2008-05-01

La langue Cambodgienne en Thailande (2)

Nouvelles du Cambodge N° 0824-F

LA LANGUE CAMBODGIENNE EN THAILANDE (2)

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 1er mai 2008

Nous diffusons ci-dessous un article de Taing Samreth publié dans la revue Chatomukh de juin 2004 sur la situation actuelle de la langue cambodgienne chez nos sœurs et frères Cambodgiens en Thailande.

En 2004, en Thailande les Cambodgiens de Surin étaient fiers de leur origine angkorienne. Quatre ans plus tard les jeunes ont tendance à ne plus parler notre langue. Dans le deuxième article sur l’état actuel de notre langue en Thailande, nous désirons attirer l’attention de nos lecteurs sur le fait que les Thaïs veulent bien enseigner notre langue dans l’enseignement secondaire, comme une deuxième ou troisième langue, à condition d’utiliser l’écriture thaïe. Cette obligation montre clairement l’importance de notre écriture comme facteur de notre identité culturelle et nationale. Durant la période coloniale, les Français voulaient aussi détruire notre si belle écriture en vain. Pourquoi maintenant c’est une partie importante de nos intellectuels veulent tuer cette écriture, léguée par nos ancêtres depuis près de deux mille ans, base essentielle pour pérenniser notre identité nationale ? En effet comment protéger notre langue, si nous ne l’utilisons pas dans nos universités ?

Ce qui se passe chez nos sœurs et frères de Surin est une illustration de ce qui se passera chez nous au Cambodge même dans une dizaine d’année si nos compatriotes continuent à courir après les langues étrangères pour l’enseignement dans nos universités. Déjà la grande majorité des jeunes Cambodgiens à l’étranger ne parlent plus la langue cambodgienne, ne lisent plus la langue cambodgienne et n’écrivent plus l’écriture cambodgienne. Ainsi notre langue, base fondamentale de notre identité culturelle et nationale, risque de disparaître. Cette situation ne peut que profiter à nos voisins Thaïs et surtout Vietnamiens. C’est alors la fin du Cambodge. Nous ne pouvons plus accuser le passé. Notre génération est entièrement responsable de l’avenir de notre pays.

(Voir Notes de Khemara Jati à la fin du texte)

« DE QUELQUES RÉSURGENCES DE LA STRATE CULTURELLE KHMÈRE EN PAYS THAÏ »

Par TAING Samreth
Revue mensuelle Chatomukh
Juin 2004

S'il est de coutume pour les milieux politiques cambodgiennes d'évoquer les communautés khmères du delta du Mékong comme celles des provinces thaïes frontalières d'avec le Cambodge (Ubon Rachathani, Si Saket, Sa Kaew, Surin, Buriram, Chantaburi, Trat), à des fins qu'on imagine, on sait en revanche peu de choses sur le quotidien des Khmers de Thaïlande, ou, d'une manière générale, sur les résurgences de la strate culturelle khmère observables par l'honnête voyageur de passage, ici ou là. Il en est pourtant de frappantes, qui méritent l'attention.

Rappelons tout d'abord que la basse et la moyenne vallée de la Chao Praya étaient encore, il y a quelques siècles, occupées par des Khmers, et relevaient plus de l'Empire angkorien (A). C'est ainsi que le dynamique pays des Siem - ainsi dénommé dans les annales chinoises -, qui se constitue à la fin du XIIIè siècle, était à l'origine une entité de culture khmère, au moins dans sa partie élitaire. Centrée sur le bassin inférieur de la Chao Praya, elle émerge grâce aux profits développés par le commerce maritime avec l'empire chinois, jusqu'à se constituer en principauté en 1359 : la fameuse Ayuthia ou "Venise de l'Asie". Ainsi dénommée parce que parcourue et entourée de canaux. C'est cette principauté de culture khmère, comprenant des éléments môns et thaïs, qui va guerroyer bientôt contre la grande Cité angkorienne et la prendre en 1431. Ayuthia contrôle alors de facto les marges occidentales de l'ancien Empire angkorien et met en place, grâce aux revenus du commerce maritime, les bases d'un rayonnement culturel qui influencera beaucoup les cours des rois khmers jusqu'à la fin du XVIIIè siècle.

