2008-07-22

Angkor avant et après - Une histoire culturelle des khmers

(Traduction française)

ANGKOR AVANT ET APRES - UNE HISTOIRE CULTURELLE DES KHMERS

par David Snellgrove,
édition Weatherhill,
Bangkok, 2004.

Page 4

A partir du 8ème siècle les peuplements Khmers commencent à apparaître non seulement dans la région d’Angkor (Voir chapitre 2, « Autres premiers peuplements ») mais aussi dans le Nord des chaines de Dangrek dans ce qui est aujourd’hui le territoire thaï. Avec la fondation d’Angkor à la fin du 9ème siècle, les temples khmers commencent à apparaître dans le plateau de Korat et aussi dans l’ouest là où ce plateau descend vers la vallée Chao Praya, facilitant même l’accès vers ce qui est maintenant le centre de Thaïlande et jusqu’à la péninsule Thai-Malay. Au 11ème siècle, le pouvoir khmer s’étend au Nord jusqu’à Sukhothai dans le Nord-Ouest et Sakhon Nakon dans le Nord-Est. Avant l’arrivée des Thaïs (à partir du 12ème siècle), les habitants de ces territoires, que ce soit dans la Vallée de Chao Praya ou du Plateau de Korat et dans le Nord, étaient principalement des Môns, une population qui, comme il sera précisé plus loin, était apparentée aux Khmers. Au Sud, le long de la péninsule Thai-Malay, la population était principalement des Malais. A l’Ouest, le pouvoir khmer s’étendait jusqu’à la proximité des frontières actuelles Thai-Birmanes près de Khanchanaburi (spécifiquement le temple-forteresse khmer de Muang Singh, non loin du fameux « Pont de la Rivière Kwai »). A l’Est, les Khmers se sont établis pas plus loin que le Sud-Laos, car ils étaient bloqués par la chaîne montagneuse annamite qui les séparent des principautés Cham le long de la côte.

Pages 6 - 7

L’origine de la Civilisation Khmère

Les premiers habitants de l’Asie du Sud-est.

Historiquement, les Khmers sont l’un des premiers peuples connus sur le territoire du Sud-est asiatique, communément appelé Indochine. Ils occupaient les parties moyenne et inférieure de la Vallée du Mékong depuis la partie inférieure de la Vallée Mun jusqu’au Sud vers les côtes. Leurs voisins à l’Ouest et au Nord étaient les Môns qui occupaient ce qui est aujourd’hui le centre de la Thaïlande (autour du Golfe de Siam) et le Plateau de Korat au Nord de la chaîne Dangrek qui forme aujourd’hui la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Leurs voisins à l’Est étaient les Chams qui occupaient les vallées inférieures du fleuve le long des côtes orientales de l’Indochine. Ainsi, la carte politique de cette partie du monde présente aujourd’hui, une image totalement différente de la situation existant durant le premier millénaire de notre ère, car la Thaïlande et le Vietnam tels qu’ils sont constitués actuellement, n’existaient pas. Les Thaïs et les Viets étaient arrivés plus tard en scène, se rabattant du Nord vers le Sud. Dans un cas, sur les Chams qui furent complètement déplacés et aujourd’hui, n’ont plus de pays. De même, les Môns et leur hautement développée culture furent absorbés dans les civilisations birmane et thaïe, développées plus tard. Les Thaïs ont également adopté d’importants éléments linguistiques, sociaux et architecturaux de la culture khmère qui est le principal sujet de ce livre. Malgré l’implacable pression thaïe, les Khmers ont survécu comme pays indépendant. Sa superficie s’est beaucoup réduite depuis la période de l’expansion maximum khmère (11ème au 13èmesiècles), mais elle n’est probablement pas très différente de celle occupée au début de son histoire enregistrée dans les 6éme et 7ème siècles.


Le nom « Indochine » donné au territoire sud-est asiatique, n’est pas satisfaisant car il suggère faussement que c’est une région culturelle en partie indienne et en partie chinoise sans aucune caractéristique propre. Bien que la Chine ait des intérêts commerciaux et politiques continuels dans toute la région depuis les premières années historiques connues, les influences culturelles chinoises n’ont profondément marquées leurs empreintes que sur les Viets qui, comme il est mentionné ci-dessus, sont arrivés plus tard sur la scène, généralement depuis le bassin de la Vallée du Fleuve Rouge. Par contraste, les influences culturelles indiennes ont été si profondes et si répandues que certains écrivains se sont référés à l’Indochine comme «l’Inde extérieure » et les plus passionnés scholars indiens ont même insinué que des colonies indiennes se sont établies tout le long des nombreuses régions côtières d’où la culture indienne se répandit facilement à l’intérieur du territoire.

