Nouvelles du Cambodge N° 0818-F
L’avenir du Cambodge réside principalement dans la pérennité de sa langue écrite
Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 4 avril 2008
Nous publions ci-dessous un article concernant l’existence de 24 langues maternelles au Cambodge. Les idées soulevées dans cet article, sont très importantes pour l’avenir de notre pays. Elles méritent une longue discussion au sein de nos compatriotes.
1 / Nous souscrivons entièrement aux travaux pour transcrire cinq langues parlées par nos minorités nationales, avec des caractères cambodgiens. C’est une façon importante pour que ces minorités ethniques restent au sein de notre communauté nationale. C’est aussi une façon d’enrichir notre langue de mots nouveaux apportés par ces peuples minoritaires. Enfin l’alphabet cambodgien est très riche en son, beaucoup plus riche que l’alphabet latin. Nos caractères peuvent transcrire un grand nombre de langues sans ajouter des signes ou des accents supplémentaires.
2 / Nous désirons apporter des précisions historiques sur les affirmations du ministre Kol Pheng, reproduites ci-dessous :
« Pendant la période du protectorat, a-t-il expliqué, nous avons été obligés d’utiliser la romanisation. Mais comme les Cambodgiens étaient très nationalistes à l’époque, la langue (écrite), a pu être conservée, ce qui n’a pas été le cas du Vietnam qui a changé ses symboles. »
Durant le protectorat, la langue cambodgienne est le dernier des soucis des colonisateurs. Pour eux seules deux langues ont de l’importance la langue française et la langue vietnamienne, comme l’a si bien dit Louis Malleret dans sa conférence faite en 1946. Au Cambodge, au moment de la création du collège Sisowath, l’examen d’entrer utilisait exclusivement la langue française. Ce qui favorisait les élèves vietnamiens aux détriments des Cambodgiens. Il a fallu se battre pour imposer des épreuves en langue cambodgienne. Ce qui entraîne une augmentation des élèves cambodgiens. Puis au moment de la transformation du collège Sisowath en lycée, les élèves cambodgiens étaient obligés de payer l’impôt de la capitation, pas les élèves vietnamiens. Il a fallu encore se battre pour faire cesser ce favoritisme envers les Vietnamiens. Il y a encore d’autres injustices criantes décrites dans la thèse de Khy Phanra « La Communauté Vietnamienne au Cambodge à l’Epoque du Protectorat Français (1863–1953) », soutenue en 1974, à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris III.
Pendant la période du protectorat, la langue nationale écrite est pratiquement inexistante. Pratiquement pas de journaux ni de romans et autres écrits. Alors qu’à Saigon fleurissait la langue vietnamienne romanisée, utilisée dans l’administration, dans les écoles, collèges et lycées. Les livres et journaux en français comme en vietnamiens se développaient librement. Les Vietnamiens pouvaient dénoncer ouvertement les oppressions du pouvoir colonial comme, par exemple la publication à Saigon du livre intitulé « Une Histoire de Conspirateurs Annamites à Paris, ou la Vérité sur l’Indochine » par Phan Van Truong, Docteur en Droit et avocat. Ce livre a été antérieurement publié en feuilletons dans le journal publié en France « La Cloche Fêlée du 30 novembre 1925 au 15 mars 1926, puis par les Editions Giadinh en 1928 à Saigon.
La romanisation de la langue vietnamienne a été inventée par le Père jésuite Alexandre de Rhodes en 1650. Mais elle n’était pas utilisée par la cour de Huê, vassale de la Chine, et ses sujets. Finalement, c’est le pouvoir colonial qui l’impose au début du XXè siècle :
« En Indochine orientale (« Tonkin », « Annam », et « Cochinchine »), la cible était cette fois la Chine et la civilisation chinoise. Alors même que les dynasties de Hanoi et de Hué défendaient depuis des siècles leur indépendance à l’égard de Pékin, elles régnaient à travers un système mandarinal délibérément calqué sur celui des Chinois. La bureaucratie recrutait en soumettant les postulants à des examens écrits sur des classiques confucéens ; les documents dynastiques étaient rédigés en caractères chinois ; et la culture de la classe dirigeante était fortement sinisée. A partir de 1895, ces liens anciens prirent encore un tour plus indésirable, lorsque les écrits des réformateurs chinois comme Kang Yu-wei et Liang Chi-chao, mais aussi de nationalistes comme Sun Yat-sen, se répandirent à travers la frontière septentrionale de la colonie. En conséquence, les examens confucéens furent successivement abolis au « Tonkin » en 1915, puis en « Annam » en 1918. Dès lors, le recrutement dans la fonction publique en Indochine (Vietnam) devait se faire exclusivement par un système de formation colonial en plein essor. De surcroît, le quôc ngû, écriture phonétique romanisée, conçue par les missionnaires jésuites au XVIIè siècle et adaptée dès 1860 pour la « Cochinchine », fut délibérément encouragé afin de rompre les liens avec la Chine – et peut-être aussi avec le passé indigène, en rendant les chroniques dynastiques et les littératures anciennes inaccessibles à une nouvelle génération de Vietnamiens colonisés. »
Dans « L’Imaginaire National, réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme », de Benedict Anderson, Ed. La Découverte, Paris 2002, pages 130, 131
Notons que la romanisation de la langue vietnamienne a non seulement rompu les liens culturels entre le Vietnam et la Chine, elle a aussi contribué à l’unification culturelle du Vietnam.
