2007-01-01

Souhaits de Nouvel An 2007

Nouvelles du Cambodge N° 0666-F

SOUHAITS DE NOUVEL AN 2007

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 31 décembre 2006

Le 25 décembre 2006 était le 28è anniversaire de l’invasion vietnamienne, commencée le 25 décembre 1978. Treize ans après, le 21 décembre 1991, deux mois après la signature des Accords de Paris, commençait les premières manifestations urbaines pacifiques des cambodgiens, peuple et étudiants, contre le pouvoir installé par Hanoi. Le troisième jour, le 23 décembre 1991 ces manifestations pacifiques sont noyées dans le sang par la soldatesque vietnamienne sous les yeux des diplomates et médias occidentaux. La police Dakon vietnamienne tirait à bout portant sur les enfants, les vieux et les moins vieux, hommes et femmes. La famille des victimes est sommée de se taire. Un père qui voulait regarder une dernière fois le visage de son fils tué, a été abattu. L’ONU était obligée de désigner à la hâte le 9 janvier 1992, le Japonais Yasushi Akashi comme chef d’UNTAC. Car le Japon va être obligé de débourser plus de 2 milliards de $US pour cette opération la plus onéreuse de l’ONU. Rappelons aussi que ce sont les soldats d’UNTAC qui ont introduit le Sida au Cambodge et propagé rapidement par les prostituées vietnamiennes. De nos jours à peu près les mêmes hommes installés par Hanoi sont toujours au pouvoir

En ce seuil de la nouvelle année 2007, 29è année de la domination des communistes vietnamiens, nos pensées vont vers les familles et les enfants qui sont obligés d’aller chercher dans les décharges d’ordures ménagères, des cans de boissons, des cartons et autres objets vendables pour quelques sous ; vers les familles qui sont obligées de vendre leurs enfants pour survivre ; vers les enfants qui sont obligés de vendre leur corps pour survivre ; vers les familles de Cambodgiens, expropriées et jetées à la rue arbitrairement et qui vont grossir le nombre des déshérités que nous venons de citer.

Rainsy a évalué à 200 000 par an, le nombre de Cambodgiens morts de l’ignorance, de la maladie et de la misère ; Le Cambodge compte le pourcentage le plus élevé de la région pour le nombre des femmes mortes en couches et de mortalité infantile. L’espérance de vie est la plus basse de l’Asie.

Nos pensées vont aussi aux familles des nos compatriotes qui sont massacrés ou tués arbitrairement ou pour des raisons politiques et qui sont obligés de se taire ; à ceux qui sont emprisonnés arbitrairement et à leurs familles et aux familles des victimes qui sont obligées de s’expatrier pour échapper à la prison ou à la mort.

Au seuil de la nouvelle année 2007, il est d’usage de relever les faits marquants de l’année précédente.

§ Les Cambodgiens au Cambodge sont unanimes pour constater que le Cambodge vive toujours sous la loi vietnamienne et que le Vietnam est en train d’avancer leurs frontières de plus en plus profondément dans nos terres. Les bornes frontières même récentes ne sont pas immobiles. La police et les fonctionnaires sont obligés de se taire ou déplacés. Nos habitants aux frontières sont obligés de reculer ou d’adopter la nationalité vietnamienne. A nos frontières le côté vietnamien est florissant et le côté cambodgien misérable, avec des moyens de communications en très mauvais états. Les nouvelles usines qui vont se construire sur nos terres seront alimentées en énergie électricité et pétrole venant du Vietnam. Les ingénieurs et techniciens seront vietnamiens. Les produits fabriqués seront exportés comme produits vietnamiens par le port de Saigon. Comme d’ailleurs déjà en moyenne un million de tonnes de riz cambodgien. Le Vietnam vend au Cambodge de la brisure de riz à bon prix.

§ 2006 a vu un nombre croissant de Cambodgiens à l’étranger se mettre à l’unisson avec nos compatriotes au Cambodge. Il y a maintenant unanimité pour dire ouvertement que le danger principal pour l’avenir de notre pays est que le Cambodge devienne progressivement une province vietnamienne. C’est une prise de conscience de la première importance.

