2008-02-29

Questions demandent réponses

Nouvelles du Cambodge N° 0816-F

Informations et Questions demandent réponses

Khemara Jati
Montréal, Québec
le 28 février 2008

I /. Informations.

Comment Hanoi vietnamise le Laos.

Au Laos, dans les écoles primaires, depuis trois ans, les enfants doivent apprendre la langue vietnamienne, comme seconde langue. Puis l’enseignement du vietnamien sera renforcé dans les classes secondaires. Finalement la langue vietnamienne deviendra la langue véhicule dans les universités au Laos comme au Vietnam. Alors les responsables et les intellectuels laotiens jusqu’au niveau le plus bas, utiliseront la langue vietnamienne pour se communiquer verbalement et par écrit. Finalement la langue laotienne ne sera plus parlée que par le peuple et finira par disparaître faute de support écrit, comme ce qui se passait pour la langue des Chams.

En Thailande, la langue de nos sœurs et frères, ne finirait-il pas par s’éteindre s’il n’y a pas l’enseignement au moins primaire et secondaire en cambodgien au Cambodge ? C’est le même cas pour nos sœurs et frères du Kampuchea Krom. Le Cambodge est le seul endroit où nous avons la possibilité, même réduite, de développer notre langue et aussi de réécrire notre histoire qui nous rassemble et qui nous rend fiers de nos ancêtres et aussi de nos aînés.

Aucune grande puissance n’a intérêt à développer notre langue et à réécrire notre histoire dans le but de nous unir pour défendre notre nation contre les empiètements de nos voisins. Et aussi pour aider nos sœurs, frères et compatriotes en Thailande et au Kampuchea Krom à préserver leur culture ancestrale. Car la culture matérielle et religieuse sans le support de l’écrit est une culture en voie de disparition. C’est ce que le pouvoir colonial a entrepris de le faire au Kampuchea Krom. Louis Malleret l’a très bien décrit en 1946. C’est ce que Hanoi en train de le faire au Laos. C’est ce que la cour de Huê a fait au Champa. Nos sœurs et frères de Thailande et du Kampuchea Krom le savent par expérience et nous le font comprendre.

En Afrique subsaharienne, l’enseignement depuis les classes primaires utilise des langues étrangères même en Afrique du Sud et en Namibie. Dans ces deux derniers pays, le développement l’industrialisation et les grosses fortunes restent toujours entre les mains des Blancs, avec seulement quelques rares Noirs. Les grandes puissances aident à lutter contre les maladies comme le Sida et le Paludisme, et contre la faim en fournissant des produits alimentaires, mais la grande majorité des Africains continuent toujours à vivre dans l’ignorance, la maladie, la misère et souvent dans des guerres fratricides. Pourtant l’Afrique recèle d’immenses richesses en tout genre : pétrole, gaz naturel, uranium, or, platine, diamant, cuivre etc. qui font la richesse des pays développés et des grandes sociétés multinationales. D’autre part l’Afrique possède des hommes de très grandes valeurs comme Secrétaires Générales de l’ONU, de l’Unesco, des membres de l’Académie Française, des ingénieurs qui fabriquent des robots envoyés sur la planète Mars etc. Le père du Sénateur Barack Obama, est un Nigérian récemment émigré aux Etats-Unis. En ce moment le Kenya connaît des conflits sanglants. Barack Obama, lui se bat pour devenir le candidat démocrate à la Présidence des Etats-Unis. Si son père n’a pas émigré aux Etats-Unis, Obama ne serait-il pas parmi ceux qui s’entretuent actuellement au Kenya ? Ainsi l’Afrique peut produire des personnalités remarquables, mais malheureusement en trop petit nombre et dans l’impossibilité de trouver du travail de haut niveau dans leur pays natal. Parce que les universités africaines utilisent des langues européennes. Les meilleurs éléments, ne trouvent pas du travail dans leurs connaissances en langues étrangères ne trouvent pas du travail qui correspondent à leurs niveaux. Ils sont donc obligés d’émigrer vers les pays développés. Ceux-ci ne les accueillent-ils pas à bras ouverts ? L’Africain le plus intelligent et le plus doué qu’il soit, ne peut jamais devenir un Einstein dans son pays.

Le Cambodge, avec l’enseignement universitaire en langues étrangères, n’est-il pas en train de devenir un pays sous-développé comme les pays africains ? Avec comme avenir son absorption par le Vietnam à l’Est et la Thailande à l’Ouest ? Déjà, nos richesses naturelles ne sont-elles pas déjà servies à enrichir principalement des pays et citoyens étrangers, en particulier le Vietnam et la Thailande ? En plus il y a une invasion humaine en provenance du Vietnam. Un jour la partie Est du Cambodge ne deviendra-t-elle pas une province vietnamienne de fait ?

II /. Questions demandent réponses

A /. Au sujet de Preah Vihear.

Preah Vihear est reconnu, par la Cour Internationale de la Haie comme appartenant au Cambodge. Lutter pour que la Thailande respecte cette décision est très bien. Tous les Cambodgiens en sont d’accord. Mais :

1 /. Pourquoi n’y a-t-il, toujours, pas d’exploitation touristique de Preah Vihear du côté cambodgien ?

