Comment libérer le Cambodge ? (1)
Nouvelles du Cambodge N° 0644-F
COMMENT LIBÉRER LE CAMBODGE DE LA DOMINATION VIETNAMIENNE ? (1)
COMMENT LIBÉRER LE CAMBODGE DE LA DOMINATION VIETNAMIENNE ? (1)
Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 16 octobre 2006
Nous remercions Naranh Kiri Tith pour son message très intéressant que nous reproduisons intégralement ci-dessous. Nous avons fait une enquête minutieuse auprès de nos compatriotes au Cambodge comme à l’étranger. A tous, unanimes, le problème à résoudre est : Comment libérer le Cambodge de la domination vietnamienne ?
Message de Naranh Kiri Tith :
« September 28, 2006
Dear Prasit:
Thank you for sending the letter by Julio Jeldres to the PM of Australia on Hun Sen coming visit to that country. I sincerely believe that Julio Jeldres is defending Cambodia's interests. But, I think he does tell the whole truth, especially on who brought Hun Sen to power. Sihanouk is the one. Without Sihanouk Hun Sen would not have an easy time. Now it is clear that Sihanouk (and Monique) is with Hun Sen 100 percent (please, look at all the supporting documents in my web site: http://mysite.verizon.net/vzeof03b/).
Please, read also the documents pasted below to better get what I am trying to day. The major power have already decide to go stability than real reform in Cambodia, especially when they know that Sihanouk is behind Hun Sen 100 percent. One of the major problems with most Cambodians is the lack of knowledge of what other important countries leaders are doing regarding Cambodia's destiny. Best regards. N. Tith »
Les échanges démocratiques sur tous les sujets qui intéressent le passé, la situation actuelle et l’avenir de notre chère patrie sont indispensables pour éclairer et encourager les luttes multiformes pour libérer notre pays de la domination vietnamienne. Dans votre message ci-dessus nous relevons un passage très intéressant :
« One of the major problems with most Cambodians is the lack of knowledge of what other important countries leaders are doing regarding Cambodia's destiny. » Nous désirons préciser que « other important countries », sont principalement nos deux voisins le Vietnam, la Thailande et aussi les grandes puissances, en particulier le Japon, les Etats-Unis, la Chine et la France. Il est important de prendre aussi en compte les conflits de leurs intérêts géostratégiques. Il faut avoir dans l’esprit que nos deux voisins et toutes les grandes puissances ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes. Ils n’ont que faire de nos intérêts nationaux fondamentaux comme le montrent nos nombreuses expériences récentes : Sihanouk faisait confiance à la France et à la Chine, Lon Nol aux Etats-Unis. Ayons toujours à l’esprit la lettre testament de Sirik Matak refusant de fuire lâchement sa patrie avec l’ambassadeur des Etats-Unis en avril 1975[1].
Au sujet de la France, nous reproduisons ci-dessous un passage de l’article de Mak Phoeun, intitulé : « La frontière du Cambodge et le Vietnam du XVIIè siècle à l’instauration du protectorat français présentée à travers les chroniques royales khmères », dans le livre « Les Frontières du Vietnam », sous la direction de P. B. Lafont, Ed. L’Harmattan, Paris 1989, page 148 :
« En 1858, alors que les Français étaient en train d’opérer en pays vietnamien, le gouverneur de la partie khmère de Peam, l’Ukana Rajasetthi nommé Kaep, alla reprendre, sur ordre du roi Hariraks Rama (Ang Tuon), la province de Treang Troey Thbaung (viêt. Tinh-bien), et aussi attaquer les provinces de Bassac, de Preah Trâpeang, de Kramuon Sâr et de Moat Chrouk. Après l’accession au pouvoir en 1860 du roi Narottam – le Norodom des ouvrages européens – les chroniques royales khmères notent que ce monarque fit de ce même gouverneur son ministre de la guerre et lui confia de nouveau le commandement des troupes opérant au sud du canal de Prêk Chik. Dans une note rédigée par Doudart de Lagrée, celui-ci indique que le gouverneur Kaep, à la suite d’hostilités entre Khmers et Vietnamiens au sujet des Cam (Chams) et des Malais, poursuivit les Vietnamiens, Cam et Malais jusque dans Treang Troey Thbaung, s’y maintint, et envoya régulièrement le tribut à la cour d’Oudong « sans objection de la part des Annamites », et cela jusqu’à l’arrivée des Français, ce qui revient à dire que depuis les événements de 1858 les Cambodgiens étaient redevenus maîtres d’une partie de leurs anciens territoires situés au sud du canal Prêk Chik, notamment de cette province de Treang Troey Thbaung qui, partant de la partie centrale du canal Prêk Chik et englobant la région de Svay Tong (Tritôn), s’étendait au moins jusqu’au Phnom Thom (Nui-sâp) au pied duquel coule le canal de Krâmuon Sâr. »
Signalons que la frontière linéaire est une importation européenne. Dans l’article de Mak Phoeun cité ci-dessus, à la page 142, il y a une carte montrant l’implantation des Vietnamiens en Cochinchine entre le XVIIè siècle et la première moitié du XIXè siècle. Cette carte montre que les Vietnamiens n’étaient pas majoritaires avant l’arrivée des Français.
