2006-11-09

Comment libérer le Cambodge ? (4)

NOUVELLES DU CAMBODGE N° 0647-F

LA ROUTE DE LIBÉRATION DU CAMBODGE DE LA DOMINATION VIETNAMIENNE (4)

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 24 octobre 2006

Les erreurs de nos hommes politiques.

Avec les critères ci-dessus, nous avons déjà donné notre opinion dans le texte ci-dessus. Nous essayerons d’examiner les activités passées de nos responsables politiques. Ce sera l’objet de notre prochain article.

Pour connaître les relations entre la France et le Vietnam, il est intéressant de se reporter à « Histoire de l’Indochine, La Perle de l’Empire 1624 – 1954 » par Philippe Héduy, Ed. Albin Michel, Paris 1998.

Pour les relations entre le Siam et les Européens se reporter à l’article dans :
http://www.bottu.org/histoire/histoire09htm

Pour les relations entre le Siam et les Européens se reporter à l’article dans :
http://www.bottu.org/histoire/histoire09htm

Nous reproduisons ci-dessous un passage de l’article :

« L’arrivée des Portugais

« En 1491, Ramathibodi II (r. 1491 – 1529) un des fils Borom Trailokanat montait sur le trône. Il devait prendre des mesures pour améliorer l’armée, la basant sur un service militaire obligatoire suite aux conflits continuels avec la Birmanie.

« C’est à lui que nous devons l’ouverture des relations avec l’Europe. En 1498, Vasco de Gama (Portugais), après avoir passé le Cap de Bonne Espérance et traversé l’océan Indien, a atteint finalement Calicut, une ville sur la côte du Malabar en Inde, où il fit de larges profits dans le commerce.

« Ceci devait encourager ses concitoyens à aller vers ce pays, où ils s’organisèrent pour obtenir un territoire sur lequel établir des villes. Goa devenait leur quartier général sous la responsabilité d’un Vice-Roi. Ils s’élancèrent vers l’est à la recherche de biens orientaux tels qu’épices, soie et porcelaine.

« En 1511, Alfonso d’Albuquerque attaquait Malacca, et fit voile vers le Siam. Reçu en audience par le roi Ramathibodi II, un traité fut signé (le premier traité entre le Siam et un Etat occidental) accordant aux Portugais le droit de résider, de commercer dans l’intérieur du pays en échange de canons et munitions.

« C’est ainsi que des mercenaires portugais participèrent aux campagnes militaires contre Chiang Mai et enseignèrent aux Thais l’art de fabriquer des canons et de se servir des mousquets. Malgré cela, les Thais ne purent s’opposer à la pression croissante des Birmans. Le roi de Pégou, Tabinshwéti, à la tête d’un empire birman nouvellement unifié, avait jeté son dévolu sur Ayutthaya affaiblie par ses guerres contre Chiang Mai.

« Neuf ans après le décès de Ramathibodi II en 1529, Ayutthaya était impliqué, pour la première fois dans une guerre avec la Birmanie. Ceci devait conduire à trois guerres successives en 1538, 1548 et 1569, avec pour résultat la chute d’Ayutthaya.

« En 1549, quand Tabinshwéti attaqua, Mahachakkraphat venait juste de monter sur le trône. Les Birmans ayant mis le siège devant sa capitale, Mahachakkraphat tenta une sortie. Ses fils, sa femme, sa fille l’accompagnaient, montés sur des éléphants. L’histoire a conservé le souvenir de l’héroïsme de la reine Sri Suriyothai. Vêtue en guerrier, elle jeta sa monture entre le roi et son ennemi, quand elle vit son mari en danger ; elle sauva son époux mais perdit la vie. Le chédi contenant les cendres de la reine est toujours visible à Ayutthaya.

« L’invasion birmane en 1549 était condamnée à l’échec. les armées de Tabinshwéti se retirèrent et Mahachakkraphat entreprit de renforcer les défenses de son royaume avec l’aide des Portugais. Trois cents éléphants sauvages furent capturés et dressés en vue d’éventuelles guerres contre la Birmanie.

