Des jeunes volontaires...
Nouvelle du Cambodge N° 0665-F
Des jeunes volontaires partent s’aguerrir dans les campagnes
Cambodge Soir,
Phnom Penh, Cambodge
Le 27 décembre 2006
Ils se promènent avec des vélos chinois et toujours dans leurs uniformes bleus, ce qui les distingue des habitants de la commune de Svay Chreah, province de Kratié, où ces jeunes diplômés venus de la ville sont venus se mettre au vert. Ils se sont inscrits comme volontaires auprès de l'organisation Youth Star, dont l'objectif est d'offrir une expérience d'un an sur le terrain, à de jeunes citadins en fin d'études, avec en retour le partage avec les villageois des connaissances qu'ils ont engrangées au cours de leurs études. Sien Meng et Pich Choeun achèvent bientôt leur année passée à Svay Chreah. Une affectation qui ne relève pas du hasard, car les besoins en ressources humaines dans cette commune sont grands. Le système éducatif laissait à désirer, ce qui a poussé Kong Sam Ath, responsable des cinq éoles de la commune, à réclamer auprès de Youth Star des volontaires. « Les enseignants qui sont envoyés par le ministère ne résistent pas longtemps à l'éloignement et aux rudes conditions de vie ici. Nous essayons bien de les aider, en leur offrant de la nourriture, mais ils sont toujours prompts à trouver des raisons pour justifier leur retour à la ville. Peu motivés, ils brillent souvent par leur absentéisme. C'est navrant car les habitants veulent miser sur l'éducation... . C'est pourquoi je n'ai pas hésité à inviter de jeunes volontaires à venir nous donner un coup de pouce », explique le responsable, qui ne regrette pas d'avoir appelé à l'aide.
Meng est diplômée d'une école de commerce et souhaitait se frotter « à la vraie vie », tandis que Chœun voulait se donner les moyens de s'extirper du chômage qu'il connaît depuis qu'il est sorti de l'Université nationale de gestion. Tous deux voulaient se rapprocher des habitants sans savoir exactement quelle réalité recouvrait l'expression « travailler au sein d'une communauté ».
Dotés d'un vélo, les volontaires reçoivent une indemnité mensuelle de 50 dollars, et doivent ensuite compter sur leur aptitude à s'adapter à un environnement nouveau. Car à peine arrivés, ils sont amenés à surmonter plus d'une difficulté, à commencer par le manque de confort. Dans cette commune reculée, point d'électricité, d'eau potable ou de salles de bain, mais un climat rude et la malaria que les deux jeunes ont attrapé. Ils ne cachent pas avoir songé plus d'une fois à reprendre le chemin de Phnom Penh. « Ici, il n'y a rien. Même l'information n'arrive pas. Aucun restaurant, pas de cinéma, et mes amis qui me manquent... Les premières semaines, je ne pouvais m'empêcher de regarder les bus qui partaient pour Phnom Penh avec l'envie de m'engouffrer dans l'un d'eux... Puis ça m'a passé! », se souvient Chœun.
Meng, elle, a davantage souffert du fait d'être une femme de 24 ans. « Comme je suis arrivée avec Chœun, les gens croyaient que nous étions des amoureux qui avaient fui la réprobation de nos parents en venant s'installer dans ce trou paumé, qu'on s'opposait à la tradition. » Les deux citadins ont dû également affronter la résistance que leur ont tout d'abord opposée les villageois. « Ils ne voulaient pas écouter nos conseils, nous rétorquant par exemple qu'il était inutile de bouillir l'eau avant de la boire comme on les invitait à le faire. Il est arrivé que certains s'énervent, nous reprochant notre arrogance à vouloir changer leur quotidien, nous, de petits jeunes! Cela m'a déconcertée, voire découragée. Et puis je me suis dit qu'ils réagissaient ainsi parce qu'ils n'étaient pas instruits », rapporte Meng.
Une Mini-Révolution dans les moeurs de la commune
Les changements dans le comportement des villageois n'ont cependant pas tardé à se faire voir. Pour Kong Sam Ath, leur présence a réellement modifié la donne. « Tout d'abord, ils ont donné des cours d'anglais aux élèves » ce qui ne se faisait pas avant, puis ils ont réussi à convaincre tout le monde de l'importance de l'éducation, tout en sensibilisant la population sur les problèmes d'hygiène et de santé. Ces deux jeunes sont aujourd'hui considérés comme de vrais modèles dans la commune. Nos enseignants sont maintenant obligés d'arriver à l'heure à leurs cours car ils ne veulent pas perdre la face devant ces jeunes qui systématiquement se présentent aux aurores à l'école. Les habitants se sont quant à eux civilisés à leur contact à force de les observer. Quant à Meng et Choeun, ils ont appris à surmonter les difficultés qui se posent dans la vraie vie », s'enthousiasme Kong Sam Ath, qui ne tarit pas d'éloges sur ceux qu'il considère comme des exemples de savoir-vivre.
Meng, en tant que jeune célibataire de 24 ans, a également contribué à faire évoluer la situation des filles dans la commune ou à son âge, une femme est obligatoirement déjà mariée. Une tradition qui a pour conséquence, relève-t-elle, l'abandon précoce des études par les filles. « Les habitants se sont moqués de mon statut de célibataire, estimant qu'une fille doit soulager le plus tôt possible sa famille en créant la sienne. Mais ils se trompent. Des jeunes mariés trop tôt ne sont pas prêts à organiser de manière responsable leur vie », tranche la jeune femme. Alors qu'il était rare de voir des filles sur les bancs du collège, la situation tendrait à changer là où passent des volontaires de Youth Star, assure Kong SamAth. « Les parents comprennent mieux l'intérêt à éduquer leurs filles pour qu'elles puissent mieux gagner leur vie », poursuit-il.
La relève de Meng est déjà arrivée. Elle s'appelle Ratana, et a démissionné de son poste de comptable dans une compagnie pour s'offrir une expérience « sur le terrain ». Elle n'a pas hésité à tout plaquer, et en observant Meng, rêve déjà de devenir la femme au caractère trempé que cette dernière est devenue. Chheang Bopha
Posté par Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 27 décembre 2006
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