2006-12-09

Le Cambodge et la mondialisation

Nouvelles du Cambodge N° 0653-F

LE CAMBODGE ET LA MONDIALISATION

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 20 novembre 2006

1 / Intérêts géostratégiques des Etats-Unis depuis la Seconde Guerre Mondiale.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, le tournant décisif est la défaite allemande devant Stalingrad. L’armée allemande arrive devant Stalingrad le 20 août 1942 et capitule le 2 février 1943. Cette bataille est d’une férocité inouïe. Les Russes et les Allemands se cachent et se battent dans les moindres ruines de la ville. On dit que tous les animaux : chiens, chats même rats et souris sont morts ou ont fui la ville, il n’y a que des hommes qui s’entretuent pendant six mois par un froid polaire. Les Allemands ont perdu 400 000 hommes dont 150 000 prisonniers.

Pour les Etats-Unis, le débarquement de Normandie devient une nécessité pour empêcher Staline de contrôler toute l’Europe continentale. Au début de 1945, la fin de Hitler approche. Roosevelt et Churchill rencontre Staline à Yalta. Pour les Etats – Unis, il faut terminer la guerre en Europe le plus rapidement pour pouvoir arriver à Tokyo avant Staline. Dans ce but, ils n’ont pas hésité à larguer les deux seules bombes atomiques, que possèdent les Etats-Unis, sur Hiroshima[1] et Nagasaki[2]. Entre temps Staline déclare la guerre au Japon le 8 août. Le 15 août Hirohito annonce à la radio la capitulation du Japon. Le 2 septembre Mac Arthur reçoit la capitulation sans condition du Japon.

Les Russes n’ont pu conquérir que la moitié Nord de la Corée et une partie des îles Kouriles.

Notons qu’après Yalta, sur le chemin de retour aux Etats-Unis, Roosevelt rencontre le roi d’Arabie Ibn Séoud sur le croiseur USS Quincy, ancré dans un lac au milieu du Canal de Suez. Roosevelt veut s’assurer de la sécurité des sources de pétrole. Sans pétrole aucun développement industriel et économique n’est possible. Pas de ce qui roule sur terre et de ce qui vole dans les airs. Aucune guerre n’est possible. De nos jours 200 000 produits sont fabriqués à partir du pétrole. De nos jours, la Russie est la seule grande puissance qui possède des réserves très importantes en pétrole. Les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Europe sont obligés d’en tenir compte. Les Etats-Unis et la Chine se battent pour leur approvisionnement en pétrole. Les trois quarts des besoins en pétrole de la Chine sont acheminés par bateau, donc vulnérable en cas de conflit avec Taiwan. La Chine est donc obligée de négocier avec la Russie et les pays de l’Asie centrale pour l’acheminement de ses besoins en gaz naturel et en pétrole par des pipelines. Diminuant ainsi sa dépendance énergétique par voie maritime.

Comment les Etats-Unis ont-ils mis à genoux l’économie soviétique en utilisant judicieusement l’arme du pétrole ? Lire « La face cachée du pétrole » par Eric Laurent, Ed. Plon, pages 189 à 201. Voici la conclusion :

« En mai 1986, un rapport secret de la CIA est transmis à la Maison Blanche. Il s’intitule « L’URSS face au dilemme des pénuries en devises fortes ». Le rapport indique que «des prix réduits du pétrole, le déclin de sa propre production et un dollar déprécié » ont considérablement réduit, jusqu’à la fin de la décennie, la capacité soviétique à importer de l’équipement occidental, des produits agricoles et du matériel industriel. Ce déclin survient au moment où l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev coïncide avec une tentative, infructueuse, de revitalisation économique.