De nos jours la langue vietnamienne est la langue véhicule dans toutes les universités vietnamiennes avec une autre langue étrangère, depuis 1945. Ce qui permet au Vietnam de former, tous les ans, plus de 30 000 ingénieurs de hauts niveaux. En plus le Japon aide Hanoi à améliorer la langue scientifique vietnamienne pour la rendre plus cohérente.
A l’Ouest, la Thailande utilise sa langue dans ses universités depuis le XIXè siècle.
Nous au Cambodge, notre langue n’est pas encore utilisée dans nos universités. Ce qui fait que nous formons en petit nombre des médecins, des ingénieurs et des scientifiques, en majorité de bas niveau, à quelques exceptions près.
Nous sommes le seul pays de notre région à courir après les langues étrangères. Ce qui fait qu’au Cambodge, il n’y a pratiquement aucun ouvrage de vulgarisation scientifique. Nos librairies sont pauvres en livres en langue cambodgienne. Nous sommes très en retard par rapport à nos voisins sur le nombre de personnes sachant lire et écrire. Chez nos voisins, le nombre d’analphabètes est très en dessous des 10 %. Chez nous il avoisine les 50 %. En plus la course vers les langues étrangères risque de couper les bonnes relations entre les parents et les enfants experts en langues étrangères et qui méprisent la langue de nos ancêtres.
3 / « Le ministre de l’Education ajoute qu’il était inévitable que certaines d’entre elles disparaissent puisque d’autres propres au monde des affaires ou à l’informatique par exemple, prennent leur essor. »
Cette déclaration de Kol Pheng peut être interprétée de deux manières :
a / Ou bien le Cambodge doit-il courir après les langues du « monde des affaires et de l’informatique » et nous ajoutons les langues des sciences et des techniques ? Alors dans ce cas les Cambodgiens, sans connaissances scientifiques et techniques en cambodgien, quand ils vont faire leurs études en Chine les apprendront en chinois, aux Etats-Unis, ils les apprendront en anglais, en France, en français, au Vietnam, en vietnamien, en Thailande en thailandais etc. ? Alors la langue cambodgienne restera toujours inadaptée pour exprimer les idées et les connaissances en tout genre du monde moderne ! Dans ces conditions notre langue maternelle peut-elle exister durablement ? Sans le support de la langue, notre identité culturelle peut-elle être pérennisée ? Pourquoi ne pas prendre comme modèle certains petits pays, bien moins peuplés que nous comme la Finlande par exemple ? Pourquoi ne pas envoyer une délégation pour étudier le système universitaire finlandais ? Avec des intellectuels qui ne peuvent s’exprimer que dans un multitude de langue étrangère sans passer par notre langue, peuvent-ils s’unir un jour ?
