À l'Amitié Cambodge Finlande
Nouvelles du Cambodge N° 0807-F
A l’Amitié Cambodge Finlande
1/. Les faits
La Finlande, depuis plus d’une décennie, a accepté d’accueillir dans son pays tous les opposants cambodgiens accusés injustement des crimes qu’ils n’ont pas commis. Notons que les Cambodgiens réfugiés en Finlande sont des intellectuels connaissant parfaitement au moins deux langues : le cambodgien, l’anglais et maintenant probablement le finnois. Ils sont capables de traduire sans dictionnaire, l’anglais en cambodgien.
Un cas très important à noter est celui de Heng Pov, un haut dignitaire de la police qui révèle à Singapour, les dessous des crimes commis par le régime de Phnom Penh, en particulier sur le massacre du 30 mars 1997 destiné à tuer Rainsy et qui a blessé un citoyen des Etats-Unis. Il est intéressant de noter que le gouvernement américain refuse toujours de rendre public le rapport d’enquête du FBI.
Heng Pov, réfugié politique quelque part, risquerait donc faire des révélations qui renverseraient le régime installé à Phnom Penh par Hanoi depuis janvier 1979. Ce n’est donc pas dans l’intérêt des grandes puissances. Le pouvoir actuel de Phnom Penh détient de nombreux secrets qui peuvent ternir la réputation de certaines grandes puissances.
Dans ces conditions, c’est encore la Finlande, le seul pays, qui accepte d’accueillir Heng Pov comme réfugié politique. Finalement, « on » s’arrange pour faire retourner Heng Pov dans les prisons de Phnom Penh, pour lui empêcher de faire des révélations encombrantes.
Il y a quelques mois, la compagnie aérienne nationale finlandaise Finnair, inaugure la première liaison directe entre une capitale européenne, en l’occurrence, Stockholm en Suède à Phnom Penh. Jusqu’à présent pour aller, d’Europe au Cambodge, il faut passer par Bangkok, Singapour, Kuala Lumpur, Tai Pei, même Tokyo, Pékin et Séoul. Les Cambodgiens ne comprennent pas cet ostracisme de Phnom Penh, capitale d’un pays qui accueille plus de deux millions de touristes par an. Ainsi la Finlande vient de briser cette exclusion dans la destination vers la capitale du Cambodge. Il faut noter aussi l’incapacité voulue du pouvoir de Phnom Penh à organiser une compagnie aérienne cambodgienne. Nous souhaitons que nos compatriotes utilisent de préférence Finnair pour se rendre à Phnom Penh.
Enfin plus récemment Helsinki vient d’accorder 5 millions d’euros pour aider l’éducation au Cambodge.
2/. Histoire de la Finlande (Suomi en finlandais).
« Au XVIIIè siècle, la langue officielle de l’actuelle Finlande était le suédois. Après l’union territoriale de 1809 avec l’empire tsariste, ce fut le russe. Mais dans les années 1820, l’intérêt « naissant » pour le finnois et le passé finlandais, qui s’était d’abord exprimé à la fin du XVIIIè siècle par des textes écrits en latin et en suédois, se porta de plus en plus sur la langue vernaculaire. Les chefs de file du mouvement nationaliste finnois en pleine ébullition étaient « des personnes dont la profession consistait largement à manipuler la langue : écrivains, professeurs, pasteurs et avocats. L’étude du folklore mais aussi la redécouverte et la compilation de grammaires et de dictionnaires, et se soldèrent par la parution de revues qui contribuèrent à normaliser le finnois littéraire [autrement dit, la langue d’imprimerie], justifiant à son tour de plus fortes revendications politiques. »
Dans « L’Imaginaire National Réflexions sur l’Origine et l’essor du nationalisme »
par Benedict Anderson, Ed. La Découverte, Paris 2002. pages 83, 84.
a/. L’histoire récente de la Finlande est encore très compliquée et douloureuse.