L'important est ici de retenir que cette partie de la Thaïlande porte encore aujourd'hui le souvenir vivace d'une strate culturelle khmère. Ce souvenir s'exprime de multiples façons. Par les temples khmers de Thaïlande d'abord, notamment parce qu'un temple khmer du Cambodge fait l'objet d'accrochage diplomatiques récurrents entre les royaumes khmer et thaï : Preah Vihear, qui marque la frontière entre les provinces de Surin côté Thaï et de Preah Vihear côté khmer. Cet aspect matériel est le plus connu, mais c'est surtout l'aspect immatériel qui va nous arrêter ici, parce qu'il est périssable à court terme, à l'inverse des pierres. On ne peut cependant passer sous silence le fait que ces pierres sont l'objet d'un commerce éhonté, dans le cadre des galeries d'antiquaires de Bangkok, qui ont pignon sur rue : en se baladant sur Riverside, dans cette même galerie où l'historien Claude JACQUES avait retrouvé une stèle khmère ancienne, on peut voir exposer d'authentiques pièces angkoriennes en grandes quantités.

Le véhicule immatériel par excellence, c'est la langue : c'est ainsi que de nombreux emprunts du thaï à la langue khmère ont pu être recensés par les spécialistes[1]. L'écriture n'est pas en reste : tout voyageur khmérophone qui traverse Bangkok en taxi pourra observer que les chauffeurs arborent bien souvent des diagrammes de protection magique (les fameux yoan). Les Thais disent qu'ils sont rédigé en « Kham » mais qui n'est autre que du Khmer dans sa forme « moul », soit les lettres capitales. De même que nombre de manuscrits religieux palis sont rédigés en caractères « kham ». On sait en outre que des manuscrits proprement khmers, c'est à dire composés en langue et rédigés en écritures khmères sont entreposés à la bibliothèque Nationale de Bangkok. Ils sont malheureusement d'un accès délicat car le gouvernement thaïlandais répugne à les laisser consulter et même à les cataloguer pour ce qu'ils sont : en conséquence les bibliothécaires ont préféré donner une simple liste de manuscrits « kham » - qui peuvent être différemment du pali, du thaï ou du khmer - et ne les présentent que parcimonieusement. Un des axiomes de la construction nationale thaïlandaise est en effet de minorer la strate culturelle khmère, et le « camouflage » en fait partie[2].

Cette réaction, il faut le noter, est récente, car il n'y a pas si longtemps le Couronne d'Ayuthia cherchait explicitement à se rattacher à la Couronne khmère notamment dans le cadre des rituels de sacre. Ainsi, au XVIIè siècle, c'est un prince cambodgien en exile qui détient l'honneur de poser la couronne sur la tête du roi thaï et l'on sait encore qu'à la fin de ce même siècle le roi Narai, perçu comme un usurpateur, se réclamait d'une lignée princière cambodgienne pour compenser son illégitimité[3]. Il faut peut être voir une résurgence de ce phénomène de légitimité par les héritiers d'Angkor dans le fait que la plupart des Thaïs pensent, de bonne foi, que les temples d'Angkor sont le fait de leur « nation ». Le phénomène est à ce point courant que l'on s'étonne, à vrai dire, que des importantes manifestations aient eu lieu en janvier 2003 contre l'ambassade de Thaïlande au Cambodge sous ce simple prétexte[4]. En dépit de ces événements, l'intérêt de la royauté thaïe pour la civilisation angkorienne ne faiblit pas. La princesse Siridhorn, fille du Roi BUMIBHOL, qui a déjà fait plusieurs voyages au Cambodge, a choisi de s'intéresser tout particulièrement aux textes épigraphiques de l'ancien Cambodge.