Aujourd’hui, il y a une forte réaction contre une telle interprétation et certains scholars tendent à aller dans l’autre extrême, en soulignant la nature indigène de l’organisation sociale locale et essayant de minimiser la contribution indienne. Des récentes recherches archéologiques ont montré maintenant que les bases sociales et économiques de la civilisation Môn-khmère sont essentiellement indigènes, comme il sera démontré ci-dessous, mais il est indéniable que l’impact culturel de l’Inde était énorme. Cela est inévitable parce que les Môns, les Khmers et les Chams, tous auparavant illettrés, ont adopté l’écriture indienne non seulement pour écrire leurs propres langues, mais aussi pour l’importation de la littérature Sanscrit et Pali qui allait former les bases de leurs premières tentatives littéraires et qui les ouvriront en même temps aux concepts culturels et religieux indiens. Par contraste, seuls les Viets ont adopté le système chinois d’écriture et avec des résultats analogues.

Les facteurs indigènes

Tout d’abord, sommairement et brièvement voici ce qui est connu de la civilisation indigène Môn-khmère. Notre information est limitée en grande partie à la région Môn du centre de la Thaïlande et de la région voisine de Korat où les Khmers avaient à peine pénétré jusqu’au début du 9ème siècle. Par suite des effroyables conditions politiques au Cambodge durant la seconde moitié du 20ème siècle, les fouilles au Cambodge même étaient rares jusqu’à seulement récemment. Cependant nous pouvons présumer qu’il existe des similitudes entre le centre de Thaïlande et le Cambodge, non seulement parce que les conditions sociales et économiques des Khmers telles qu’elles sont connues au 7ème siècle seraient incompréhensibles sans la présomption des premières phases nécessaires. Les fouilles en Thaïlande ont permis d’enregistrer l’existence de plusieurs sites néolithiques datant du 2ème au 1er millénaire avant JC, et aussi de l’âge de bronze (depuis 1500 avant JC) et même un nombre significatif de sites de l’âge de fer (depuis 700 avant JC) ce qui nous amène relativement près du début de la période historique. Typique des sites néolithiques est l’emploi de la poterie et des haches en pierre polie. Il y a aussi des indices d’agriculture primitive et d’élevage d’animaux. La découverte de la métallurgie, initialement celle du bronze (un alliage du cuivre avec l’étain ou le plomb), et plus tard, celle du fer, pourraient nous conduire directement aux premières périodes historiques connues.

D’abord le bronze puis après le fer qui est plus dur, se transforment en instruments agricoles, conduisent à d’importantes déforestations pour la fondation de nouveaux peuplements. Transformés en armes, ils donnent une plus grande envergure à la tendance humaine à la domination et à la violence. Certains de ces sites ont une longue histoire et, tôt ou tard, absorbées par l’avance des Khmers vers le Nord et l’Ouest à partir du 9ème siècle. On peut mentionner notamment Srîdep (Srideva, écrit aussi Sri Thep), qui, comme son nom le suggère, était une ville entièrement « indianisée » qui était alors florissante au 13ème siècle. Ici c’est probablement un exemple des interrelations ultérieures entre Môns et Khmers.

Au cours de ma rédaction, j’ai lu un article du Dr. Douglas O’Reilly et M. Pheng Sytha de l’Université Royale de Phnom Penh sur certaines récentes fouilles dans le nord-ouest du Cambodge (village de Snay dans la province de Banteay Meanchey) où la construction d’une nouvelle route a permis de découvrir fortuitement une sépulture de l’âge de fer.

La fouille (5 mètres par 15)a révélé 9 sépultures préhistoriques et plus de 300 objets façonnés comprenant des récipients en céramique, des perles en verre (glass beads), des meules en pierre (grinding stones), des perles en cornaline (carnelian beads), des bracelets en bronze, et des outils et armes en fer. Il y a peu de preuve d’armure de protection pour le corps humain dans l’endroit excavé mais un homme était enterré avec un dépôt de pointes en fer et une épée en fer. Ce jeune homme adulte était aussi enterré avec des boucles d’oreilles vertes, des bagues en bronze, des perles en verre et de grandes canines de tigre autour du cou. La main gauche de l’homme tenait un objet en bronze non identifié. Les autres sépultures n’étaient pas aussi bien désignées. Un enfant, âgé de 2 à 3 ans, était enterré avec des bracelets en ivoire, des perles de verre et un objet en fer non identifié.

Bien que la date du site ne soit pas connue, on pense qu’il fut occupé durant les premiers siècles de notre ère. Cela nous amène remarquablement proche des premiers sites historiques connues, non encore excavées, et marquées par les anciennes inscriptions des 6ème et 7ème siècles.

Page 179

« Quand les Khmers ont été chassés de Sukhothai par les Thaïs en 1220, Wat Sri Savi était probablement déjà en construction. La tradition khmère de construire cette forme de tour continua à Sukhothai et à Ayuthya »

Dans un guide touristique sur Internet.

« Sakhon Nakhon existait comme une grande ville dans l’Empire Khmère de Khotraboon, avec l’ancienne cité de Srikhotraboon dans l’actuelle province Udon Thani comme capitale, au sommet de sa gloire durant le 12ème siècle. De nombreux tombeaux et objets khmers sont autant de témoignages des principales attractions de la province. Le tombeau des Reliques religieuses de Narai Jongweng, Phuphek, Dum et le Pont Khmer en sont des exemples.

posté par Khemara Jati
khemarajati@sympatico.ca

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