« Selon la CIA, les pertes nettes essuyées par Moscou, résultant de la chute des cours (du pétrole), se montrent à 13 milliards de dollars et n’ont pas été compensées par les ventes d’armes, car ses principaux clients, l’Irak, l’Iran et la Libye, ont vu leurs revenus pétroliers s’effondrer de 46 % au premier semestre 1986. De plus, la guerre en Afghanistan coûte chaque année 4 milliards de dollars à l’économie soviétique. L’URSS n’a plus les moyens, ni même le désir, de mener une politique de superpuissance. »

Hanoi savait, lors du VI Congrès du Parti Communiste du Vietnam, la fin des aides soviétiques d’où la rencontre Sihanouk–Hun Sen le 2 décembre 1987 à Fère-en-Tardenois en France. Sihanouk ignorait tous ces dessous de cartes. En politique l’ignorance n’est pas une excuse. Le monde est sans pitié. C’est à nous Cambodgiens d’en tirer la leçon.

Après la proclamation de la République Populaire de Chine le 1er octobre 1949, les troupes de Mao arrivent à la frontière du Tonkin. La France ne peut plus vaincre la résistance vietnamienne. Les forces américaines subiront le même sort.

Au début de la Guerre de Corée commencée le 25 juin 1950, les Etats-Unis renforcent le potentiel économique du Japon, de Taiwan et de la Corée du Sud après l’arrêt des hostilités le 12 novembre 1951. La guerre de Corée a vu, pour la première fois, l’affrontement entre l’armée américaine et l’armée de Mao. Cette guerre se termine par un match nul. Les Chinois ont perdu 500 000 hommes, les Américains 50 000 hommes.

Pour développer l’économie de la Corée du Sud, du Japon et de Taiwan, une seule solution : investir massivement dans l’enseignement de la maternelle aux universités dans la langue nationale avec l’anglais comme seconde langue à partir d’un certain niveau. Parallèlement accélérer la production agricole. A Taiwan, les Etats-Unis imposent la réforme agraire[3]. Sous les régimes communistes après la réforme agraire, les paysans sont obligés à vivre dans des coopératives gérées par des cadres du parti. A Taiwan, les terres sont vendues aux paysans et le pouvoir renforce la propriété de la terre ainsi acquise :

« Ces terres étaient estimées à 2,5 fois la valeur de la récolte principale, et payables en dix ans, en 20 versements semi-annuels. En aucun cas le total de ces versements et de tous les impôts et taxes ne devait dépasser 37,5 % de la récolte principale : de sorte que les métayers (paysans) devinrent ainsi propriétaires en versant chaque année nettement moins que leur loyer antérieur.[4] »

L’objectif est que le paysan se sente réellement propriétaire de ses terres, de ses biens immobiliers et mobiliers. La propriété privée de la terre, des biens immobiliers et mobiliers est la concrétisation de la nation. La propriété privée s’étend aussi à la propriété culturelle, concrétisée par le droit d’auteur par exemple. Défendre la nation c’est aussi défendre sa terre, ses biens immobiliers et mobiliers, et par extension sa famille, ses proches, ses amis et sa manière de vivre. D’autre part la défense de sa propriété privée, implique le respect de la propriété privée d’autrui, premier pas vers la liberté individuelle. Inversement il n’y a pas de liberté individuelle sans respect de la propriété privée.

A Taiwan, les premiers produits industriels sont destinés à venir en aide aux paysans nouveaux propriétaires. Puis progressivement l’industrie se diversifie et s’engage vers les produits à fortes valeurs ajoutées comme l’industrie et les recherches de pointe, avec l’arrivée sur le marché des ingénieurs de niveau de plus en plus élevé. Maintenant le Japon, avec une population dix fois moins nombreuse que la Chine occupe la deuxième place dans l’économie mondiale. La Corée du Sud et Taiwan sont maintenant des pays développés.

2 / Evolution des intérêts géostratégiques des Etats-Unis en Asie de l’Est et du Sud-Est depuis 1972

Pour mémoire, rappelons la poignée de main historique : Mao – Nixon, à Pékin, le 21 février 1972. La Chine était alors en pleine Révolution Culturelle. Les Etats-Unis avaient besoin de créer un second front pour faire face à la puissance militaire soviétique de l’ère de Brejnev. La Chine avait aussi besoin de cette poignée de main pour ne pas être isolée face aux menaces soviétiques. Cette poignée de main historique répond ainsi aux intérêts des Etats-Unis et de la Chine. D’autre part la Chine s’était déjà dotée de l’arme nucléaire (fission : 16 octobre 1964, fusion : 17 juin 1967) et le premier satellite chinois fut lancé en avril 1970. Cette poignée de main a aussi permis la signature du traité de paix entre les USA et le Vietnam du 27 janvier 1973.

