2008-01-23

La langue Basque

Message d'un de nos lecteurs

Cher Khemarajati,

Je vous conseille de lire un article de Libération.fr

J'ai trouvé cet article intéressant, voyez aussi le dernier paragraphe. On pourrait se dire qu'il est difficile de comparer le cas du basque (langue qui revient de loin) et le khmer (seule langue officielle du Cambodge), mais je pense que si le khmer ne sait pas utiliser la technologie, l'avenir s'annoncera sombre.

J'ai constaté lors de mon récent séjour au Cambodge à quel point l'anglais devient de plus en plus présent... A Siem Reap, j'entends maintenant les chauffeurs de taxi ou de « remorque » (tuk-tuk) fréquemment utiliser le mot « airport » en parlant en khmer au lieu de « prolean », dans les restaurants (où la clientèle est surtout étrangère), les employés utiliser en parlant entre eux en khmer des mots comme « order » ou « recip » (pour receipt) (alors qu'on avait intégré les mots français commang en concurrence avec hau, ou resuy en concurrence avec bangkan day)...

J'ai même constaté que des conducteurs de tuk-tuk âgés de plus de 50 ans possèdent un téléphone portable... Or,! il me semble qu'au Cambodge, on ne peut pas envoyer de sms en langue et écriture khmères car technologiquement on n'a pas encore cette option, alors qu'en Thaïlande, on peut s'envoyer des sms en thaï, au Japon, en japonais, etc. Peut-être le marché cambodgien est-il trop petit pour que cela intéresse les grandes firmes? Dans ce cas, c'est inquiétant...

Il y a quelques années, les jeunes Cambodgiens du Cambodge s'écrivaient en (mauvais) anglais sur les chats et les forums internet... Je constate depuis quelques temps, l'apparition de forums où on s'écrit en (unicode) khmer, mais pour l'instant cela n'a rien à voir avec l'ampleur de l'usage du thaï sur les chats, les forums, les sites internet.

Autre exemple, allez sur le site du ministère de l'intérieur cambodgien : http://www.interior.gov.kh/ je cherche en vain l'interface en khmer, je ne trouve que quelques fichiers en khmer en format PDF​ ou à la rigueur en unicode khmer (http://www.interior.gov.kh/news_content.asp?NewsID=1! 65). C'est assez ahurissant, mais espérons que ce n'est provisoire et qu'ils sont en train de construire une interface en khmer. Par contre, le site du gouvernement royal a bien les deux langues : anglais et khmer (http://www.cambodia.gov.kh/unisql2/egov/khmer/home.view.html).
Regardez aussi le site de l'Université royale de Phnom Penh :
http://rupp.edu.kh/rupp_wsite/index.htm là non plus, je ne trouve pas d'interface en khmer, alors que si je tape en mot de recherche « sakalvithyealay phumin Phnom Penh » en saisissant en unicode khmer, on tombe sur le site de l'ambassade américaine avec une interface en khmer :
http://khmer.cambodia.usembassy.gov/english_camp.html .

Etonnant, non.

Annexe : L’article du journal Libération.fr du 21 janvier 2008 sur la langue Basque)
http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/305093.FR.php

GRAND ANGLE
Les Basques tirent leur langue
Interdit sous Franco, l’euskara est désormais promu par le gouvernement régional et connaît un nouvel âge d’or dans les médias, l’administration et l’enseignement.
Envoyé spécial à Bilbao FRANÇOIS MUSSEAU
QUOTIDIEN : lundi 21 janvier 2008