2 /. Pourquoi n’y a-t-il pas encore de bonnes routes pour aller de Phnom Penh à Preah Vihear ? Ni une autre bonne route d’Angkor à Preah Vihear ?

3 /. Pourquoi laisser, exclusivement, aux seuls Thais le monopole de l’exploitation des richesses touristiques de ce monument prestigieux construit sans conteste possible par nos ancêtres ?

4 /. Pourquoi la route Sisophon à Siem Reap ville reste toujours en très mauvais état ?

5 /. A quoi sert la construction du chemin de fer Poipet Sisophon et celle de la route de Poipet vers Anlong Veng ?

6 /. Pourquoi les routes vers nos frontières sont-elles en général en très mauvais état ? Défendre l’intégrité terrestre et maritime de notre pays par la seule diplomatie est-elle suffisante

B /. Au sujet de la rénovation de notre ligne de chemin de fer Battambang – Phnom Penh – Sihanoukville.

Cette ligne de chemin de fer est sensée faire partie de la ligne qui rejoindra Singapour à Kumming en Chine :

1 /. Pourquoi n’y a-t-il pas encore une carte où est représenté le tracé de cette ligne de chemin de fer ?

2 /. Que représente, dans ce schéma, le chemin de fer Poipet – Sisophon ?

3 /. L’écartement des rails est-il le même partout depuis Kumming jusqu’à Singapour ?

4 /. L’écartement des rails du chemin de fer rénové au Cambodge, répond-t-il à cette norme ?

5 /. Pourquoi, une fois rénové, notre chemin de fer ne pourra rouler qu’à 50 km/heure au maximum ? Cela au XXIè siècle ? Est-ce la vitesse maximale depuis la Chine jusqu’à Singapour sera aussi de 50 km/heure ?

6 /. On nous indique le nom de la société qui va rénover notre ligne de chemin de fer. Mais d’où vient le matériel : les rails, les wagons et les locomotives ? Est-il neuf ou c’est du vieux matériel laissé en abandon, pour ne pas dire à la ferraille dans un pays de l’Asean ? Et vendu à prix d’or au Cambodge ? Cela n’expliquerait-il pas la vitesse maximale de 50 km/heure de ce nouveau train ?

C /. Problème de l’énergie

Nous savons maintenant que nous allons bientôt avoir des revenus importants avec l’exploitation de notre pétrole et de notre gaz naturel.

1 /. Avant 1970, il y avait une raffinerie de pétrole au Cambodge pour traiter du pétrole importé. Maintenant que nous avons du pétrole, pourquoi n’y a-t-il pas encore un projet de construction d’une raffinerie de pétrole ? Pourquoi ne pas en profiter pour ne plus être dépendant en essence du Vietnam et importée par l’intermédiaire du monopole de la société vietnamienne Sokimex et vendue 50 % plus chère qu’au Vietnam ? Pourquoi permettre au Vietnam de faire d’énormes bénéfices sur le dos de notre peuple ?

2 /. Pourquoi n’y a-t-il pas encore des projets de constructions de centrales électriques utilisant notre gaz et/ou notre pétrole ?

3 /. Pourquoi permettre à la Thailande de venir construire sur notre sol une très grande centrale électrique alimentée au charbon si polluant. Pourquoi la construction de cette centrale électrique est-elle interdite en Thailande ?

4 /. Pourquoi la Banque Asiatique de Développement et la Banque Mondiale nous aident à construire des lignes à haute tension pour alimenter nos provinces de l’Est avec de l’électricité vietnamienne et nos provinces de l’Ouest avec l’électricité thaie ? Pourquoi nous obliger à abdiquer notre indépendance en énergie électrique alors que nous avons la possibilité de nous en passer ?

5 /. Pourquoi permettre au Vietnam de venir construire sur notre sol deux barrages hydroélectriques et ensuite vendre l’électricité produite au prix fixé par Hanoi ?

6 /. Le Cambodge peut être indépendant en énergie en tout genre, en particulier électrique. Pourquoi obliger notre pays à rester éternellement dépendant de nos voisins en énergie et en particulier en énergie électrique ? Le Cambodge peut-il être indépendant dans ses décisions en étant dépendant de nos deux voisins en énergie, plus particulièrement en essence et énergie électrique ?

D /. Au sujet de notre industrie touristique

Le complexe des monuments construits par nos ancêtres est maintenant mondialement connu et apprécié par sa splendeur, son originalité et sa beauté artistique. La région d’Angkor est la plus grande concentration de monuments historique en Asie et dans le monde. Certes les monuments en Inde et en Chine sont très importants et intéressants à tous les points de vue. Mais ils sont éparpillés dans des immenses pays. L’affluence grandissante des touristes fait notre fierté et contribue dans une certaine mesure à nous unir.

