Cambodge. Un témoin gênant
Nouvelles du Cambodge N° 0652-F
CAMBODGE. UN TÉMOIN GÊNANT
Phnom Penh pourchasse en Malaisie, où il s’était réfugié, un ancien chef de la police du régime de Hun Sen.
Le gouvernement cambodgien multiplie les pressions pour obtenir l’extradition de Heng Pov, ancien chef de la police de Phnom Penh et ex-conseiller du Premier ministre, Hun Sen, arrêté le mois dernier en Malaisie à l’expiration de son visa. Au point d’avoir envoyé à Kula Lumpur une vingtaine de personnes – officiels, juristes, requérants à sa solde – pour peser sur la décision que doit prendre d’ici peu la justice malaisienne. Un haut responsable du ministère de l’Intérieur aurait même séjourné sur place à seule fin de récupérer Heng Pov, témoin clef des exactions du régime, capable d’identifier les commanditaires de plusieurs assassinats politiques, dont celui, en 2004, du syndicaliste Chea Vichea.
Heng Pov affirme (voir L’Express du 17 août 2006) que des preuves ont été fabriquées en haut lieu pour obtenir la condamnation de deux jeunes gens qui « n’avaient rien à voir avec le meurtre » et qui purgent une peine de vingt ans de prison. Ses dires ont été confirmés il y a peu par une femme, Va Sothy, 39 ans, qui tenait alors un kiosque à journaux près duquel le syndicaliste a été abattu. Ayant trouvé refuge dans un pays tiers, elle vient de rendre public son témoignage : le tueur était un homme de 27 à 30 ans, dit-elle, qui a tourné une vingtaine de minutes autour de son étal, avant de brandir une arme et de faire feu à trois reprises sur Chea Vichea. Va Sothy révèle que l’individu est revenu à son stand un mois plus tard. Visite en apparence anodine mais grosse de menaces. A l’époque, déclare-t-elle, Heng Pov lui aurait demandé de garder le silence. L’ancien policier, selon ses proches, cherchait à protéger ce témoin oculaire, car Va Sothy risquait sa vie si elle se hasardait à parler en pareilles circonstances.
Par la suite, Heng Pov a été écarté de l’enquête. En septembre dernier, il a été lui-même condamné par contumace à dix-huit ans de prison pour des meurtres qu’il affirme ne pas avoir commis.
Sylvaine Pasquier.
L’Express du 16 novembre 2006, page 82.
Note : Cet article est disponible en anglais sur demande
Publié par Khemara Jati
Le 20 Novembre 2006
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