Comment dit-on gardien de troupeaux en basque ? Astazain pour celui qui garde les ânes, urdain pour les porcs, behizein pour les vaches… Au total, dix mots, selon le type d’animal. Dans un article paru en novembre à la une du Wall Street Journal, le journaliste Keith Johnson se gaussait ainsi d’un archaïque jargon rural dont l’Euskadi, le Pays basque espagnol, se bat pour imposer l’usage devant le castillan, l’autre langue «co-officielle» de la région. La plus vieille langue d’Europe est incapable de s’adapter à la modernité, affirmait en substance le journal de la finance américaine.
«Archaïque ? Mais nous sommes la preuve que le basque est une richesse qui développe l’agilité mentale des élèves !» s’enflamme José Maria Ziarrusta. Cet homme dirige une ikastola sur les hauteurs de Bilbao. Dans cette école, où tout s’écrit et se parle en euskara, on se targue de 96 % de réussite au bac.
Coups de fouet
«Cet article insulte notre combat !» s’insurge une enseignante. Les ikastolas, explique-t-elle, sont nées dans la clandestinité sous la dictature franquiste. Durant les trente-six années du règne de Franco, il était interdit de parler basque et, à l’école, cela valait des coups de fouet. Trois décennies après la mort du Caudillo, la défense de l’euskara a conservé cette dimension éminemment politique. Menacée de disparition, la langue basque a été sauvée des oubliettes et connaît même un âge d’or. En l’espace de vingt ans, les Basques bilingues sont passés de 20 à 30 % de la population. Mieux, la moitié des moins de 25 ans le lisent et le parlent sans peine. S’agissant d’un idiome non indo-européen aussi complexe, sans parenté connue, et noyé dans un continent de langues latines ou saxonnes, tous saluent la prouesse. «Zer moduz zabitza ?» (Comment vas-tu ?) «Zer egin nahi duzu asteburu honetan ?» (Tu fais quoi ce week-end ?). Parler basque ne va pas de soi. Même compter jusqu’à cinq - bat, bi, iru, lau, bost - ou invoquer Dieu - Jainko - dépasse les compétences du polyglotte moyen. Et pourtant, «on enseigne en euskara la biologie moléculaire et la physique nucléaire», se targue Andres Urrutia, président de l’Euskaltzaindia, l’Académie de langue basque, à Bilbao. A la fin des années 60, cette dernière a jeté les bases du «batua», un euskara unifié qui sert désormais de norme, avec sa grammaire, son orthographe et son lexique. «Notre modèle a été l’élaboration et la mise en place de l’hébreu moderne en Israël», précise Urrutia. De dialecte rural de tradition orale, l’euskara est devenu un véhicule de communication usuel et académique.
Pour récupérer une langue aussi singulière que minoritaire, «il faut trois choses : une demande de la société, une forte volonté politique et beaucoup d’argent», résume David Crystal, un linguiste gallois que le succès de l’euskara impressionne. Les trois ingrédients ont, semble-t-il, fonctionné : aujourd’hui, 53 % des parents inscrivent leurs enfants dans la filière d’enseignement tout en basque, contre 15 % en 1983.
Sans la volonté farouche du gouvernement régional basque, aux mains des nationalistes modérés depuis vingt ans, rien n’aurait été possible. «C’est notre identité qui est en jeu. Nous ne lésinons pas sur les moyens», admet Patxi Baztarrika, en charge de la politique linguistique au sein de la Communauté autonome d’Euskadi. Dans le budget 2008, l’exécutif basque consacre près de 2 % de ses dépenses (soit 188 millions d’euros) à la promotion de l’euskara, sans compter les fonds alloués aux médias publics en basque, Radio-Euskadi et la chaîne ETB 1. Municipalités, ikastolas, entreprises, crèches sont inondées de subventions.
Trois ans de congé formation
Mais la part du lion revient à l’administration, où le moindre formulaire doit être rédigé en euskara. La plupart des 40 000 fonctionnaires étant tenus de parler basque aussi couramment que castillan, on leur alloue jusqu’à trois ans de congé de formation pour apprendre l’euskara, sans perte de salaire ! «On oblige même des pompiers, des policiers ou des agents d’entretien à apprendre l’euskara. C’est absurde. Le pire, ce sont tous ces médecins, dont on manque tant, obligés de potasser leur basque au lieu de soigner !» s’énerve Iñaki Oyarzabal, député régional de droite, membre du Parti populaire, aussi réfractaire à l’indépendantisme basque que l’est son principal adversaire national, le PSOE socialiste. La politique de «basquisation» laisse des victimes sur le bord de la route. «Des dizaines de profs non-bascophones sont contraints de quitter Euskadi, de partir en préretraite ou d’accepter des tâches subalternes», dénonce Oyarzabal. La socialiste Isabel Celaa, ex-vice-ministre régionale pour l’éducation, acquiesce : «Les nationalistes voudraient qu’on parle l’euskara partout. C’est impossible. La langue relève de l’intime.» L’analyste Joseba Arregi renchérit : «C’est contre-productif. Plus on impose une langue, moins vous l’utilisez.»