§ 2006 nos compatriotes à l’étranger, analysent la situation de notre pays, en tenant compte des intérêts géostratégiques de ceux qui disent nous aider, comme les aides des grandes puissances.

2006 a vu aussi l’apparition des premières armes les plus importantes de lutte pour la pérennité de la nation cambodgienne.

La lutte la plus importante et la plus fondamentale est celle consistant à rassembler et à unir le peuple :

§ Au point de vue culturelle et linguistique par le développement de l’utilisation de la langue écrite dans l’enseignement de la maternelle aux universités et aux laboratoires de recherches les plus pointus. Un peuple instruit n’accepte jamais une domination étrangère durable. Un peuple ne peut être instruit que dans la langue du peuple. Il est curieux de constater que nos frères en Thaïlande et au Vietnam se battent dans des conditions très difficiles pour conserver leur langue et leur culture, de constater que les Cambodgiens, surtout à l’étranger acceptent allègrement ces bases fondamentales de notre identité culturelle nationale.

§ Au point de vue social et économique par le développement des entreprises à capitaux cambodgiens ou à capitaux étrangers utilisant les compétences cadres, ingénieurs et techniciens cambodgiens à tous les niveaux. Cela dans l’objectif de développer l’économie pour la prospérité pour l’ensemble du peuple.

§ Au point de vue territoriale par la construction des routes asphaltées et bien entretenue pour relier nos villes et villages avec la capitale. Il est nécessaire que l’ensemble du Cambodge devienne l’arrière pays de notre port de Kompong Som. Pour que nos richesses archéologiques et autres soient exploitées principalement à partir du Cambodge. Construire des usines à nos frontières sans améliorer les communications vers notre port de Kompong Som c’est offrir nos richesses et nos terres à nos voisins sur un plateau d’or.

§ Au Cambodge, nos compatriotes savent par expérience distinguer les aides étrangères et des grandes puissances, celles utiles et aident dans leur vie quotidienne et pour développer le pays, de celles qui aident principalement la domination vietnamienne, comme les routes et autoroutes vers le Vietnam et délaissant les routes de communication intérieures du Cambodge.

Sur ces trois impératifs, 2006 a vu des réalisations importantes :

§ 2006 a vu une nette prise de conscience de l’importance fondamentale de l’enseignement en général et de l’enseignement en langue nationale en particulier. Certes il y a encore des rivalités pour enseigner l’anglais, ou le français ou le chinois pour devenir la langue principale à l’université. Ce fait explique le nombre très faible, pour ne pas dire négligeable des Cambodgiens formés au Cambodge, ayant des connaissances de haut niveau. Ce fait entre dans le plan de Hanoi pour vietnamiser le Cambodge pour continuer à dominer notre pays dans le futur : maintenir le peuple cambodgien dans l’ignorance le plus longtemps possible. Malgré l’infériorité criante de nos systèmes scolaire et universitaire par rapport à nos voisins, nos compatriotes arrivent à remédier dans une certaine mesure ce handicap imposé par le pouvoir imposé par Hanoi. A la fin de l’année 2005, lors de l’Olympiade Scientifique organisée en Indonésie, le Cambodge est représenté par 6 candidats. Les six sont primés. Un a obtenu la médaille d’or. Ni la Thaïlande, ni le Vietnam n’a obtenu une telle médaille. Malgré leur faible rémunération, la majorité des professeurs ont conscients de leur devoir et donnent souvent des leçons particulières gratuites aux meilleurs élèves. D’autre part avec la diffusion des livres, il y a de plus en plus d’autodidactes qui réussissent comme les lauréats des Olympiades en Indonésie.