b / Ou bien pourquoi ne pouvons nous pas faire comme la Finlande ou plus proche de nous comme la Thailande et le Vietnam par exemple ? En effet il est très important de connaître très bien, les « langages du monde des affaires et de l’informatique », comme l’anglais et la chinois par exemple. Mais est-ce pour cela négliger notre langue dans les universités ? Tous les peuples qui gardent leur langue, et l’adapte pour pouvoir l’utiliser dans les affaires, dans l’informatique et dans toutes les connaissances du monde moderne, comme le chinois, le japonais, le finlandais, le vietnamien et le thailandais par exemple sont assurer de la pérennité de leur langue, base fondamentale de leur identité culturelle respective. Suivre une voie contraire en continuant à utiliser uniquement des langues étrangères dans nos universités, c’est programmer la disparition de notre langue à terme. Dans ces conditions, notre langue ne sera-t-elle pas utilisée que par les vieux, les pauvres et les ignorants, c’est-à-dire sans avenir ? Alors notre langue maternelle ne rejoindra-t-elle pas les 40 % de langues en danger de disparaître ? Comment unifier un peuple si les intellectuels s’expriment dans de multiples langues étrangères, incompréhensibles pour le commun des mortels cambodgiens ? A commencer par nos propres parents ? N’est pas ce qui se passe déjà dans beaucoup de familles cambodgiennes à l’étranger ? Cette situation ne risquera-t-elle pas de se généraliser au Cambodge même ?
Certains de nos compatriotes citent, comme exemple, le cas de Singapour où l’anglais devient une langue universitaire prépondérante. Rappelons que l’histoire de Singapour remonte seulement à 1819, date de sa fondation par l’Anglais Sir Thomas Stamford Raffles. La totalité des habitants de Singapour sont dont des immigrés récents. Ils parlaient les diverses langues de leur pays d’origine. Ils sont unis par la langue imposée par les Anglais, dans l’administration. Ils n’ont pas, avant 1819, une langue commune léguée par leurs ancêtres depuis des millénaires. De nos jours, la grande majorité des habitants de cette cité-Etat d’environ 4 millions d’habitants sont de niveau universitaire et ils sont au moins bilingues, dont principalement anglais - chinois. Le Cambodge est-il dans ce cas ?
Le Cambodge a une histoire de plus de deux mille ans. Nos ancêtres nous ont légué une langue écrite vieille d’au moins depuis le VIè siècle, la plus vielle langue écrite de notre région. Ne pas la développer pour être en mesure d’exprimer toutes les nuances de la pensée et des connaissances du monde moderne, n’est-il pas une façon d’ignorer l’importance de nos racines et de notre histoire ? N’est-il pas d’une façon consciente ou non condamner notre langue à disparaître ?
Nous citons, ci-dessous les opinions des étudiants cambodgiens en archéologie à l’Université d’Hawaii :
« The majority of early archaeological investigations in Cambodia were conducted by the French, who occupied the country from 1863 to 1953. The “discovery” of magnificent Angkor Wat in 1850 initiated French archaeological interest in Cambodia, which was primarily concerned with the classic monumental structures of the historic period. The Ecole Francaise d'Extreme Orient, established in the late nineteenth century, began a period of intensified investigation of the physical remnants of the Khmer Empire. Colonial French cultural historians studied art, architecture, and inscriptions, generally addressing stylistic and symbolic issues in the valuable archaeological record provided by monumental architecture, statuary, and inscriptions.
During the colonial period, prehistoric Southeast Asia was considered to have been a cultural backwater. Consequently, early colonial archaeology attributed the development of social complexity in Southeast Asia to the diffusion of traits from other regions, primarily India and China.
« Some Khmer archaeologists, including Bong Sovath and Chheang Serei Vuthy, have characterized the French motivation for the pursuit of archaeology in Cambodia as an extension of colonial dominance. By securing ownership of Cambodia's past, the French consciously or unconsciously, but always implicitly, sought to extend their control of the Khmer people to the historical roots of their cultural identity.
« The French considered their own interpretations of Cambodian history and prehistory to be sufficient, rarely seeking indigenous input in the process of explanation. Archaeological survey, excavation, and data collection were organized and directed by French nationals, such as Henri Mansuy, with the extent of Khmer participation generally limited to physical labor. Site reports and all interpretive writing and analyses were written in French, not in the Khmer language, and were often removed from Cambodia. This encoded knowledge resulted in a culturally restricted audience. The only Khmer people who could access this information were the educated elite with training in the French language.
« The transformation and transportation of knowledge and material culture from their geographic and cultural context to external depositories belies the essentially extractive nature of colonialist archaeology in Cambodia. This problem continues today, resulting largely from Cambodia's lack of appropriate expertise, facilities, and equipment for conducting archaeological research with current analytical methods and techniques. »
Extrait d’une interview des étudiants cambodgiens en Archéologie à l’Université d’Hawaii par Alexander L. Wesson, le 4 avril 2002, et intitulé « Indigenous Cambodian Archaeology, Development, Motivations, and Directions. »
Maintenant ces étudiants ont participé aux fouilles conduites par une équipe américaine à Angkor Borei avec des résultats très importants que l’on sait. D’après ces fouilles, les historiens pensent qu’Angkor Borei était la capitale du Founan. Maintenant Bong Savath a obtenu son PHD. Que pense-t-il de la traduction de tous les documents archéologiques en cambodgien ? Ou tout au moins les documents publiés depuis 1991 ?