Une autre carte de l’Indochine dans le livre : « Un hiver au Cambodge Souvenirs d’une mission officielle remplie en 1880-1881 » par M. Edgar Boulanger, ingénieur des Ponts et chaussées, deuxième édition, revue et augmentée, Alfred Mame et fils Editeurs, Paris 1888, page 361, montre que les frontières de la Cochinchine sont très loin au Sud-Est des frontières actuelles.
Confirmation par un historien français :
« Avec l’occupation et l’installation des Français en Cochinchine – installation qui s’est parfois appuyée sur la complicité active des autorités et de la population cambodgienne locale. » En note : « C’est ce qui s’est passé dans la province de Soc Trang en partie rattachée, depuis 1840 seulement, à l’empire vietnamien où, pour réprimer l’hostilité des Vietnamiens, les Français remplacent partout les chefs et sous-chefs de cantons vietnamiens par des fonctionnaires cambodgiens. Une fois la paix revenue, la province sera réorganisée à la vietnamienne et le pouvoir local rendu aux Vietnamiens. »[2]
Ainsi, il faut considérer, comme une donnée constante de notre problématique, que les Grandes puissances défendent d’abord et avant tout, leurs intérêts géostratégiques. Dans ces conditions comment essayer de trouver les bases pour unifier nos compatriotes dans leurs luttes multiformes pour libérer notre pays de la domination vietnamienne ? Tel est le problème à résoudre.
Par contre, nous ne sommes pas d’accord avec votre affirmation : «The major power have already decide to go stability than real reform in Cambodia, especially when they know that Sihanouk is behind Hun Sen 100 percent.”
Sihanouk avait commencé sa descente aux enfers à partir du moment où il a accepté de rencontrer, le 2 décembre 1987, à Fère-en-Tardenois (France), Hun Sen, un inconnu sur le plan international et entièrement soumis aux ordres de Hanoi. C’était le Président français François Mitterrand qui était l’entremetteur. Est-ce un hasard ?
Quatre mois avant cette rencontre, un bimestriel cambodgien en langue française publiée à Bruxelles (Belgique) « Perspectives », dans son premier numéro daté : septembre – octobre 1987, a publié un article intitulé « Des Négociations et le Parti Communiste Vietnamien (PCV) » et signé « Sethik, 25 août 1987 »[3].
Cet article mettait en garde Sihanouk contre le piège tendu par le PCV en acceptant de rencontrer Hun Sen, en principe sans condition, mais en réalité aux conditions de Hanoi.
Maintenant, Sihanouk est politiquement mort. Dire que la position des grandes puissances dépend de son attitude envers Hun Sen, n’est-il pas une façon de lui donner trop d’honneur et de valeur ?
