2008-03-22

Cambodge - Preah Vihear - Thailande

Nouvelles du Cambodge N° 0817-F

CAMBODGE-PREAH VIHEAR-THAILANDE

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 20 mars 2008

Forces en présence

Avant de donner notre opinion, sur Preah Vihear, nous essayons d’analyser le rapport des forces en présence.

Du côté Thai :

1/. Le peuple thai est instruit, uni par la langue du primaire jusqu’aux universités, par l’histoire écrite par des historiens Thais et par la prospérité économique.

2/. L’armée, la marine et l’aviation thaies surclassent cent fois nos forces militaires.

3/. Les provinces de l’Ouest du Cambodge, y compris la ville de Siem Reap, sont tributaires de l’électricité thaie. En position de monopole, cette électricité thaie est vendue au Cambodge 50 % plus chère qu’en Thailande.

Du côté Cambodgien :

1/. Le peuple cambodgien reste encore très ignorant. Seulement un peu plus de 50 % de Cambodgiens savent lire et écrire. Nous sommes encore divisés sur l’utilisation de notre langue comme langue véhicule dans les universités. Il n’y a pas encore ni des articles ni des ouvrages de vulgarisation scientifique ou technique.

2/. Notre histoire est encore écrite presque exclusivement par des étrangers. Ces histoires du Cambodge ne sont pas écrites pour nous unir, au contraire.

3/. L’aviation cambodgienne est inexistante. L’armée cambodgienne n’est composée que de généraux et d’officiers dont beaucoup sont des Vietnamiens. Une armée de parade capable seulement de réprimer le peuple.

4/. La marine cambodgienne n’est même capable de protéger efficacement nos eaux territoriales.

5/. Le problème des médias des grandes puissances qui ne sont pas de notre côté comme Kenneth So le dit au sujet de l’utilisation du mot «Yuon » utilisé couramment par les Cambodgiens depuis un millénaire, mais jugé brusquement péjoratif par les médias internationaux. Nous reproduisons ci-dessous les arguments de Kenneth So :

« Reason #2
I believe the misunderstanding on the meaning of the word “Yuon” was caused by foreign advisors to Yasushi Akashi when he was the head of UNTAC in Cambodia. Those so-called foreign experts in Khmer language told Akashi that the word “Yuon” was a derogatory word. This misunderstanding then spread out like a wildfire. Now it is impossible to convince Westerners otherwise. We would have spent too much energy defending the usage of the word “Yuon” and reaching only a small percentage of the western population for our explanation. Do we have to defend our usage of the word “Yuon” every time a Westerner questions our intention? Can our valuable time be put to better use instead ? »


« Reason #4
There are more Westerners and international newspapers and media in the world than in Cambodia. The international newspapers can reach a greater number of audiences in the world than we can. If western newspapers print out in their articles that we are racist because we use the word “Yuon” to label the Vietnamese, it will then reach a very large numbers of readers in the world. It is therefore impossible for us, Khmers, to target that many numbers of readers to counterbalance our view. Additionally, it is very hard to justify our usage of the word “Yuon” or “Chen” to the Westerners when there are acceptable replacements for those words in French or English that are used internationally by every country. »

6/. A l’Est le Vietnam est en train de grignoter nos terres. Il suffit d’aller à la frontière vietnamienne sur la RN 1, à Bavet pour voir comment les Vietnamiens utilisent la porte d’entrée au Cambodge. Ouvrir d’autres portes c’est faciliter l’avance de la vietnamisation sur nos terres. Il faut noter que certaines grandes puissances financent la construction des bonnes routes de Saigon à nos frontières. Alors que les routes de Phnom Penh à nos frontières sont en général très mauvaises. Ci-dessous, Sok Kong le président de la société vietnamienne Sokimex, ne se cache plus il annonce en vietnamien, sa fierté d’être Vietnamien. A quand d’autres Vietnamiens au pouvoir politique, militaire ou économique annonceront qu’ils sont des Vietnamiens ?

de KI Média
« Hun Sen's crony and associate Sok Kong: "I am a Vietnamese. I'm proud of that"
Sok Kong: I am a Vietnamese

20 March 2008
Translated from Vietnamese by Wanna
Originally posted at: http://www.xwanna.com/
Original article in Vietnamese: “Tôi là người Việt Nam!"

May be some people are still skeptical about who is Sok Kong ? Now, believe me and believe him (Sok Kong)! Oknha Sok Kong said...