§ Des entreprises de plus en plus nombreuses sont dirigées par des Cambodgiens. Il y a une coopération entre les Cambodgiens expatriés et les Cambodgiens formés sur place dans des entreprises à capitaux étrangers. Les ingénieurs, techniciens cambodgiens à tous les niveaux peuvent concurrencer efficacement leurs homologues vietnamiens ou étrangers. D’ailleurs beaucoup d’entreprises cherchent des ingénieurs et techniciens cambodgiens à tous les niveaux, parce que plus en phase avec le peuple. Certes la lutte contre les monopoles exorbitants de la société vietnamienne Sokimex et de la banque vietnamienne Canadia est encore loin d’être gagnée. La lutte est certes encore rude et longue, mais la route est maintenant dégagée.

§ Maintenant il est possible à nos compatriotes d’utiliser la langue cambodgienne dans internet comme pour écrire des emails par exemple. D’autre part Google nous offre un moteur de recherche dans notre langue. Nous souhaitons que Google mette en ligne tous les livres en cambodgien ainsi que les documents en français et en anglais sur notre histoire, en particulier les livres et les articles de Bernard Philippe Groslier. Il y a aussi des claviers en cambodgien. Il faut encore un certain temps pour que cette possibilité soit généralisée.

§ Des aides étrangères nous aident maintenant à construire des routes et des ponts pour améliorer les communications à l’intérieur de notre pays. Nos chemins de fer seront modernisés. La Chine nous construit un grand barrage hydroélectrique à Kamchay avec 90 % de personnel cambodgien. Nous allons avoir beaucoup de pétrole et gaz. Tout le monde sait que l’énergie est à la base de tout développement économique. Alors pourquoi tarder à construire une raffinerie de pétrole au Cambodge et des usines électriques utilisant notre pétrole et notre gaz ? N’est-il pas un moyen de ne plus dépendre de l’essence vietnamienne importée par la seule société vietnamienne qui en a le monopole ? N’est-il pas un moyen pour alimenter nos provinces frontalières avec notre électricité ? N’est-il pas un moyen pour abaisser considérablement le prix de l’énergie dans notre pays ? Allons-nous subir la malédiction du pétrole comme le Nigeria ou l’Angola ? Pourquoi les contrats pour l’exploitation de nos richesses en hydrocarbures restent-ils toujours secrets ?

§ Nos compatriotes à l’étranger, analysent la situation de notre pays, en tenant compte des intérêts géostratégiques de ceux qui disent nous aider, comme les aides des grandes puissances. La question est de savoir : est-ce que les aides chinoises sont toutes mauvaises et les aides américaines, toutes bonnes ? Ou inversement ? La réponse se trouve dans les critères sur lesquels basé la réponse. Nos compatriotes au Cambodge peuvent le constater dans la pratique. Mais à l’étranger ?

§ Dans ces luttes multiformes contre l’Ignorance, la Maladie et la Misère, les Cambodgiens ont remporté pas mal de succès. Il y a maintenant une plus grande cohésion dans la société cambodgienne grâce au renforcement de l’unité de l’identité nationale basée sur le développement de notre langue écrite et aux luttes communes pour développer notre économie nationale.

Certes les efforts des Cambodgiens sont fondamentaux, mais il faut souligner les contributions des personnalités étrangères qui nous ont aidés plus que bénévolement en consacrant leur vie, leur talent et leurs richesses personnelles pour venir en aide aux Cambodgiens dans les domaines de leurs compétences. Nous ne citons que deux :

§ Beat Richner, médecin pédiatre et violoncelliste suisse, qui vient d’inaugurer son quatrième Hôpital Kantha Bopha. Ces Hôpitaux sont construits, avec les aides de quelques experts étrangers, presque totalement par des Cambodgiens, architectes, entreprises, ingénieurs, techniciens et ouvriers. Ces Hôpitaux sont gérés par un personnel cent pour cent cambodgien administration et personnel médical et technique en tout genre. Seul le directeur adjoint est français, pour le remplacer quand il s’absente. Ces Hôpitaux soignent gratuitement les enfants cambodgiens de toutes les conditions, sans le moindre favoritisme. Maintenant il y a d’autres hôpitaux qui soignent aussi gratuitement.

