2008-02-07

L'or blanc Thai et Ayuthia

Nouvelles du Cambodge N° 0813-F

L’or blanc Thai et la supériorité d’Ayuthia sur Angkor

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 7 février 2008

La Thailande est, actuellement, le premier pays exportateur de riz du monde. Le nombre de consommateurs de riz augmente d’une façon exponentielle et l’augmentation de la production de riz dans le monde ne peut suivre. D’où l’augmentation rapide du prix du riz. Ce qui fait le bonheur des Thais. Il est intéressant de connaître les raisons de cette prospérité thaie.

Henri Mouhot est le premier à comparer le Ménam au Nil dans son livre « Voyages dans les Royaumes de Siam de Cambodge et de Laos » (Ed. Olizane, Genève 1989, 1ère édition 1868), page 239 « Les rives du Ménam sont couvertes à perte de vue de superbes moissons ; l’inondation périodique les rend d’une fertilité comparable à celles du Nil, et fameux pourtant dès l’antiquité. » Comme le Nil des Pharaons, le Ménam répand, tous les ans, son limon fertile lors de ses inondations dans les rizières. Ce n’était pas le cas avec le système d’irrigation artificielle utilisée au Cambodge durant la période angkorienne. De nos jours, la production de riz en Thailande se concentre sur les rives du Ménam et ses affluents ainsi que son delta avec très peu de travaux d’irrigation et cela depuis la période angkorienne. Ce fait explique aussi la descente des Siamois vers le Sud : d’Ayuthia vers Thon Buri puis Bangkok.

Il est probable qu’Ayuthia a été créée par les rois d’Angkor, en particulier par Jayavarman VII qui avait des difficultés à augmenter la production agricole avec le système des Barays alimentés artificiellement par les eaux des Monts Kulên. Bernard Philippe Groslier nous a laissé son essentiel et très important article : « La Cité Hydraulique Angkorienne : Exploitation ou Surexploitation du Sol ? », pour nous permettre de comprendre l’importance de la prospérité agricole de la civilisation angkorienne, mais aussi son inexorable déclin. (Dans Bulletin de l’Ecole Française d’Extrême-Orient, 1979, pages 161 à 202. Ce que Groslier a découvert par des photographies aériennes et par des fouilles au sol (les premières faites à Angkor), confirmés par les relevés récents par satellite de la Nasa. Dans cet article nous relevons page 187 :

« Angkor Thom est la dernière cité hydraulique, en fait la dernière des cités khmères. Après elle – et bien jusqu’à l’abandon définitif d’Angkor, c’est là que se concentrèrent les manifestations ultimes de cette civilisation – plus rien ne sera entrepris, pas même un modeste réservoir. Le système est mort. »

Il faut aussi noter que le grand roi Ponhea Yat a dû abandonner Angkor en 1431, car comme écrit Groslier « Le système est mort ». Aucun effort ne peut lutter contre la nature même de notre système d’irrigation. Il faut aussi noter que durant les années 1520 les Portugais arrivaient à Ayuthia avec leurs bateaux, leurs armes à feu, leurs connaissances. A partir de cette date il n’est plus possible d’écrire l’histoire du Cambodge sans tenir compte de l’arrivée massive des Européens dans notre région et en Asie de l’Est. De nos jours, est-il possible de comprendre ce qui se passe actuellement au Cambodge en ignorant les conflits des intérêts géostratégiques des grandes puissances ?

De nos jours, le Cambodge peut produire suffisamment de riz pour les besoins de son peuple et même en exporter un million de tonnes avec un pouvoir qui tient compte de nos intérêts nationaux. En fait ce million de tonnes de riz sont malheureusement exportés vers Prey Nokor et Bangkok. Du fait qu’il n’y a pas de bonnes routes pour exporter ce riz par Sihanoukville. Nos paysans sont obligés de vendre leur riz, à bas prix, à nos voisins qui eux ont des bonnes routes de Prey Nokor et de Bangkok vers nos frontières. Tous les Cambodgiens au Cambodge le savent et le déplorent. D’autre part notre riz est de meilleure qualité que celui produit par nos voisins. Ce qui fait que nos voisins préfèrent consommer notre riz et d’autre part augmenter l’exportation de leur riz.

Le problème pour nous Cambodgiens, surtout ceux qui vivent à l’étranger, est de connaître avant tout, ce dont nous avons besoin pour unir notre peuple. Pour cela il faut écouter nos compatriotes au Cambodge. Après et après seulement, nous pouvons orienter nos efforts ainsi que les aides étrangères. Ce qui est fondamental est de savoir distinguer les aides qui avantagent la mainmise de nos voisins sur nos terres et nos richesses, des aides qui cherchent à rendre le Cambodge indépendant de nos voisins en particulier au point de vue énergétique. C’est la question fondamentale que chaque Cambodgien doit se poser et trouver des éléments de réponse.

Il faut noter cependant que les grandes puissances n’ont aucun intérêt à nous aider dans deux domaines fondamentaux qui sont fondamentaux pour l’unité et la pérennité de la nation cambodgienne ainsi que pour le développement des connaissances au sein du peuple :

1/. L’utilisation de notre langue dans les universités et en conséquence la diffusion des connaissances au sein du peuple et de nos enfants par des livres de vulgarisation scientifique. Rendre les Cambodgiens fiers de leur écriture est le premier objectif fondamental à atteindre, à l’instar de toutes les nations développées dans le monde, en particulier chez nos voisins immédiats.

2/. Ecrire notre Histoire par nous même. D’abord en tenant compte des découvertes apportées par des fouilles archéologiques en particulier en ce qui concerne l’économie dont la production était la base de la prospérité de la civilisation angkorienne. Puis en plaçant notre histoire dans le contexte de la civilisation mondiale. C’est ce qu’a essayé de faire notre regretté Bernard Philippe Groslier.

080207

Note : This article is also available into english upon request

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