1 /. Pourquoi les deux millions de visiteurs par an, qui dépensent plus de deux milliards de $US par an laissent les habitants de la province de Siemreap dans l’ignorance, la maladie et la misère ? Certaines organisations disent que seulement moins de 10 % de ces deux milliards de $US arrivent dans les poches des seuls habitants de la ville de Siem Reap. Les plus de 90 % entrent dans les poches des étrangers dont la société vietnamienne Sokimex. Pourquoi ?

2 /. Pourquoi n’y a-t-il pas encore une compagnie aérienne cambodgienne pour profiter de cet essor extraordinaire de touristes ?

3 /. La ville de Siem Reap se développe à une vitesse vertigineuse, comme à Phnom Penh et à Sihanoukville. Quel est le pourcentage des entreprises cambodgiennes qui participe à ces constructions ? Quel est le pourcentage des architectes, ingénieurs et techniciens en tout genre cambodgiens ? De quelles nationalités sont les architectes, ingénieurs et les techniciens étrangers qui participent à ces constructions ?

4 /. Il y a maintenant de nombreuses fouilles archéologiques au Cambodge. Est-ce qu’il y a participation et formation d’un grand nombre d’archéologues cambodgiens ? Au Cambodge, les fouilles archéologiques restent-elles toujours monopolisées par des étrangers ? La confrontation des résultats des fouilles archéologie et des écrits est extrêmement importante pour notre histoire. Elle n’a commencé que depuis les années 1960 par Bernard Philippe Groslier. Les résultats des recherches de B. P. Groslier sont hautement appréciés par George Coedes et Paul Mus. Maintenant les résultats des fouilles nouvelles viennent confirmer les thèses de B. P. Groslier. Ces résultats viennent par ailleurs préciser et affiner ces thèses. Y a-t-il des historiens cambodgiens capables d’en faire la synthèse ou laisser toujours aux étrangers le monopole de l’écriture de notre histoire ?

E /. Problème de l’enseignement

1 /. A quand un projet pour développer l’enseignement dans toutes les universités en langue cambodgienne ?

2 /. Pourquoi le taux d’alphabétisation au Cambodge ne dépasse-t-il qu'à peine 50 % ? Alors qu’en Thailande et qu'au Vietnam ce taux dépasse les 90 % ? L’avenir d’un pays ne dépend-t-il pas du nombre des intellectuels de haut niveau qui travaillent dans des usines et des laboratoires de recherches dans son propre pays ?

3 /. Le Vietnam dit qu’il va construire des écoles dans nos provinces du Nord-Est. Quelle langue sera enseignée dans ces écoles ? Comme au Laos voisin ? Le cambodgien avec le vietnamien ?

4 /. Le Vietnamien Hoc Lundy a construit une université à Svay Rieng ville. Cette université utilise quelle langue véhicule ?

F /. Problème des médias

1 /. Nous avons des témoignages des étrangers concernant le très mauvais état de la route Sisophon à Siem Reap ville. Ils ont mis plus de quatre heures pour faire 100 km et qualifient cette route de « dancing road ». Pourquoi cette route reste-t-elle toujours en très mauvais état ? Est-ce la rançon de la dépendance de la ville de Siem Reap en électricité thaie ?

2 /. Pourquoi, n’y a-t-il, toujours, aucun reportage sur la route Kompong Thom ville à Preah Vihear ? Pourquoi cette route reste-t-elle toujours en très mauvais état ? Est-ce aussi une autre rançon de la dépendance de la ville de Siem Reap en électricité thaie ?

3 /. Pourquoi, n’y a-t-il toujours pas de reportage sur nos villes et villages à nos frontières de l’Est et sur les routes qui y mènent ? Est-ce aussi une autre rançon de la dépendance de la partie Est de notre pays en électricité vietnamienne ?

III /. Conclusion

Défendre l’indépendance et l’intégrité territoriale et maritime par seulement la politique et la diplomatie est-il suffisant ? Pourquoi négliger les luttes pour le développement de l’enseignement, de l’économie et de l’infrastructure, en premier lieu les voies de communications terrestres, fluviales et maritimes ? Tous les responsables des pays développés du monde savent que l’avenir repose sur le nombre et la qualité des intellectuels de haut niveau et des laboratoires de recherches qui sont à la base de tout développement et indépendance économique.

Est-ce l’influence des histoires du Cambodge écrites par des étrangers ? En effet à la seule exception de Bernard Philippe Groslier, tous ces historiens étrangers n’écrivent notre histoire que sur la seule histoire politique. Ils laissent de côté les problèmes économiques et les relations du Cambodge avec le monde extérieur, en particulier à partir de l’arrivée des Portugais à Malacca en 1511, suivis des autres Européens.

Nous reviendrons plus en détails sur les points fondamentaux sur l’histoire du Cambodge, confirmés maintenant en partie par des nouvelles fouilles archéologiques à Angkor Borey, à Angkor même et dans la région de Sisophon.

La langue et l’histoire sont les deux bases fondamentales de notre union nationale. Aucune grande puissance n’a intérêt à nous aider à les développer.

Note : This article is also available into English upon request.

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