Le Japon était le premier pays à noter les divergences entre la Chine et le Vietnam concernant la visite de Nixon en Chine. Après l’annonce de la visite de Nixon en Chine fut rendue publique simultanément aux Etats-Unis et en Chine le 15 juillet 1971 et peu de temps avant l’arrivée de Nixon en Chine :

« « Le soir du 8 février 1972, un avion de la commission de surveillance de l’ONU, parti de Vientiane, au Laos, se posa à Hanoi. Il avait à son bord, Miyake Wasuke, directeur du premier service d’Asie du Sud-est au ministère japonais des Affaires étrangères (le gendre du ministre des Affaires étrangères), et son second, Inoue Kichinosuke. A cette époque, Tokyo reconnaissait le gouvernement sud-vietnamien (République du Vietnam) et n’avait pas de relation diplomatique avec la République démocratique (Vietnam du Nord). Miyake et Inoue, qui étaient en charge du Vietnam au ministère, venaient donc secrètement dans une capitale ennemie. Leur mission était non officielle, mais ils agissaient sur les instructions des plus hauts dirigeants : le Premier ministre Sato Eisaku, le ministre des Affaires étrangères Fukuda Takeo et son vice-ministre administratif, Hogan Shinaku. Le gouvernement japonais voyait venir la fin du conflit vietnamien, et une décision politique avait été prise sur la nécessité d’établir rapidement des relations amicales avec Hanoi. Telle était la mission du tandem Miyake – Inoue[5] »

« Les émissaires japonais reçoivent un très bon accueil à Hanoi. Leur mission sera complétée d’une autre en avril 1973 et les négociations entre les deux gouvernements représentés respectivement par Nakayama Yoshihiro, ambassadeur du Japon en France et Vo Van Sung, le chargé d’affaires provisoire vietnamien, démarreront plus officiellement à paris en juillet de la même année, pour déboucher en septembre (1973) sur une reconnaissance diplomatique.

« Avec le contexte nouveau qui s’annonce à l’approche de la fin du conflit, les autorités japonaises considèrent qu’il devient urgent d’établir de bonnes relations avec le Vietnam du Nord évident « leader des trois pays indochinois (Vietnam, laos, Cambodge), région indispensable à la prospérité et la stabilité de l’Asie de l’Est et du Sud-Est[6] ».[7] ».

Rappelons que Moscou accepte le leadership du Vietnam sur le Laos et le Cambodge depuis la création du Parti Communiste Indochinois le 3 février 1930 contrairement à la Chine communiste. Naturellement cette position japonaise est accueillie à bras ouvert par Hanoi.

En ce qui concerne les Etats-Unis, le tournant à 180° se fait au lendemain de la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989. L’URSS n’est plus l’ennemi principal des Etats-Unis. L’ennemi est la Chine. En ce qui concerne le Cambodge, la politique des Etats-Unis s’identifie à celle du Japon.

« 5 septembre 1990 : Le Secrétaire d’Etat James Baker annonce que les Etats-Unis discuteront désormais directement avec l’Etat du Cambodge (c’est-à-dire avec Hun Sen) ; Hanoi est satisfait de la décision américaine.[8] ».