§ Ingrid Muan, une Américaine d’origine suédoise, morte dans des conditions mystérieuses en avril 2005, a apporté une contribution très importante pour développer notre culture en générale et dans la culture écrite en particulier en arrivant à obtenir des subventions des fondations importantes comme la « Albert Kunstader Family », la « Japan Foundation Asia Center », la « Rockefeller Foundation » et la « Toyota Foundation », pour créer avec son ami Ly Daravuth le groupe culturel « Reyum » ? Grâce à ses démarches que le Cambodge possède maintenant des imprimeries modernes avec un personnel technique pour les gérer et les entretenir.

§ Maintenant les livres, journaux, revues etc. en langue nationale se développe rapidement et se vendent très bien. Les libraires – éditeurs gagnent bien leur vie. Ce fait permet à nos écoles et lycées de se doter petit à petit de bibliothèques.

Nos souhaits pour la nouvelle année 2007

Au seuil de cette nouvelle année 2007, l’équipe de Khemarajati, souhaite à nos amis, à nos lecteurs et à tous nos compatriotes au Cambodge comme partout dans le monde une bonne et heureuse nouvelle année : santé, bonheur et réussite dans toutes les entreprises ; Que nos compatriotes au Cambodge et partout dans le monde consolide leur unité de combat dans les luttes multiformes de plus en plus unies de notre peuple contre l’ignorance, la maladie et la pauvreté, contre les monopoles exorbitants de la société vietnamienne Sokimex et la banque vietnamienne Canadia, pour l’Indépendance nationale dans notre intégrité territoriale et maritime, pour le développement de notre unité culturelle, linguistique, pour le développement économique pour l’ensemble du peuple, pour la démocratie et pour la liberté.

Nous souhaitons que nos compatriotes prennent conscience de l’importance de l’histoire, héritage fondamental de nos ancêtres qu’il faut savoir bien déchiffrer. Car jusqu’à maintenant notre histoire est principalement écrite par des étrangers.

« L’ignorance de son propre passé, c’est-à-dire d’une grande part de soi-même, n’est-elle pas davantage encore aliénatrice ? Tous les maux qui frappent l’Afrique aujourd’hui, ainsi que toutes les chances qui s’y révèlent, résultent de forces innombrables propulsées par l’Histoire. Et de même que la reconstitution de l’évolution d’une maladie est la première étape d’une entreprise rationnelle de diagnostique et de thérapeutique, de même la première tâche d’analyse globale de ce continent est historique. A moins d’opter pour l’inconscience et d’aliénation, on ne saurait vivre sans mémoire, ni avec la mémoire d’autrui. Or l’Histoire est la mémoire des peuples. » Ki Zerbo, dans « Histoire Générale de l’Afrique », Ed Unesco, Paris 1980, 1984, tome I, p. 23. Ki Zerbo mort le 4 décembre 2006.

Or l’Histoire du Cambodge est écrite principalement par des étrangers, basée sur des légendes, des hypothèses et pratiquement sans aucun fait économique. Seul Bernard Philippe Groslier avait, avant sa mort prématurée, le projet d’écrire une Histoire du Cambodge de la préhistoire jusqu’à nos jours, basée sur l’archéologie, l’économie et d’après des enquêtes depuis les civilisations de la Méditerranée jusqu’à la Chine en passant par l’Inde, Ceylan, la Birmanie, le Siam et la Chine. Il est souhaitable que nos historiens se penchent sur la civilisation angkorienne au Siam durant la période d’Ayuthia et à partir de l’arrivée des Portugais à Malacca en 1511, une histoire qui fait intervenir les changements apportés par les Européens en Asie du Sud-Est et Asie de l’Est.

Nous souhaitons qu’un groupe de Cambodgiens intéressés sérieusement par notre histoire, se forme rapidement pour écrire au moins partiellement notre histoire débarrassée des légendes et des hypothèses sans vérifications sérieuses.

L’équipe de Khemara Jati
Le 31 décembre 2006

Note : This article is available into English upon request.

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