« Sept de ces nouveaux éléphants étaient blancs. Or les rois bouddhiques de l’Asie du sud-est ont toujours chéri les éléphants blancs. Considérés comme des animaux de bon augure, indispensables au prestige royal et à la prospérité du pays. Quand cette nouvelle parvint au roi birman Bayinnaung, il donna le signal d’une nouvelle invasion en 1564. Ayutthaya fut définitivement vaincue en 1569 et les Birmans pillèrent la ville de fond en comble ; ils déportèrent sa population en masse vers la Birmanie. Mahachakkraphat était parmi les captifs : il mourut avant d’arriver à Pégou. »

Ayutthaya, de la restauration de l’indépendance à la fin de la période d’influence.

Ayutthaya fut sous la coupe de la Birmanie durant une période de quinze années avec le roi Maha Thammaracha gouvernant le pays sous la surveillance des fonctionnaires birmans.

Maha Thammaracha, principal suppléant du roi vaincu, fut chargé par Bayinnaung de gouverner le Siam désormais vassalisé. Son fils aîné, Narésuan, fut emmené comme otage en Birmanie et élevé comme un prince birman par le roi Bayinnaung. Narésuan rentra au Siam à l’âge de quinze ans et, avec son jeune frère Ekatotsarot, commença immédiatement à rassembler des combattants.

Pendant ses jeunes années, Narésuan avait pu observer l’armée birmane et étudier sa stratégie. Il entraîna ses troupes à la guérilla ; leur tactique d’attaque rapide suivie de repli leur valut le surnom de « Tigres sauvages » et de « Chats aux aguets ».

Des révoltes dans les Etats Shans et à Ava retenaient le jeune souverain Nandabayin dans son royaume et Narésuan en profita en 1584 pour déclarer Ayutthaya libérée du joug birman.

Cette déclaration d’indépendance du Siam fut faite dans la ville de Kraeng en mai 1584, alors qu’il était supposé commander un contingent thailandais en route pour aider à stopper la rébellion. Pendant les neuf années qui suivirent, les Birmans tentèrent plusieurs fois de soumettre à nouveau le Siam, mais Narésuan avait pris toutes les mesures défensives nécessaires et repoussa les invasions. En 1593, à l'occasion de l'une d'elles, il tua, à Nong Sa Rai près de Suphan Buri, le prince héritier birman, en combat singulier à dos d’éléphant. A la mort de son père, en 1590, Narésuan assuma toute la royauté en reconsolida le Siam.

Dans son conflit avec la Birmanie, il retourna la situation en sa faveur et imposa en 1594 sa suzeraineté au roi du Cambodge et à certains princes shans. Il tenta à deux reprises, mais en vain, de conquérir la Birmanie.

Sous Narésuan le grand, Ayutthaya connut une période de prospérité dont témoignent les descriptions faites par les Européens qui visitèrent la métropole au XVII7 siècle. En effet, durant le règne de Narésuan le grand, les Espagnoles, après les Portugais, commencèrent des échanges commerciaux avec Ayutthaya.

Après avoir réglé les problèmes aux Philippines en désignant Manille comme leur capitale en 1571, ils se répandirent dans les pays voisins.

En 1598, Don Tello de Aguirre quittait Manille pour une mission diplomatique à Ayutthaya. Cette ambassade devait mener à la signature d’un traité d’amitié et de commerce avec le Siam. Les termes du traité étaient similaires à ceux du traité d’avec le Portugal en 1516.

Les Birmans ont attaqué en premier les Siamois parce qu’ils avaient acquis des armes à feu vendues par les Portugais, avant Ayutthaya :

“The European presence in Ayutthaya simply fed into this continuing process of state development, mainly due to the military technology they introduced at a time when Ayutthayan kings were attempting to assert their superiority over often reluctant vassals. In a climate where military organization was receiving closer attention, European weapons were attractive because they could be effectively combined with traditional fighting methods to give the possessor a distinct advantage, even if it was simply to inspire terror through the noise of explosives. Thus a contract made with Ramathibodi in 1518 allowed the Portuguese to trade in Ayutthaya, Ligor, Tenasserim and Pattani in return for guns and war munitions, and a number of Portuguese mercenaries were attached to the Ayutthayan army.