Pour le vulgum pecus, cependant, l'ethnonyme « khmer » se résume bien souvent aux communautés cambodgiennes de Surin[5], dont on verra qu'elles ne sont qu'en partie puisque nombre de Kuoy y vivent également. Ces « Khamen Surin » sont intégrés au chapitre des minorités dans les mosaïque des populations qui composent grâce à la fiction « nationale », l'ethnonyme thaï. C'est donc avec ce regard condescendant des Khmers des plaines envers les « Phnongs » des hautes terres que les thaïs appréhendent généralement ces populations. Encore mal connues y compris du côté cambodgien, ces communautés sont souvent évoquées pour leur performances artistiques : on a pu voir, lors du dernier nouvel an khmer, le succès d'une nouvelle vague de la musique pop khmère Surin exportée au Cambodge et jusque dans le delta du Mékong[6], avec cette particularité d'apparaître comme authentique par rapport aux vulgaires copies phnompenhoises de la musique pop de Bangkok. Ce fut encore ce film de combats de boxe thaï dont le héros n'est autre qu'un boxeur khmer Surin : sa célébrité atteint désormais les banlieues parisiennes comme la côte californienne.

Le respect du rituel au sein des formations de Mahori du Cambodge et une tradition de captage d'éléphants dérivée de l'antique système de légitimation des pouvoirs des rois Khmers

Au-delà de ces performances qui permettent au moins d'identifier la permanence de ces communautés, on dispose de peu de travaux scientifiques qui puissent en retracer l'histoire et la sociologie. Quelques textes, épars, et n'abordant que l'aspect linguistique ou culturel de la question existent, cependant on est encore loin du bel ouvrage qui ferait le tour du sujet[7]. C'est pourquoi il ne sera pas inutile de relater dans ces pages deux événements culturels - au sens plein du terme - qui mettent en valeur la place des Khmers Surin dans la société thaïlandaise actuelle.

Le 24 mai a eu lieu le concert d'un orchestre Mahori de Buriram, dans les locaux de la prestigieuse société savante Siam Society, à Bangkok. Originaire du village frontalier de Ban Sadao, la famille de monsieur Mao arriva en territoire thaïlandaise dans les années 1920, et deux de ses enfants reprennent aujourd'hui le flambeau en continuant de jouer dans une formation musicale traditionnelle. Au point qu'un ethno-musicologue thaï, WIROT Eamsuk (Lecturer of Music Department of Buriram Rajaphat University) s'est mis en tête d'en faire un sujet de recherche. Et, de fait, la représentation fut étonnant, tant on peine de trouver dans sa mémoire un son aussi pure et un tel respect du rituel au sein des formations de Mahori du Cambodge. C'est manifestement que pensèrent aussi les membres de la Siam Society qui, d'ordinaire sérieux comme des papes, se mirent à danser tout en frappant des deux mains au rythme de la formation khmère, avec un plaisir qui pouvait se lire sur tous les visages.

Il faut dire que les musiciens et chanteurs étaient de l'ancienne génération - entre soixante et soixante-dix ans ? - et véhiculaient un savoir musical qui disparaîtra certainement avec eux si rien n'est fait pour en faciliter l'apprentissage pour une nouvelle génération. Remarquable fut la cérémonie d'ouverture de la séance musicale au moyen d'un culte du Gru : officié par la plus âgée des filles de la famille, il évoquait les traditions médiumniques féminines que l'on retrouve çà et là dans la religion première des Khmers. C'est encore le morceau accompagnant une prédiction qui fut l'occasion pour la plus jeune des filles - une cinquantaine d'années ? - de rentrer littéralement en transe et d'appeler qui le voulait dans le public à connaître son avenir. On aura compris qu'on était loin du rapport aseptisé et séculier à la musique que l'on trouve habituellement dans les formations musicales. À l'inverse, le caractère sacré et la fonction première des techniciens de la musique, à savoir rentrer en contact avec les esprits, fut en cette occasion magistralement illustrée.