Reste qu’en 1982, seulement 5 % du corps enseignant parlait basque. Contre 80 % aujourd’hui. Tandis que l’euskara grignote du terrain dans les facs, les hôpitaux ou les médias, le pouvoir régional veut passer à la vitesse supérieure à l’école. Un récent décret définit l’euskara comme «la langue principale et véhiculaire» dans l’éducation, ce qui fait craindre à certains que le castillan soit un jour relégué à un statut inférieur. Pour qui veut - ou doit - apprendre la langue sur le tard, il y a les Euskaltegis (109 au total), ces centres pour adultes, calqués sur les «oulpan» israéliens. Dans les années 80, on y venait pour des raisons idéologiques et militantes, aujourd’hui,elles sont plus triviales. «Les trois quarts des élèves sont chômeurs ou fonctionnaires. Parler l’euskara est un atout, et c’est subventionné.» Patxi Agirregomezkorta dirige une des plus grandes euskaltegis du Pays basque (2 450 élèves), dans le centre de Bilbao. Mais, il l’admet, l’apprentissage de cette langue agglutinante, divisée en douze niveaux, est ardu. «Beaucoup le font par-dessus la jambe, la qualité s’en ressent. Au mieux, la langue est connue mais, hélas, pas vivante. Après la classe, s’ils s’invitent à prendre un verre, c’est en espagnol qu’ils le font.» Joseba, 43 ans, fréquente cette euskaltegi deux soirs par semaine. Il n’est ni chômeur, ni fonctionnaire, ni nationaliste. Le souhait de ce publicitaire : comprendre ses deux jeunes fils, parfaits bilingues, «en particulier lorsqu’ils se paient ma tête», rit-il. A son grand désespoir, il a un mal fou à s’exprimer de façon fluide. «Y’a rien à faire, ça ne me sort pas des tripes !»
Son cas illustre la difficulté à faire du basque une langue aussi vivante que le catalan ou le galicien. Dans les villes, c’est le castillan qui domine. Euskaltegis et ikastolas organisent certes des colonies de vacances linguistiques ou des séjours dans des familles bascophones, mais cela ne déplace pas les foules. «L’euskara est de mieux en mieux connu, mais résiste à entrer dans le champ des émotions», s’inquiète Andres Urrutia, le président de l’Académie de langue basque. Selon une enquête officielle portant sur les conversations de rue, l’euskara est parlé par seulement 14 % des gens, à peine 4 % de plus qu’en 1989. Il faut être en zone euskaldun (bascophone), comme dans les bourgades autour de Saint-Sébastien, pour entendre l’euskara partout, dans les squares, les cours de récré, les bars… A Zarautz, par exemple, où Jon, 17 ans, se vante de «faire presque tout en euskara. Boire des coups avec mes potes, la discothèque, la drague, et jusqu’aux chats». Sur le front de mer, même les immigrants sahraouies et sénégalais le baragouinent, pour ne pas rester en marge.
«La réussite, pour moi, c’est que beaucoup de gens voient cet idiome comme une richesse propre, comprennent un discours, un bouquin, dit un journaliste. Le reste prendra des générations.» Comme le souligne le linguiste Juan Uriagereka, plus de la moitié des langues sont en danger. Seules une bonne douzaine ont un avenir assuré. On peut se tromper sur la manière de faire, et c’est fréquent dans le cas basque. Mais, si on veut agir, la seule solution passe par la discrimination positive.» Même dans le camp non-nationaliste, l’euskara est un trésor linguistique, un patrimoine qui valait le coup d’être sauvé.
Arme de combat
Pour les nationalistes, c’est bien plus : l’essence de la «basquité», difficile à définir en fonction de la race (la majorité des Basques sont des «sang-mêlé») ou l’onomastique (la plupart des noms basques figurent hors d’Euskadi). «Notre sang ne se voit pas, nos vieilles lois n’existent plus, mais notre langue, elle, s’entend», lit-on dans une revue scolaire. Les séparatistes radicaux, très présents dans les milieux culturels et musicaux (rock surtout), en ont fait une arme de combat. Dans ses coups de boutoir contre la nébuleuse contrôlée par ETA, le juge Baltasar Garzon s’est ainsi attaqué à des journaux bascophones (Egunkaria, Egin), de même qu’il accuse certaines ikastolas d’alimenter les caisses de l’organisation terroriste.
«Ils défendent la langue comme un domaine réservé !» enrage le député Parti populaire Oyarzabal. «Notre langue n’exclut personne», rétorque Patxi Baztarrika, en charge de la politique linguistique au gouvernement. Deux défis majeurs restent à relever. L’alphabétisation en euskara de la population immigrée qui ne peut que croître dans une région aussi riche et prospère - pour le moment, il n’y a que 5 % d’étrangers en Euskadi, contre 10 % dans toute l’Espagne. Ensuite et surtout, l’adaptation aux nouvelles technologies dans lesquelles baignent les jeunes Basques, forces vives de l’euskara. L’exécutif investit donc massivement pour que le basque se fasse une place sur les écrans : jeux vidéo, logiciels de traduction automatique, encyclopédies on-line, systèmes opératifs en euskara (avec Microsoft), publicité sur Internet… «Il faut que les chats et les SMS s’écrivent aussi en basque. C’est vital pour l’avenir, assure Patxi Baztarrika. Je ne veux pas qu’après avoir rejoint la tour de Babel, l’euskara connaisse le sort du latin.»
Khemara Jati
Montréal, Québec
le 23 janvier 2008
khemarajati@sympatico.ca

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