Maintenant Ranariddh, à son tour, est mort, aussi, politiquement. Mais nous pouvons tirer des leçons de ses activités qui ont abouti à cette fin. Lors des élections de 1993, Ranariddh était sorti vainqueur. Mais il n’avait pas su mettre des gens de valeur, capables de contrer les agissements du clan Hun Sen. Le seul homme capable de faire un bon travail était Rainsy, placé à un des postes clefs du vrai pouvoir : le ministère de l’Economie et des Finances. Malheureusement peu de temps après Ranariddh limogea Rainsy, non seulement de son poste ministériel, mais aussi de son siège de député, contre tous les principes démocratiques les plus élémentaires. Le ministère est occupé aussitôt par un féal du PCV. Ce faisant Ranariddh semait en plus la division au sein de son propre parti au seul bénéfice du clan Hun Sen. Le PCV va utiliser cette division pour affaiblir progressivement la cohésion au sein du Funcinpec et finalement le détruire.
Mais après les élections de juillet 2003, Ranariddh, en créant avec Rainsy, l’Alliance des Démocrates, redonnait espoir aux patriotes cambodgiens. Cette Alliance a tenu un an. Finalement Hun Sen était obligé d’utiliser un nouveau stratagème avec toujours des promesses jamais tenues. En juillet 2004, Ranariddh a accepté de donner les pleins pouvoirs au clan Hok Lundy – Hun Sen, contre des promesses qui seront rapidement trahies. Pour vaincre les réticences au sein même de son parti, Ranariddh faisait encore une fois de nouvelles entorses aux principes démocratiques les plus élémentaires, en imposant au parlement des votes bloqués à main levée sur des sujets aussi fondamentaux que les amendements à la constitution et la formation conjointe du parlement et du gouvernement. C’est une nouvelle trahison envers Rainsy. Ce faisant, Ranariddh savait-il qu’il signait sa mort politique ? C’est maintenant chose faite et Ranariddh est obligé de s’expatrier. Le Funcinpec lui survivra-t-il ?
Maintenant, le PCV est en train de semer la division au sein du SRP. Rainsy saura-t-il tirer les leçons des activités de Sihanouk et de Ranariddh ? Rainsy a-t-il un programme politique, autre que la lutte pour démocratie et contre la corruption ? Rainsy a-t-il une équipe, un état major solidement uni autour des objectifs bien définis ? Les hommes de Rainsy a-t-il des relations avec des intellectuels cambodgiens et internationaux de haut niveau, en particulier avec des historiens ? Rainsy a-t-il des relations avec des chefs d’entreprises et des hommes d’affaires nationaux et internationaux, en particulier avec des grandes sociétés pétrolières ? Rainsy se laisse-t-il berner par les promesses fallacieuses de Hun Sen ?
Quelles leçons, Rainsy tire-t-il des récentes votes de ses parlementaires ?
a) Des parlementaires du SRP viennent de voter une loi obligeant les parlementaires à s’autocensurer. Cette loi est la seule en ce genre dans un parlement démocratique.
b) Des parlementaires du SRP viennent de voter une loi sur l’adultère, réglementant ainsi la vie privée des Cambodgiens.
c) Lors de ces votes, les parlementaires du SRP n’étaient pas unis.
Le clan Hok Lundy–Hun Sen ne va-t-il pas exploiter ces failles pour accentuer les contradictions au sein du SRP, pour finalement le détruire comme c’était le cas du Funcinpec ?
(À suivre…)
[1] Lettre de Sirik Matak à l’ambassadeur des Etats-Unis :
Excellence et cher ami,
Je vous remercie très sincèrement pour votre lettre et pour votre offre de nous conduire vers la liberté. Hélas ! Je ne puis partir d'une manière aussi lâche.
Quant à vous et à votre grand pays, je n'aurais jamais cru un seul instant que vous abandonneriez un peuple qui a choisi la liberté. Vous nous avez refusé votre protection ; nous ne pouvons rien y faire. Vous partez et je souhaite que vous et votre pays trouvent le bonheur sous le ciel.
Mais, notez-le bien, si je meurs ici, dans mon pays que j'aime, tant pis, car nous sommes tous nés et nous devons mourir un jour. Je n'ai commis qu'une erreur, ce fut de vous croire et de croire les Américains.
Veuillez accepter, Excellence, mon cher ami, mes sentiments loyaux et amicaux.
Sirik Matak
[2] « Le Cambodge et la colonisation française », par Alain Forest, Edition L’Harmattan, Paris 1980, page 434.
[3] Les lecteurs intéressés par le sujet de ce document sont invités à écrire à: khemarajati@sympatico.ca
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