C'est une tradition « khmère » plus profonde encore que le simple touriste peut être confronté en se baladant dans l'ancienne Cité royale d'Ayuthia (1359 - 1767), à 80 kilomètres au nord de Bangkok. Des tours à dos d'éléphants sont en effet proposés, et une étable à pachydermes est installée juste en face de l'ancien palais royal. Les Khmérophones auront alors la surprise de découvrir que les capteurs d'éléphants (Hma Damrei) qui dressent et dirigent ces éléphants pour le bonheur du touriste ne sont autres que des « Khamen Surin » du village de Ta Klang. Tous sont khmérophones mais tous ne sont pas Khmers car la plupart sont des Kuoy (B), un peuple culturellement proche de Khmers mais perçus comme « indigènes » et par conséquent précédant symboliquement la présence des Khmers sur leurs propres terres. C'est pour cette raison qu'ils sont en charge depuis des siècles de la capture des éléphants royaux, lesquels font partis des regalia des royautés péninsulaires[8]. Ce serait vers la fin de la période d'Ayuthia que ces communautés Kuoy seraient passées sous allégeance thaïe, en se plaçant au service du roi Borom Raja II, en 1759[9].

Il est donc significatif que sous une apparence d'exotisme pour simples touristes - la balade à dos d'éléphant - se perpétue, au sein d'un des berceaux historiques de l'actuelle dynastie thaïlandaise, une tradition de captage d'éléphants dérivée de l'antique système de légitimation des pouvoirs des rois Khmers par les peuples Kuyos, et à un second degré d'un plus vieux culte aux éléphants par les populations austro-asiatiques[10]. Ce fait culturel est vraisemblablement à placer au chapitre de la récupération des traditions « khmères » par les Couronnes thaïes, dont l'histoire complexe, reste à écrire. Elle l'est d'autant plus que cette récupération à dû se faire par le biais d'élites qu'on aurait du mal à classer a posteriori dans une boîte nationale « khmère » ou « thaïe » tant elle étaient alors cosmopolites : les aristocraties d'Ayuthia puis de Bangkok d'une part ; de Longvek, d'Oudong puis de Phnom Penh de l'autre, évoluaient, autant qu'on puisse l'entrevoir, dans un système curial assez semblable, même s'il est certain que des variantes culturelles locales ont pu être empruntées dans un sens ou dans un autre (le ballet royal, par exemple).

L'exemple de la vice-royauté de Battambang en est une illustration parfaite[11] : la dynastie khmère des Ben, après avoir servi les factions pro-siamoises de la Couronne khmère à la fin du XVIIIè siècle, se plaça directement sous l'autorité des rois thaïs dans le cadre d'un grand gouvernorat (Battambang, Siem Reap (C)) dès la fin du XIXè siècle, pour s'implanter ensuite dans le cadre national de la nouvelle Thaïlande suite à l'arrivée des Français en 1907, et enfin lui donner un premier ministre en 1944 : Khuang Aphayvong. On peut voir encore, en visitant le Musée Nationale à Bangkok, deux charrettes en bois qui témoignent de ces relations privilégiées entre les Ben et les rois thaïs : la notice porte qu'elles furent acquises par le Chao Phraya Aphaipubet (le titre siamois d'un des successeurs de Ben) sous le règne de Rama V ou Chulalongkorn (1868-1910). Cet exemple est évidemment la face cachée d'un iceberg qui montrerait sans doute qu'une fraction non négligeable du corps élitaire de l'actuel gouvernement thaï, en particulier chez les militaires, trouve son origine dans les réseaux de l'Ouest du Cambodge et des sud et centre-Est de la Thaïlande La rumeur ne veut-elle pas que le général CHAVALITH Yongchayuth, ancien Premier ministre et actuel vice-Premier ministre, soit lui-même issu de la province de Surin ?