Nous souscrivons entièrement aux affirmations de nos étudiants en archéologie de l’université d’Hawaii, en particulier les parties suivantes :
« By securing ownership of Cambodia's past, the French consciously or unconsciously, but always implicitly, sought to extend their control of the Khmer people to the historical roots of their cultural identity.
« The French considered their own interpretations of Cambodian history and prehistory to be sufficient, rarely seeking indigenous input in the process of explanation. Archaeological survey, excavation, and data collection were organized and directed by French nationals, such as Henri Mansuy, with the extent of Khmer participation generally limited to physical labor. Site reports and all interpretive writing and analyses were written in French, not in the Khmer language, and were often removed from Cambodia. This encoded knowledge resulted in a culturally restricted audience. The only Khmer people who could access this information were the educated elite with training in the French language. »
Pour les étudiants cambodgiens en archéologie à l’Université d’Hawaii : la langue et l’histoire sont les bases fondamentales de notre identité culturelle et de notre identité nationale. Il est normal que les grandes puissances et nos voisins cherchent à nous imposer leur langue et aussi leur interprétation de notre histoire. C’est à nous Cambodgien de relever ce défit mortel pour l’avenir de notre pays et donc de nos enfants. Un peuple qui méprise sa langue maternelle et qui accepte une histoire écrite par des étrangers n’a pas d’avenir.
Avant de terminer, nous désirons faire une remarque sur les langues scientifiques et commerciales.
Les sciences, à commencer par les mathématiques abstraites sont inventées par les Grecs depuis au moins sept siècles avant J. C. Ils sont en partie par celles qui les civilisations qui les ont précédées : celle du Moyen Orient et celle des Egyptiens. Les Arabes ont apporté une contribution importante en conservant une grande partie des écrits antiques, les ont traduits en arabe en les améliorant. En Europe, l’invention de l’imprimerie en 1450 a permis la diffusion de tous ces documents antiques, traduits d’abord en latin puis dans toutes les langues européennes. Les premiers documents, comme la géométrie d’Euclide, sont traduits à partir de l’arabe. Puis, coïncidents heureux pour les Européens, en 1453, les Turcs ont conquis Constantinople et chassé les érudits chrétiens qui en venant en Europe de l’Ouest, ont emmené avec eux un grand nombre d’autres documents grecs et romains.
La suite ne se fait pas attendre. Grâce à la diffusion de l’Almageste de Claude Ptolémée, les Européens avaient le concept de la sphéricité de la terre. C’est cette idée qui a motivé Christophe Colomb à aller vers l’Ouest et à être le premier Européen à fouler les pieds sur le sol américain en 1492. Puis basée sur cette même hypothèse, Magellan a entrepris en 1519 le premier voyage autour de la terre, démontrant ainsi la véracité des hypothèses des anciens, consignées dans l’Almageste. Il faut noter que toutes ces expéditions sont rendues possible grâce à l’invention de la caravelle, un bateau capable d’affronter les mauvais temps de la haute mer dans les océans.
Puis les inventions se succèdent et aboutissent aux sciences modernes. On peut un résumé de cette évolution dans le livre de Jacques Attali « 1592 », édition Fayard, maintenant en livre de format poche.
Attali, résume l’histoire de l’Europe en ces termes : « L'Europe est ce géant : enchaînée par de multiples maîtres quand se défait l'Empire romain d'Occident, elle sommeille durant presque un millénaire. Puis à un moment de hasard et de nécessité, elle écarte ceux qui l'entourent, et se lance à la conquête de l'univers, massacrant les peuples de rencontre, s'appropriant leurs richesses, leur volant leurs noms, leur passé, leur histoire. »
Nous désirons insister sur le passage : « elle écarte ceux qui l'entourent, et se lance à la conquête de l'univers, massacrant les peuples de rencontre, s'appropriant leurs richesses, leur volant leurs noms, leur passé, leur histoire. » Depuis, seuls les peuples qui se battent pour se réapproprier « leurs richesses, leurs noms, leur passé, leur histoire » et leur langue écrite ont de l’avenir.
