Les manifestations en Birmanie et la situation au Cambodge
Nouvelles du Cambodge N° 0729-F
Les grandes manifestations en Birmanie et la situation au Cambodge
Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 25 septembre 2007
La Birmanie est aussi habitée par des minorités Mon-Khmer, comme au Nord de la Thaïlande et au Cambodge. Depuis une semaine des milliers de bonzes manifestent paisiblement dans les rues de Rangoon, puis des dizaines de milliers avec la population et maintenant ils manifestent par centaine de milliers. Pourtant la Birmanie est considérée par certaines grandes puissances comme pays « dictatorial ».
Au Cambodge, pays sur-aidé, avec une multitude d’ONG de défense des « Droits de l’Homme », pays qualifié de « démocratique » par les mêmes grandes puissances, la récente manifestation de quelques rares bonzes se termine par des bastonnades et par l’arrestation du bonze Tim Sakhorn, défroqué et remis, docilement, aux autorités vietnamiennes.
Au Cambodge les manifestations se terminent toujours par des massacres.
§ En décembre 1991, la police vietnamienne tire à bout portant sur la foule, sous les yeux des diplomates et des journalistes occidentaux. Le pouvoir installé par les envahisseurs vietnamiens depuis janvier 1979 fait disparaître les corps des victimes et interdit aux familles des victimes de se taire. Aucune enquête n’a jamais été menée jusqu’à ce jour pour déterminer le nombre réel des victimes.
§ Le 30 mars 1997, manifestation de quelques centaines d’ouvrières et ouvriers avec Rainsy devant le parlement, quatre grenades ont été lancées. Le nombre de tués et de blessé atteint la moitié des manifestants. Lors de ce dernier massacre, un citoyen américain, Ron Abney a été blessé. Les résultats de l’enquête du FBI ne sont pas encore rendus public.
§ Juillet 1997, des unités régulières de l’Armée Populaire du Vietnam (APV) interviennent ouvertement au Cambodge pour détruire l’armée du Funcinpec. Mais les meilleures unités spéciales de choc de l’APV, montent à l’assaut d’O Smach, une forteresse montée à la hâte par les Cambodgiens. Les Vietnamiens envoient même des enfants cambodgiens se faire tuer sur les champs de mines, après les avoir fait boire de l’alcool. Les soldats et officiers vietnamiens tués sont emportés dans des sacs de sel au Vietnam par camion. Devant la détermination des défenseurs cambodgiens, l’APV est obligé de lever le siège, après plus d’un mois de combats. Les Cambodgiens ont sauvé leur honneur. Nos enfants un jour honoreront la mémoire et l’héroïsme des défenseurs d’O Smach. C’est cette victoire à O Smach oblige l’ONU à imposer de nouvelles « élections » même truquées en juillet 2008.
Rappelons aussi qu’un mois après ce carnage, le Vietnam se croyant seul maître du Cambodge, signe, en août 1997, un traité avec la Thaïlande, se partageant les deux tiers de notre plateau continental. Ainsi, d'après ce traité, les plateaux continentaux vietnamiens et thaïlandais se rejoigneraient. Le Cambodge n’aurait pas accès à la haute mer sans traverser les eaux territoriales d’un de nos voisins ! Ce traité léonin est-il valable, avec un gouvernement cambodgien non reconnu par l’ONU à cette époque ? Toujours est-il, c’est en se basant sur ce traité que la Thaïlande et le Vietnam contestent l’appartenance de nos richesses se trouvant sur et sous notre plateau continental. Nous désirons informer nos compatriotes qu’en 2009, il y aura des négociations à l’ONU pour délimiter de nouveau les limites des plateaux continentaux de tous les pays. Le Cambodge est-il préparé pour ces négociations ?
§ Août 1978, après plus deux semaines de manifestations, avec la présence de deux citoyens américains, début septembre la police vietnamienne massacre les manifestants, d’autres sont obligés de montrer dans des camions et disparaissent. Certains sont jetés vivants pour nourrir les crocodiles d’élevage. A ce jour aucune enquête et on ignore le nombre de victimes, parmi eux pour la première fois des bonzes.
Nous ne citons que les plus importantes manifestations, nous laissons de côté les multiples assassinats politiques comme celui du vénérable Sam Bounthoeun et Chea Vichea, sans compter celui de Piseth Pilika dont la revue hebdomadaire française L’Express du 7 octobre 1999, dans un long article, avec des preuves à l’appui, accuse nommément la femme de Hun Sen d’en être la commanditaire. Le pouvoir à Phnom Penh n’a pas osé intenter L’Express en justice, acceptant ainsi implicitement les accusations de l’hebdomadaire. Jusqu’à présent aucun massacreur ou tueur n’a été inquiété. Ainsi la « Culture de l’Impunité » peut continuer indéfiniment avec les aides et le soutient des grandes puissances et de l’ONU.
En Birmanie, aucune puissance n’ose contester ni ses frontières terrestres, ni ses frontières maritimes. Aucune puissance ne vient piller ses richesses. Au Cambodge, la Banque Mondiale finance la construction des lignes électriques à haute tension du Laos et du Vietnam pour fournir l’électricité à nos provinces du Nord-Est et de l’Est. Maintenant le Vietnam va construire des centrales hydroélectriques dans nos provinces du Nord-Est. L’électricité obtenue va être acheminée pour alimenter Phnom Penh. Ainsi le Cambodge sera dépendant à 100 % de l’électricité vietnamienne. Nous sommes déjà dépendant de notre approvisionnement en carburant et en gaz du monopole de la société vietnamienne Sokimex. Un pays peut-il être indépendant, s’il dépend à 100 % du Vietnam en énergie, en particulier en énergie électrique ? Le Cambodge ne s’achemine-t-il pas déjà vers un vassal du Vietnam ? Une colonie de peuplement ? Avant de devenir une province vietnamienne ? Cela avec la complicité des grandes puissances et de l’ONU ?
Ainsi à la lumière des événements en Birmanie, nous pouvons mesurer les différences essentielles entre les évènements de ce pays avec Cambodge. La Birmanie est un pays indépendant et les manifestations sont une affaire entre Birmans. Au Cambodge le pouvoir mis en place par Hanoi depuis 1979, est en train de transformer le Cambodge en province vietnamienne avec les aides et le soutien de la communauté internationale.
Lors du colloque sur le Cambodge et les Khmer Rouge, organisé, il y a un mois, par France Culture, qui a duré une semaine, il y a un intellectuel cambodgien venant du Cambodge. Il est le seul à évoquer la grande misère du peuple cambodgien après près de 17 ans des Accords de Paris, sensés apporter à notre peuple : la « Démocratie », le « Respect des Droits de l’Homme », l’instauration du « Etat de Droit », le « Développement Economique » et l’Indépendance Nationale dans notre Intégrité Territoriale et Maritime ». Evoquant l’avenir, cet intellectuel venant du Cambodge est le seul à dire que la seule solution risque d’être une « Explosion ». La vérité sort de la bouche d’un Cambodgien du Cambodge.
Le mardi 25 septembre 2007