Tôi sinh ra ở Prey Veng. Ba mẹ tôi là người VN, tôi được sinh ra ở CPC. Năm 1975 sang VN làm ruộng ở Đồng Tháp. Lúc đó tôi 23 tuổi. Năm 1979 tôi trở lại CPC.
Translation: I was born in Prey Veng. My parents are Vietnamese, I was born in Cambodia. In 1975, I backed to VN and do farming at Don Thap province. I was then 23. In 1979, I returned to Cambodia.

Tôi giàu con lắm, có đến sáu đứa: ba trai, ba gái. Con trai đầu làm việc ở TP.HCM, con trai thứ hai quản lý khách sạn và xí nghiệp may số 1, con trai thứ ba quản lý xí nghiệp may 2, ba đứa con gái còn đi học ở Úc.
Translation: I have many children, including 6: 3 sons, 3 daughters. My eldest son works at HCM (Ho Chi Minh) city; My second son is a manager of a hotel and garment factory Number 01; My third son is a manager of garment factory Number 02; My three daughters are all studying in Australia.

Trước đây vì một số lý do tôi không muốn ai biết mình là người VN. Còn bây giờ thì không. Tôi là người VN. Tôi vinh dự về điều đó!
Translation: In the past, from some reasons, I don't want anyone to know that I am a Vietnamese. Now, it's NOT. I am a Vietnamese. I'm proud of that.

7/. Notre seule force réside donc dans notre seule unité et dans la lutte. Pour le moment notre force sur le plan international réside fondamentalement sur l’opinion publique cambodgienne, en particulier celle de nos intellectuels. Cette opinion reste encore très divisée comme nous allons le voir dans ce qui suit. Mais quand cette opinion arrive par fois à s’unir, elle devient une force. C’est le cas par exemple pour défendre Preah Vihear.

Les négociations au sujet de Preah Vihear

Récemment la Thailande reconnaît officiellement que Preah Vihear nous appartient conformément aux décisions du Tribunal International de la Haye et à l’ensemble de la volonté exprimée du peuple cambodgien, en particulier des intellectuels. Ce qui montre que l’opinion populaire et en particulier celle des hommes politiques et des intellectuels, est une force. Mais quelles sont les concessions de la part des Cambodgiens ?

1/. Le terrain autour du monument de Preah Vihear appartient au Cambodge et à la Thailande. Selon le principe imposé par le plus fort : « Ce qui est à moi est à moi dit la Thailande. Mais ce qui est à toi on va le partager. En attendant le moment favorable pour se l’approprier totalement.

2/. Interdiction au Cambodge de construire des routes asphaltées de Phnom Penh à Preah Vihear et d’Angkor à Preah Vihear. Chea Sophara a essayé d’en construire une, a été limogé le 11 février 2003, sur ordre de Hoc Lundy et remplacé par le maire actuel de Phnom Penh Kep Chuktema. De nos jours, avec une bonne voiture 4X4 tout terrain, il faut une journée pour l’aller et une autre pour le retour. Ceux qui l’ont essayé qualifient cette route de hellish ou de dancing selon l’humeur des voyageurs. Ce qui fait que seule la Thailande peut exploiter le tourisme à Preah Vihear. C’est comme la Thailande qui vient occuper notre maison. Sur pression de notre opinion publique, la Thailande accepte de déclarer publiquement que le monument Preah Vihear appartient au Cambodge. Mais pour le moment c’est la Thailande qui l’occupe et l’exploite à sa guise. Un groupe de Cambodgiens, qui a bravé la route infernale, avec une bonne voiture tout terrain a pu constater que même en venant du Cambodge, il faut payer en bath pour pouvoir visiter « notre » monument Preah Vihear. Ils ont renoncé à payer et ont rebroussé le chemin. Mais ils ont pu constater la misère de nos compatriotes qui sont obligés de vivre à côté de la prospérité thailandaise. D’après le projet de Chea Sophara, en plus d’une bonne route asphaltée pour atteindre Preah Vihear du côté Cambodgien, il y était prévu de construire un téléphérique pour les personnes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas atteindre Preah Vihear par l’escalier. Il est nécessaire aussi de construire de bonnes routes pour désenclaver toute cette région Nord du Cambodge aussi bien pour le tourisme que pour le développement économique de cette région frontalière. C’est la solution la plus importante pour défendre nos frontières.

Aux dernières nouvelles, il semble que la construction d’une bonne route pour aller à Preah Vihear est d’actualité. Enfin ! Mais dans combien de temps ?

3/. L’important monument angkorien Ta Mean est maintenant occupé militairement par l’armée thaie et est un site touristique du côté thai. La Thailande prétend unilatéralement que les cartes françaises et cambodgiennes s’étaient trompées en plaçant Ta Mean du côté cambodgien. La raison du plus fort est toujours la meilleure dit le proverbe.