D’où la signature des Accords de Paris du 23 octobre 1991. Sihanouk et Khieu Samphan, par ignorance, n’ont-ils pas signé leur arrêt de mort politique à terme ? Faire confiance aux conseils des grandes puissances n’est-il pas accepté de confier aveuglément son sort aux aléas des intérêts de ces grandes puissances ? La lettre de Sirik Matak à l’ambassadeur des Etats-Unis est-elle déjà oubliée ?[9]

L’amiral Richard Macke, commandant en chef des forces américaines dans le Pacifique, en visite à Hanoi, a déclaré, d’après le journal thaïlandais Bangkok Post du 1er novembre 1994 :

« Lors d’une visite a Hanoi au début de la semaine dernière, l’amiral Richard Macke, a déclaré qu’il envisageait la coopération des Forces américaines avec le Vietnam, une fois les relations entre nos deux pays normalisées. »

Macke a déclaré qu’il n’avait pas exclu une future présence militaire américaine au Vietnam et a indiqué qu’il était intéressé par l’ancienne base américaine de Cam Ranh Bay, dans le Sud du Vietnam, actuellement base vietnamienne, où on note une présence russe.

« Je pense que lorsque la collaboration économique et politique débutera, alors une collaboration militaire pourrait commencer également » a-t-il ajouté.
« Les Etats-Unis et le Vietnam étaient ennemis dans le conflit qui a pris fin en avril 1975, quand les blindés des communistes vietnamiens sont entrés dans Saigon (30 avril 1975) et ont renversé le Gouvernement Sud-Vietnamien soutenu depuis plus de dix ans par les forces américaines.

« Les troupes américaines se sont retirées et le Vietnam a libéré les prisonniers (américains) de guerre, après les accords de paix signés à Paris en 1973 (27 janvier). Macke a déclaré que ni la coopération militaire ni Cam Ranh Bay n’avaient été évoqué lors de sa rencontre du 25 octobre avec les ministres vietnamiens. Mais il a ajouté : « Je suis officier de marine et les officiers de marine sont toujours à la recherche de bons ports ».

Depuis des bateaux de guerre américains mouillent à Saigon. Bill Clinton, juste avant la fin de son deuxième mandat, a fait une visite au Vietnam en décembre 2000.

Au Vietnam, dès le lendemain de la proclamation de la République Démocratique du Vietnam le 18 août 1945, Ho Chi Minh décide l’utilisation de la langue vietnamienne dans l’enseignement de la maternelle aux universités. Les professeurs ont des difficultés durant les deux premières années. Après presque tous les problèmes sont résolus. Depuis 1986, Hanoi investit massivement dans l’enseignement : scolarisation de l’ensemble de la population et multiplie les universités en langue vietnamienne avec une langue étrangère, principalement l’anglais, à partir d’un certain niveau. De nos jours le Vietnam forme 30 000 ingénieurs de haut niveau par an.

Les Etats-Unis ont maintenant intérêt à transformer le plus rapidement le Vietnam en pays développé. Ainsi les Etats-Unis peuvent compter sur la Corée du Sud, le Japon, Taiwan et maintenant le Vietnam pour encercler la Chine à l’Est et au Sud-est. Rappelons que le Japon a élaboré cette stratégie depuis 1972. Après la signature des Accords de Paris, le Japon, en finançant à la hauteur de deux milliards de $US l’opération UNTAC avec comme chef le Japonais Akashi, fait tout pour intégrer économiquement le Cambodge à l’économie vietnamienne, comme la construction des routes et des ponts pour faciliter les transports des marchandises vers Saigon et en qualifiant toute opposition même verbale contre les Vietnamiens, de raciste.

« En décembre 2000, on dénombrait 290 investisseurs japonais implantés au Vietnam, avec un capital enregistré de 4 milliards de dollars, plaçant le Japon au troisième rang des investisseurs étrangers au Vietnam, derrière Singapour et Taiwan. En terme de réalisation, c’est-à-dire de décaissements effectifs des fonds, le Japon se situe au premier rang des pays investisseurs. »[10]

« Il était bien sûr nécessaire d’utiliser des équipements. Le marché de ces décennies s’est développé rapidement, passant de 710 millions de dollars en 1997 à 1 200 en 1999. Dans ce domaine, comme dans d’autres, le Vietnam a pratiqué une politique de diversification systématique de ses approvisionnements. Une partie de ces derniers est fabriquée sur place, dans le cadre de joint ventures. Goldstar produit des câbles de fibres optiques et des commutateurs digitaux, Daesung (Corée) assure la production de câbles, Alcatel (France) l’assemblage de commutateurs digitaux et Newtel (un groupe soutenu par Goldman Sachs (USA) et Nikko Securities (Japon)) fabrique des équipements téléphoniques en partenariat. De son côté, Siemens produit des câbles en fibre optique et des commutateurs digitaux. »[11].

