2007-01-01

Des jeunes volontaires...

Nouvelle du Cambodge N° 0665-F

Des jeunes volontaires partent s’aguerrir dans les campagnes

Cambodge Soir,
Phnom Penh, Cambodge
Le 27 décembre 2006

Ils se promènent avec des vélos chi­nois et toujours dans leurs uniformes bleus, ce qui les distingue des habi­tants de la commune de Svay Chreah, province de Kratié, où ces jeunes di­plômés venus de la ville sont venus se mettre au vert. Ils se sont inscrits com­me volontaires auprès de l'organisa­tion Youth Star, dont l'objectif est d'of­frir une expérience d'un an sur le ter­rain, à de jeunes citadins en fin d'études, avec en retour le partage avec les villageois des connaissances qu'ils ont engrangées au cours de leurs études. Sien Meng et Pich Choeun achèvent bientôt leur année passée à Svay Chreah. Une affecta­tion qui ne relève pas du hasard, car les besoins en ressources humaines dans cette commune sont grands. Le système éducatif laissait à désirer, ce qui a poussé Kong Sam Ath, respon­sable des cinq éoles de la commu­ne, à réclamer auprès de Youth Star des volontaires. « Les enseignants qui sont envoyés par le ministère ne ré­sistent pas longtemps à l'éloignement et aux rudes conditions de vie ici. Nous essayons bien de les aider, en leur of­frant de la nourriture, mais ils sont tou­jours prompts à trouver des raisons pour justifier leur retour à la ville. Peu motivés, ils brillent souvent par leur ab­sentéisme. C'est navrant car les habi­tants veulent miser sur l'éducation... . C'est pourquoi je n'ai pas hésité à in­viter de jeunes volontaires à venir nous donner un coup de pouce », explique le responsable, qui ne regrette pas d'avoir appelé à l'aide.
Meng est diplômée d'une école de commerce et souhaitait se frotter « à la vraie vie », tandis que Chœun voulait se donner les moyens de s'extirper du chômage qu'il connaît depuis qu'il est sorti de l'Université nationale de ges­tion. Tous deux voulaient se rappro­cher des habitants sans savoir exac­tement quelle réalité recouvrait l'ex­pression « travailler au sein d'une com­munauté ».
Dotés d'un vélo, les volontaires re­çoivent une indemnité mensuelle de 50 dollars, et doivent ensuite comp­ter sur leur aptitude à s'adapter à un environnement nouveau. Car à peine arrivés, ils sont amenés à surmonter plus d'une difficulté, à commencer par le manque de confort. Dans cette com­mune reculée, point d'électricité, d'eau potable ou de salles de bain, mais un climat rude et la malaria que les deux jeunes ont attrapé. Ils ne ca­chent pas avoir songé plus d'une fois à reprendre le chemin de Phnom Penh. « Ici, il n'y a rien. Même l'infor­mation n'arrive pas. Aucun restaurant, pas de cinéma, et mes amis qui me manquent... Les premières semai­nes, je ne pouvais m'empêcher de re­garder les bus qui partaient pour Phnom Penh avec l'envie de m'en­gouffrer dans l'un d'eux... Puis ça m'a passé! », se souvient Chœun.
Meng, elle, a davantage souffert du fait d'être une femme de 24 ans. « Comme je suis arrivée avec Chœun, les gens croyaient que nous étions des amoureux qui avaient fui la réproba­tion de nos parents en venant s'ins­taller dans ce trou paumé, qu'on s'op­posait à la tradition. » Les deux citadins ont dû également affronter la résis­tance que leur ont tout d'abord oppo­sée les villageois. « Ils ne voulaient pas écouter nos conseils, nous rétorquant par exemple qu'il était inutile de bouillir l'eau avant de la boire comme on les invitait à le faire. Il est arrivé que cer­tains s'énervent, nous reprochant notre arrogance à vouloir changer leur quotidien, nous, de petits jeunes! Cela m'a déconcertée, voire découragée. Et puis je me suis dit qu'ils réagissaient ainsi parce qu'ils n'étaient pas ins­truits », rapporte Meng.

Une Mini-Révolution dans les moeurs de la commune
Les changements dans le comportement des villageois n'ont cependant pas tardé à se faire voir. Pour Kong Sam Ath, leur présence a réellement modifié la donne. « Tout d'abord, ils ont donné des cours d'anglais aux élèves » ce qui ne se faisait pas avant, puis ils ont réussi à convaincre tout le monde de l'importance de l'éducation, tout en sensibilisant la population sur les pro­blèmes d'hygiène et de santé. Ces deux jeunes sont aujourd'hui consi­dérés comme de vrais modèles dans la commune. Nos enseignants sont maintenant obligés d'arriver à l'heure à leurs cours car ils ne veulent pas perdre la face devant ces jeunes qui systématiquement se présentent aux aurores à l'école. Les habitants se sont quant à eux civilisés à leur contact à force de les observer. Quant à Meng et Choeun, ils ont appris à surmonter les difficultés qui se posent dans la vraie vie », s'enthousiasme Kong Sam Ath, qui ne tarit pas d'éloges sur ceux qu'il considère comme des exemples de savoir-vivre.
Meng, en tant que jeune célibataire de 24 ans, a également contribué à faire évoluer la situation des filles dans la commune ou à son âge, une fem­me est obligatoirement déjà mariée. Une tradition qui a pour conséquen­ce, relève-t-elle, l'abandon précoce des études par les filles. « Les habitants se sont moqués de mon statut de cé­libataire, estimant qu'une fille doit sou­lager le plus tôt possible sa famille en créant la sienne. Mais ils se trompent. Des jeunes mariés trop tôt ne sont pas prêts à organiser de manière respon­sable leur vie », tranche la jeune fem­me. Alors qu'il était rare de voir des filles sur les bancs du collège, la si­tuation tendrait à changer là où pas­sent des volontaires de Youth Star, as­sure Kong SamAth. « Les parents com­prennent mieux l'intérêt à éduquer leurs filles pour qu'elles puissent mieux gagner leur vie », poursuit-il.
La relève de Meng est déjà arrivée. Elle s'appelle Ratana, et a démission­né de son poste de comptable dans une compagnie pour s'offrir une ex­périence « sur le terrain ». Elle n'a pas hésité à tout plaquer, et en observant Meng, rêve déjà de devenir la femme au caractère trempé que cette der­nière est devenue. Chheang Bopha

Posté par Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 27 décembre 2006

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