4/. Interdiction de construire une route asphaltée de Sisophon à Siem Reap Ville, pour que la compagnie aérienne Thai Airway puisse garder le monopole de la liaison Bangkok – Siem Reap Ville et pratiquer le tarif exorbitant que l’on sait.

5/. En août 1997, soit un mois après le coup d’Etat du 5 juillet 1997, le Vietnam et la Thailande s’entendent pour se partager plus de la moitié de notre plateau continental et signent un traité. D’après ce traité, le Vietnam occupe notre île de Way. Maintenant la compagnie américaine Chevron trouve des réserves en pétrole et en gaz naturel sous notre plateau continental, dont une partie revendiquée par la Thailande au nom du traité signé ci-dessus. Donc la Thailande dit de nouveau : « Ce qui est à toi on va le partager ». C’est ce qui vient d’être signé par le pouvoir, installé par Hanoi depuis janvier 1979.

6/. La Thailande veut construire une très grande centrale électrique alimentée au charbon ou plus exactement en lignite, un combustible dix fois plus polluant que le charbon. Cette usine était refusée par le peuple thai. Alors le pouvoir actuel, courbe la tête et accepte la réalisation de ce projet, avec, donc, en prime une superpollution, inacceptable et refusée par le peuple thai. Il faut préciser que l’électricité produite sera utilisée, en priorité en Thailande et vendue aux Cambodgiens 50 % plus chère. Non seulement la pollution est pour les Cambodgiens et en plus le peuple cambodgien est obligé de payer cette électricité 50 % plus chère qu’en Thailande. En plus cette dépendance en énergie électrique, ne devient-elle pas un moyen énorme de pression politique inacceptable pour tout pouvoir qui défend les intérêts nationaux ? Pourquoi certaines grandes puissances préfèrent-elles financer la construction des lignes électriques à haute tension pour alimenter, en électricité payée 50 % plus chère, notre pays ? A l’Est en provenance du Vietnam et à l’Ouest en provenance de la Thailande ?

7/. Maintenant que notre pays va produire bientôt du pétrole et du gaz naturel. Il est inadmissible que le pouvoir à Phnom Penh n’ait pas encore de projets pour construire une raffinerie de pétrole et des centrales électriques alimentée par notre gaz et le mazout produit par notre raffinerie. Pourquoi continuer à payer 50 % plus cher qu’au Vietnam, les produits pétroliers comme l’essence par exemple ? Est-ce aussi une autre condition pour la reconnaissance que Preah Vihear appartient au Cambodge ?

8/. Le Vietnam, au nom du traité d’août 1997, ne va-t-il pas, aussi, exiger le partage de nos richesses en hydrocarbures sous notre plateau continental, mais revendiqués aussi par Hanoi ? Comme vient de l’obtenir la Thailande ? N’est-ce pas toujours : « Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi on va le partager » ?

Conclusion

Dans toute négociation avec le Vietnam et la Thailande, le pouvoir actuel installé par Hanoi depuis janvier 1979 et avec la complicité de certaines grandes puissances, se place dans une position de faiblesse. On dit qu’il y a développement économique au Cambodge, mais la très majorité des Cambodgiens vivent encore dans l’ignorance, la maladie et la misère. On parle de l’augmentation de notre commerce avec nos voisins. Mais on ne dit jamais quel est le bilan de ce commerce. Combien se montrent nos exportations vers nos voisins ? Qu’est ce que nous leur vendons et leur valeur ? Qu’est ce que nous leur achetons et leur valeur ? Notre économie basée uniquement sur le tourisme et l’industrie textile est extrêmement vulnérable.

Notre seule force repose sur l’opinion publique, comme nous venons de le voir au sujet de Preah Vihear et peut-être de la construction d’une bonne route pour atteindre facilement Preah Vihear du côté cambodgien. Pourquoi ce silence assourdissant sur les nombreux sujets que nous venons d’aborder ? Ne sentons-nous pas que nos sœurs, frères et compatriotes de Thailande et du Kampuchea Krom comptent sur notre combat pour pouvoir préserver leur identité culturelle basée sur notre écriture ? La génération actuelle ne se sent-elle pas responsable de l’avenir de nos enfants ?

This article is available into english upon request :
http://khemarajati.blogspot.com/2008/03/cambodia-preah-vihear-thailande.html

0 commentaires:

Publier un commentaire

S'abonner à Publier des commentaires [Atom]

<< Accueil