Ainsi les mots en mathématiques et dans toutes les sciences sont à peu près tous d’origine européenne. Toutes les formules et équations mathématiques et scientifiques dans tous les domaines sont les mêmes dans toutes les langues. La presque totalité des mots scientifiques sont dérivés des mots inventés par les Européens, construits à partir des racines grecques et romaines. De nos jours, ce sont les inventeurs qui donnent les noms nouveaux à leurs créations matérielles ou dans d’autres domaines plus ou moins abstraits. Il suffit donc de les écrire avec des caractères utilisés dans chaque langue. C’est quelque chose de similaire dans le commerce et dans les affaires. Ainsi une fois étudier tout cela en cambodgien, il ne sera pas très difficile de les réapprendre dans une autre langue. C’est ainsi qu’un mathématicien ou un scientifique hongrois ou finlandais, par exemple, peut lire les revues scientifiques en anglais sans trop de difficultés. Il en sera de même pour les étudiants cambodgiens dans les universités utilisant notre langue maternelle. D’autre part, maintenant dans la plupart des universités dans le monde, les étudiants apprennent toujours une ou plusieurs langues étrangères.
En utilisant notre langue maternelle dans nos universités, nous enrichissons notre langue des mots exprimant les idées et les connaissances de la civilisation mondiale. Nous élevons ainsi le niveau de connaissance de notre peuple. Alors, il n’y aura plus d’incompréhension entre les générations. C’est ainsi, et c’est seulement ainsi que nous pouvons pérenniser notre langue maternelle, notre identité culturelle et notre identité nationale et ainsi suivre l’évolution de la civilisation maintenant mondiale.
Annexe :
Article sur les langues maternelles :
Vingt-quatre langues maternelles dans le royaume
Pour la première fois le Cambodge a participé à la journée internationale de la langue maternelle. L’occasion pour le royaume de dresser un état des lieux de tous ces dialectes pour mieux les sauvegarder.
Le 19 mars 2008 le Cambodge célébrait la journée internationale de la langue maternelle, en partenariat avec le ministère de l’Education, l’Unesco et les ONG : International Coopération of Cambodia, Care et Save the Children Norway. Un temps fort pour de nombreux pays, puisque selon les chiffres de l’Unesco, il existe plus de 6 000 langues (parlées) dans le monde, parmi les quelles, 50 % sont en train de disparaître et 40 % se trouvent en danger. Seuls 10 % d’entre elles ne courent aucun risque.
Selon Tenuo Jinnal, représentant de l’Unesco au Cambodge, le gouvernement, les sociétés civiles, les organisations locales, internationales et non gouvernementales, doivent travailler ensemble afin de mettre en place une politique pour promouvoir la diversité culturelle et linguistique. « Une langue quelle qu’elle soit, est un moyen de communication, a-t-il affirmé. Elle fixe l’identité d’un groupe d’individus et représente, en ce sens, un héritage culturel vivant. »
Kol Pheng, le ministre de l’Education, a quant à lui, relevé que le respect des droits de l’homme passait aussi par le respect des langues. Le royaume compte actuellement 24 langues maternelles, dont quelques-unes parlées par les minorités ethniques des provinces du Rattanak Kiri et du Mondol Kiri, font partie des programmes scolaires. Une avancée. Le ministre de l’Education ajoute qu’il était inévitable que certaines d’entre elles disparaissent puisque d’autres propres au monde des affaires ou à l’informatique par exemple, prennent leur essor. « Pendant la période du protectorat, a-t-il expliqué, nous avons été obligés d’utiliser la romanisation. Mais comme les Cambodgiens étaient très nationalistes à l’époque, la langue (écrite), a pu être conservée, ce qui n’a pas été le cas du Vietnam qui a changé ses symboles. »
Tout un travail de sauvegarde est d’ailleurs effectué. Chan Samnang, coordinatrice de l’ONG : International Cooperation of Cambodia, a précisé que chez certaines minorités ethniques, les langues parlées n’avaient pas d’écriture. Depuis 2003, son ONG s’attelle à cette tâche, et aujourd’hui, cinq langues maternelles ont pu être retranscrites (Kreung, Preou, Kavet, Tumpoun, et Phnong). « Pour cela, nous partons de l’alphabet khmer, a-t-elle expliqué. C’est une façon de conserver l’histoire et la culture de ces langues, pour mieux les faire perdurer dans le temps ».
Ung Chamroeun (20-03-2008) Forum Khmer Network
Khemara Jati 080405