“However, it was in Burma where European military technology apparently had its greatest appeal, and may have made a measurable contribution to the resurgence of Burman strength. The founders of a new dynasty originating from Toungoo, Tabinshwehti (r.1531-50) and his successor Bayinnaung (r. 1551-81), aimed from the outset to recreate a centralized state in the Irrawaddy basin, and the advent of the Europeans was thus timely. Experts in gunnery were recruited into royal service, and during successful attacks on the Mon capital of Pegu in the late 1530s and on Martaban in the 1540s several hundred Portuguese mercenaries were reportedly deployed. While it would be wrong to overestimate the effects of European firearms, local chronicles speak with awe of the ‘great guns’ by which Tabinshwehti could ‘smash the [Shan] saw-dwas’ warboats to splinters’ since they ‘had no cannon or large mortars’. By the late 1550s he even defeated Chiengmai, which had successfully resisted the armies of Ayutthaya eleven years earlier. So impressive were his victories that one eminent Thai prince, the viceroy of the northern provinces, was ever willing to attach himself to this seemingly invincible conqueror. Besieged by Bayinnaung’s army, Ayutthaya fell in August 1569 and by 1574 Vientiane in Lan Sang was also in Burman hand. For the first time in history Burman rulers had been able to subdue the ‘great arc of Thai-speaking people’, and from Chiengmai to Ayutthaya splendid new pagodas built at Bayinnaung’s direction proclaimed the power of the king whom the Mons referred to in awe as the ‘Victor of the Ten Directions’.”
[1]

Ainsi les Birmans ont vaincu les Siamois parce qu’ils avaient acquis des armes à feu, vendues par le Portugais avant Ayutthaya, en plus ils sont aidés par des centaines de mercenaires portugais. L’intérêt des Portugais était de vendre des armes à feu et de gagner de l’argent. Les Portugais vendaient ainsi des armes aussi bien aux Birmans qu’aux Siamois. Ainsi les Portugais n’étaient-ils pas les arbitres des guerres entre la Birmanie et le Siam ? Qu’en est-il des Cambodgiens durant cette période ?

Rappelons que les Siamois ont pillé Angkor en 1431 emportant avec eux toutes les richesses de la ville dont deux statues monumentales de bronze et déporté la presque totalité de nos intellectuels. Notons que Angkor était la seule civilisation de l’Asie Sud-Est à produire des œuvres monumentales en bronze. Certaines statues peuvent mesure 6 mètres[2].

« Pour la statuaire, la nouveauté n’est pas moins grande, concernant aussi bien la technique que les sources d’inspiration. Dans le domaine de la technique, le fait le plus marquant est l’importance, jusqu’à présent insoupçonnée, d’un art monumental du bronze alliant aux ressources d’un métier traditionnel des progrès évidents. Pour l’inspiration, la qualité exceptionnelle du modelé révèle que les artistes n’ont pas été seulement les portraitistes officiels qu’ont avait déjà reconnus. Passionnés pour les formes vivantes qu’ils ont observées avec une acuité inattendue, ils ont interprété les thèmes les plus classiques avec une originalité, une personnalité que nous ne retrouverons à aucun autre moment dans l’Asie du Sud-est. » (page 334).

Lors du pillage d’Ayutthaya en 1569, les birmans ont ramené chez eux un énorme butin dont deux statues monumentales angkoriennes retrouvées de nos jours à la pagode Arakan (Birmanie).

La bataille de Longvêk avait lieu en 1595 non en 1594, date fourni par Bottu ci-dessus. D’après le document ci-dessus, les armées siamoises ont acquis une solide formation militaire dans leurs luttes contre les armées birmans. Les Siamois savent dont parfaitement utiliser les armées à feu achetées aux Portugais, y compris des canons. D’ailleurs nos ancêtres nous ont légué une légende où il était mentionné que les Siamois « tiraient des boulets en argent ». Il serait intéressant d’interpréter cette légende à la lumière des informations ci-dessus. Au sujet de la présence de quelques trois ou quatre mercenaires portugais avec quelques armes à feu du côté cambodgien, se reporter au livre de Bernard Philippe Groslier « Angkor et le Cambodge au XVIè siècle, d’après les sources portugaises et espagnoles » Presses Universitaires de France, Paris 1958. L’intervention des Portugais dans notre région est-elle négligeable dans notre défaite à Longvêk ?

Ne faut-il pas réécrire notre histoire à la lumière de ces nouvelles informations ?

Note : This article is available into english upon request.

[1] Extrait de « The Cambridge History of Southeast Asia » Volume One, Part Two, from c. 1500 to c. 1800, edited by Nicholas Tarling, Cambridge University Press, 1992, 1999, page 71 et 72.
[2] « Notes sur l’art du bronze dans l’ancien Cambodge » par Jean Boisselier, dans Artibus Asiae, vol XXIX, 1967, n° 4, pages 275 à 334

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