Sous la domination russe, le tsar Alexandre 1er ouvre la diète de Porvoo en 1809. La Finlande sert à maintes reprises de champ de bataille et d’enjeu entre les empires suédois et russe. A l’époque napoléonienne, la Suède dut abandonner la Finlande au tsar Alexandre 1er par le traité d’Hamina ou Frederikshamm du 7 septembre 1809. La Finlande devint dès lors un grand-duché de l’empire russe. Helsinki devient la capitale du Grand-Duché en 1812 et c’est à partir de cette date que l’influence de cette ville commence à croître. Contrairement à l'époque suédoise, la Finlande n'est pas un territoire à part entière de l'empire, mais une région autonome. Les tsars se montrèrent plus ou moins respectueux de cette autonomie, et surtout tentèrent tous, à l'exception notable d'Alexandre II, de russifier cette région. C'est cette autonomie qui fut à l'origine du mouvement pour l'indépendance du pays à partir du XIXe siècle.
Alexandre II témoigna d'une remarquable libéralité vis-à-vis du peuple finlandais (comme plus généralement de ses autres sujets) et favorisa l'émergence d'une littérature nationale. C'est donc notamment à travers la culture et ses intellectuels que la Finlande va voir se développer son mouvement pour l'indépendance. Ainsi la publication le 28 février 1835 d'un recueil de trente-deux chants inspirés des contes traditionnels de Carélie sous le nom de Kalevala (le Pays des héros) par un médecin de campagne finlandais, Elias Lönnrot, est devenu le fondement de la culture finlandaise. Cette œuvre a par la suite inspiré d'autres grands artistes finlandais, comme le peintre Akseli Gallen-Kallela (1865-1931) et le compositeur Jean Sibelius (1865-1957), et le 28 février est encore commémoré comme une fête nationale en Finlande. Les écrits de Johan Ludvig Runeberg ont également attisé le mouvement pour l'indépendance. La reconnaissance des Finlandais pour le « tsar libérateur » est encore vive, puisque sa statue trône toujours aujourd'hui sur la place du Sénat.
b/. L'accession à l'indépendance [modifier]
Le 20 juillet 1906, le tsar Nicolas II, en bute à de nombreuses difficultés, accorde de nombreuses libertés aux Finlandais (dont le droit de vote pour les femmes). La Finlande obtint aussi une reconnaissance internationale symbolique, lorsqu'elle fut autorisée à participer, sous ses propres couleurs et non celles de la Russie, aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912. Le 6 décembre 1917, profitant du désordre causé par la révolution bolchevique, la Finlande déclare son indépendance, reconnue par le pouvoir soviétique le 4 janvier 1918. C'est alors le début de la guerre civile finlandaise entre Rouges, alliés à la Russie soviétique, et Blancs alliés à l'Allemagne. Un général finlandais énergique, le baron Carl Gustaf Emil Mannerheim commande les troupes gouvernementales Blanches et profite du renfort de troupes allemandes. Celles-ci l'emportent sur les gardes rouges bolcheviques à Vyborg le 30 avril 1918. L'indépendance de la Finlande est désormais acquise.
À peine un mois avant la défaite allemande, les Finlandais choisissent pour roi un prince allemand, Frédéric Charles de Hesse. Celui-ci s'efface rapidement et Mannerheim devient régent avant de céder la place à son tour avec la proclamation de la République le 17 juillet 1919.
c/. La Seconde Guerre mondiale
En novembre 1939, en vertu du protocole secret du pacte Molotov-Ribbentrop, l'Union soviétique pose un ultimatum à la Finlande, puis l'attaque devant le refus de celle-ci de lui accorder « le prêt » de bases, dont la presqu'île de Hanko, qu'elle réclamait. Ce fut la Guerre d'hiver de 1939-1940. La ligne de défense finlandaise, nommée ligne Mannerheim en référence à la ligne Maginot en France, est supposée pouvoir résister une à deux semaines à l'agresseur selon le maréchal Mannerheim.
Malgré les réussites des soldats finlandais (ils inventèrent alors le devenu célèbre « cocktail Molotov »), bien inférieurs en nombre aux Soviétiques, la Finlande s'incline par le traité de Moscou du 12 mars 1940, et cède à Staline 10 % de son territoire (la province orientale du pays, la Carélie, qui appartient encore à la Russie aujourd'hui), mais reste indépendante, contrairement aux Pays baltes.
En 1941, quand l'Allemagne attaque l'URSS (opération Barbarossa), la Finlande veut prendre sa revanche et joint ses troupes à celles de l'Allemagne nazie pour attaquer l'URSS et récupérer les territoires perdus ou plus si possible. Elle arrête toutefois l'offensive au lac Onega, et ne coupa jamais la ligne de chemin de fer de Mourmansk ni n'attaqua Leningrad, malgré les demandes pressantes de Hitler.