Maintenant à la veille de la visite de Bush au Vietnam, le premier producteur mondial de puces électroniques, Intel, annonce qu’il va investir un milliard de dollars pour construire une usine de production de puces électroniques à Saigon.
Conclusion.

Le Vietnam est maintenant en passe de devenir une autre Corée du Sud, le plus puissant pays industriel du Sud-Est Asiatique, devant la Malaisie et la Thaïlande. Cette situation est le résultat de l’utilisation de la langue vietnamienne dans les universités depuis 1945, c'est-à-dire depuis plus de 60 ans. Maintenant le Vietnam forme 30 000 ingénieurs de haut niveau par an. Bill Gates est en train de former 15 000 ingénieurs informaticiens vietnamiens de haut niveau. Les entreprises technologiques de haut niveau, c’est-à-dire à fortes valeurs ajoutées trouvent facilement le personnel technique nécessaire comme Intel par exemple.

D’autre part, on trouve au Vietnam des livres, en vietnamien, en tout genre et des traductions en vietnamien des œuvres fondamentales de la culture mondiale. Les librairies vietnamiennes en Europe et en Amérique du Nord sont florissantes.

Est-il nécessaire de tirer une conclusion pour nous Cambodgiens ? Maintenant avec la mondialisation, c’est la guerre économique mondiale, elle est impitoyable. Dans cette guerre, les ingénieurs et les chefs d’entreprises de hauts niveaux sont les officiers et les généraux.

En formant, par an, 25 ingénieurs de faible niveau, en langue étrangère, le Cambodge est-il en mesure de répondre à ce défit mortel ? Comment attirer des entreprises de pointe, avec de fortes valeurs ajoutées, sans des ingénieurs de haut niveau en grand nombre ? Les Cambodgiens sont-ils condamnés à être éternellement des prolétaires de nos voisins ? Avec à terme la disparition du Cambodge ?

Le lundi 20 novembre 2006

Notes : This article is available into english upon request.

[1] Le 6 août 1945.
[2] Le 9 août 1945.
[3] « Taiwan le prix de la réussite » par René Dumont, Edition La Découverte, Paris 1986, page 23.
[4] - id – page 25.
[5] Yoshiharu Tsuboi, « La Diplomatie japonaise et le Vietnam (1972 – 1998) », in Revue d’Etudes internationales, N°1, mars 1999, p. 85 – 86.
[6] Idem – page 86.
[7] « Japon – Vietnam, histoire d’une relation sous-influences » par Guy Faure et Laurent Schwab, Ed. IRASEC, Paris, Bangkok 2004, p. 56.
[8] – Idem- page XIV.
[9] L’ambassadeur américain Dean reçoit une lettre de Sirik Matak, conseiller du Gouvernement :
Excellence et cher ami,
Je vous remercie très sincèrement pour votre lettre et pour votre offre de nous conduire vers la liberté. Hélas ! Je ne puis partir d'une manière aussi lâche.
Quant à vous et à votre grand pays, je n'aurais jamais cru un seul instant que vous abandonneriez un peuple qui a choisi la liberté. Vous nous avez refusé votre protection ; nous ne pouvons rien y faire. Vous partez et je souhaite que vous et votre pays trouviez le bonheur sous le ciel.
Mais, notez-le bien, si je meurs ici, dans mon pays que j'aime, tant pis, car nous sommes tous nés et nous devons mourir un jour. Je n'ai commis qu'une erreur, ce fut de vous croire et de croire mes Américains.
Veuillez accepter, Excellence, mon cher ami, mes sentiments loyaux et amicaux.
Sirik Matak.
[10] « Japon – Vietnam histoire, d’une relation sous-influences » par Guy Faure et Laurent Schwab, Ed. IRASEC, Paris, Bangkok 2004, p. 79.
[11] - id - , pages 87 et 88.

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