Notes de Khemara Jati :

(A) « Prospection des Sites Khmers du Siam » article de Bernard Philippe Groslier, dans : 1980 – CNRS, Centre régional de publications, Sophia-antipolis : Coût et profits en archéologie, Table ronde interne du CRA, novembre 1977 (B.P. Groslier est l’éditeur de l’ensemble de la publication et l’auteur de l’article, p. 33 à 57. Et aussi dans « Mélanges sur I’archéologie du Cambodge », Bernard Philippe Groslier (1949 – 1986), textes réunis par Jacques Dumarçay, Réimpression N° 10 de l’Ecole Française d’Extrême-Orient, p. 189 à 220. Il faut noter que ce ne sont que des sites prouvés par des vestiges relevés très rapidement. Il est maintenant très difficile de continuer les recherches sur ce sujet. Il est certain que c’est le minimum prouvé. Groslier pense que la civilisation angkorienne a atteint le fleuve Ménam. Il est possible que l’emplacement d’Ayuthia soit occupé auparavant par les Khmers avant l’arrivée des Siamois.

(B) Les Kuyos étaient aussi les fondeurs de l’acier extrait des mines de fer de Phnom Dek (Montagne de fer comme son nom l’indique), au moyen des genres de four apparentés aux « Fours Catalans » utilisés en Suède jusqu’à la moitié du XX7 siècle, bien avant la civilisation angkorienne. On peut voir des dessins représentant ces fours en fonctionnement à la page 109 et comment on fabriquait les outils à la page 113, dans le livre « Un hiver au Cambodge. Souvenir d’une mission officielle remplie en 1880-1881 » par M. Edgar Boulanger, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 2è édition, revue et augmentée, ed. Alfred Maure et Fils, Tours (France) 1888. George Groslier, le père de Bernard Philippe Groslier, écrivait dans son roman « Monsieur de la Garde,Roi », ed. L’Illustration, Paris 1934, que cet acier, était le meilleur de toute la Péninsule Indochinoise. Cer acier servait à fabriquer les outils et les armes de la civilisation angkorienne. De nos jours, on peut aller dans cette région de Phnom Dek (du côté de la ville de Rovieng, au Nord de la ville de Kompong Thom ; en y allant, on peut aussi noter le très mauvais état des routes.) et discuter avec un vieux Kuyos, qui a participé aux derniers fours pour fabriquer l’acier. Dans ce même livre à la page 361, il y a une carte de l’Indochine où la Cochinchine n’en occupe qu’une très petite partie. Il faut noter qu’avant l’arrivée des Européens il n’y a jamais eu de frontière linéaire en Asie. D’autres documents que nous reproduirons, montrent que Hatien et Chaudoc était majoritairement occupés par des Cambodgiens au moment de l’arrivée des Français. *

(C) Il faut noter que les Siamois ont essayé, en vain, de mettre des Siamois pour gouverner nos provinces de Battambang et de Siemreap. La famille de Ben sous le titre de Kthathan a aussi des descendants au Cambodge. Il faut noter que c’était la France qui avait signé en 1867 le traité octroyant nos provinces du Nord-Ouest au Siam : « Or à cette époque, le roi de Siam venait de signer avec notre consul à Bangkok, qui ne connaissait pas la situation réelle et à l’insu de l’amiral gouverneur, un traité par lequel nous reconnaissions que les provinces d’Angkor et de Battambang appartenaient au Siam.

« Ce malencontreux traité fut connu à Saigon en juillet 1867 ; notre gouvernement, d’alors l’avait, très à la légère, ratifié à Paris et ces belles provinces – que l’amiral et que Doudart de Lagrée, le représentant du protectorat français au Cambodge, voulait faire restituer au royaume – furent pour quarante ans encore perdues pour lui » (Dans « Histoire du Cambodge » par Adhémard Leclère, p. 490, 491. (par le traité de 1907, en cédant au Siam une autre partie de notre territoire en échange, Sarin Chhak, thèse sur « La Frontière Khmero-Thailandaise ». Si cette thèse n’est pas non encore publiée, nous souhaitons qu’elle le soit rapidement pour la porter à la connaissance de nos compatriotes.

