au Cambodge depuis bien avant l’arrivée des Français. Ce n’est pas le fait qu’un de nos gouverneurs de provinces fasse allégeance au Siam ou à l’Annam pour dire que cette province appartient au Siam ou à l’Annam. Le plus important est d’étudier à fond l’attitude des Cambodgiens habitant ces provinces au moment de la colonisation française. Nous reviendrons, une autre fois sur le cas de Hatien et d’autres provinces cambodgiennes de Cochinchine au moment de l’arrivée des Français.
Nous souhaitons que nos compatriotes fassent des recherches plus approfondies sur ces questions en consultant, de préférence, les documents de l’époque, étrangers et cambodgiens et aussi en interrogeant des personnes dont la famille ou des connaissances ont des rapports avec notre histoire de cette période. Les documents actuels contiennent beaucoup d’informations inexactes mais aussi des faits réels. Il faut savoir les trier avec beaucoup de discernement.\
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