En 1944, l'Armée rouge perce le front, et l'armée finlandaise se replie jusqu'à l'ancienne frontière. Elle signe alors un armistice avec l'URSS, stipulant le départ du corps d'armée allemand qui stationnait au Nord de la Finlande. Son évacuation ratée déclenche la guerre de Laponie, contre les Allemands cette fois-ci. La Finlande échappe de peu à une annexion pure et simple par l'URSS. Par le traité de Paris du 10 février 1947, elle recouvre son indépendance, amputée non seulement de la Carélie mais aussi de territoires supplémentaires (la région de Petsamo et de l'isthme de Carélie), verse un lourd tribut aux Soviétiques et doit se résigner à subordonner sa politique étrangère à celle de l'URSS en échange de la préservation de ses institutions démocratiques (ce qu'on appela jusqu'à la fin de la Guerre froide la « finlandisation »). Le paradoxe de cette dette, c'est qu'elle devient une source de prospérité pour le pays. L'obligation de payer des réparations à l'Union soviétique, contraint la Finlande à s'industrialiser. La Finlande, principal partenaire occidental de l'URSS, va se muter en un état riche, avec l'un des meilleurs niveaux de vie au monde.
3/. La Finlande contemporaine
Durant la Guerre Froide, la ligne Paasikivi de neutralité stricte fait de la Finlande une plaque tournante des relations Est-Ouest. Elle ne peut pas en effet se ranger dans l'un ou l'autre bloc en vertu des accords passés à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Contrairement à des idées parfois répandues en France, la Finlande n'était donc pas communiste, mais ne pouvait pas se joindre au bloc de l'Ouest sous peine de mécontenter son puissant voisin. La politique de la Finlande se tourne ainsi résolument vers la neutralité qui lui permit de traverser, sans trop d'encombres, cette période délicate. Aujourd'hui encore, les Finlandais hésitent à adhérer à l'OTAN afin de respecter leur neutralité politique.
La Finlande devient rapidement un pays très prospère. Son développement subit néanmoins une crise majeure dans les années 1980 et 1990, alors que le chômage touche 20% de la population active. Pendant cette période, la Finlande concentre tous ses efforts dans la formation des ingénieurs et des scientifiques de haut niveau. C’est le lancement des activités dans le secteur des nouvelles technologies (Nokia, F-Secure et des laboratoires de biotechnologie par exemple), elle renoue avec la croissance et atteint un taux de chômage inférieur à la moyenne de l'Union européenne. Finalement, la Finlande adhère à cette dernière en 1995 et participe à la zone euro dans laquelle ses billets et pièces ne représentent qu'environ 2% du total mis en circulation.
Conclusion
Dans cette courte histoire de la Finlande, il y a certainement des insuffisances, voire des erreurs involontaires. Nous souhaitons que le gouvernement finlandais finance l’écriture d’une histoire de la Finlande en cambodgien avec le concours des Cambodgiens vivant en Finlande et des historiens finlandais. C’est une histoire qui ressemble dans une certaine mesure à l’histoire du Cambodge, obligé de lutter pour préserver son indépendance et sa souveraineté, entre ses deux puissants voisins, dans la situation des conflits des intérêts géostratégiques des grandes puissances. La politique de neutralité cambodgienne ne rappelle-t-elle pas la politique de neutralité finlandaise ?
Nous souhaitons que le gouvernement finlandais finance des traductions et la publication des œuvres littéraires européennes et en particulier, finlandaises, en cambodgien. Nous souhaitons aussi la traduction et la publication des livres scolaires, universitaires et de vulgarisation scientifique, finlandais en cambodgien pour permettre aux jeunes cambodgiens d’avoir à leur disposition des ouvertures vers le monde extérieure en rapide évolution.
Comme le peuple finlandais l’a fait, ce sont la culture et son support de la langue qui sont les bases solides et pérennes de l’unité nationale.
En terminant, nous exprimons notre très profonde gratitude au peuple et au gouvernement finlandais pour leurs manifestations d’aides et de soutiens au peuple cambodgien.
Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 20 janvier 2008
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