«Ce traité (de 1867) était nul de plein droit puisque le roi du Cambodge, qui n’avait point été consulté et qui ne pouvait pas ne pas l’être, avait protesté contre lui, mais il a été respecté jusqu’au bout, parce que la France, trompée ou insuffisamment renseigné par un de ses agents, l’avait signé. » (A. Leclère, p. 429)

Il est vrai que les frontières sont une question de rapport global des forces.
(Fin de notes de Khemara Jati)
Notes :
[1] Kamchana Nacaskul, “A Study of Cognate Words in Thai and Cambodian”, unpublished M. A. thesis, SOAS, London, 1962.
[2] De temps à autres, quelques chercheurs bien introduits parviennent à en consulter et, plus rarement, à en éditer, comme ce fut le cas récemment pour un manuscrit de cosmogonie des Trois Mondes ou « Trai Phum », cf. Amphai Khamtho, Bibliothèque Nationale, Departement Silapakorn, Impression de la traduction, 2530 E.B., 79 p.
[3] Kemp Jeremy, “Aspects of Siamese Kingship in the Seventeenh Century”, Social Science Association Press of Thailand, Bangkok, 1969, p. 29.
[4] CHATOMUCK, février 2003.
[5] Au sens géographique large, incluant les gens de Buriram notamment.
[6] Ainsi les titres « Peak Av min Dael Khoeng Doh » et « Muoy Sruk Ka Mean Muoy » ont-ils fait fureur d'un bout à l'autre de la vallée du Mékong.
[7] Voir par exemple les travaux des chercheurs :
Ÿ ANTHELME Michel, Mémoire de DEA « Etudes sur l'Extrême-Orient et l'Asie Pacifique » : Aperçu sur le chrieng broeoen, chants alternés et improvisés des Khmers de Surin (Thailande), Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), 1993.
Jenner N. P., “Observations on the Surin Dialect of Khmer”, in PL. Series C, N° 31 : p 91-73.
Ÿ Martin Marie-Alexandrine, « La fête du Chul Chnam Thmi dans les villages cambodgiens de la province de Chantaburi (Thailande), in "Numéro Spécial du Musée National de Bangkok », automne 1974; « Les Khmers de Thailande, de l'isolement à l'assimilation », in « Aspect du monde tropical et asiatique, Hommage à Jean DELVERT », Paris : Université de Paris Sorbonne, 1991 : p. 133-145, photos + planches.
Ÿ SATO Yasuyuki, “Annual Ceremony and Rituals of Khmer Village in Northeastern Thailand - A Case Study of the Village of Phluang in Surin Province”, in “Kambodschanische Kultur / Ariyadharma Khmer”, N° 8, Berlin, 2003, p. 49 - 71.
[8] ELLUL Jean, « Le coutumier rituel des capteurs d'éléphants de l'Ouest du Cambodge », Thèse de Doctorat de l'EHESS, 1983, 385 p.
[9] PITTAYA Homkralias, “Ta Klang, The Elephant Valley of Mool Rover Basin, Tourism Authority of Thailand”, avril 2002, p. 25 - 28.
[10] TRANET Michel, “A propos d'un bronze représentant un homme assis sur un elephant”, in Ian Glover (ed.), “Proceedings of the Third Conference of the European Association of Southeast Asian Archaeologist”, Center for Southeast Asian Studies, University of Hull (Canada), 1990, p. 25-28.
[11] TAUCH CHHUONG “Battambang Samay Lok Mcha's”, East West Center, Honolulu, Hawai, Cedorek, Phnom Penh, 1994, 233p. Monographie de la province de Battambang sous le règne du vice-roi Ben, au XVIIIè siècle.

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