2006-08-13

Affaire Heng Pov

Nouvelles du cambodge N° 633F

L’AFFAIRE HENG POV

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 12 Août 2006

Il semble qu’il y a une certaine ressemblance entre l’affaire Heng Pov et le limogeage du maire de Phnom Penh Chea Sophara.

En effet, le 16 février 2003, sur ordre de Hok Lundy, Hun Sen a limogé Chea Sophara. Sophara en tant que maire de Phnom Penh agissait dans l’intérêt de l’ensemble des habitants de Phnom Penh. Ce faisant Sophara n’a pas considéré les Vietnamiens comme des privilégiés par rapport aux Cambodgiens. C’est ainsi qu’après l’incendie d’un pâté de maisons insalubres habitées par des Vietnamiens, Sophara a obligé ces Vietnamiens à aller habiter ailleurs. Pour le Vietnamien Hok Lundy c’est un acte de Lèse-Majesté contre les Vietnamiens. Il y a aussi la volonté de Sophara de désenclaver la région de Preah Vihear pour permettre aux touristes Cambodgiens et étrangers de la fréquenter en toutes saisons et d’accéder au temple de Preah Vihear à partir du côté cambodgien. Il était même prévu la construction d’un téléférique à cet effet. Pour cela il commence à construire une route praticable durant la saison des pluies. Or Hanoi a promis à Bangkok que le temple de Preah Vihear ne peut être facilement accessible que depuis la Thaïlande. Trop c’est trop. Hoc Lundy ordonne à Hun Sen de remplacer Chea Sophara par le maire actuel Kep Chuktema, plus docile et plus respectueux des intérêts des habitants vietnamiens de Phnom Penh. D’ailleurs le Premier Ministre thai Thaksin Shinawatra ne vient-il pas inviter Hun Sen à un déjeuner à Preah Vihear même ? Ce faisant le Thaïlandais ne confirme-t-il pas ouvertement que Preah Vihear lui appartient ?

Un exemple de la docilité du nouveau maire de Phnom Penh Kep Chuktema. D’après l’architecte cambodgien bien connu, Van Molyvan, l’extension de Phnom Penh, la plus logique, devrait se faire dans l’axe Nord-Sud, le long du Mékong et du Bassac et transformer Takhmau en une ville satellite de la capitale. Mais ce faisant, il faudrait expulser la communauté vietnamienne de Chbar Ampov[1], et aussi le camp retranché de Tuol Krasaing où habite Hun Sen. Pour éviter de déloger les Vietnamiens de Chbar Ampov, le projet imposé par les Vietnamiens pour agrandir la capitale doit se faire vers l’Ouest, malgré la proximité de l’aéroport de Pouchentong. Chea Sophara n’aurait pas accepté un tel projet aberrant.

Avec Heng Pov, c’est une autre affaire. Chea Sophara a la vie sauve parce qu’il ne connaît pas grand-chose des agissements secrets de Hok Lundy et de Hun sen. Heng Pov, lui, au contraire, est au courant d’un grand nombre d’affaires louches et criminelles que le pouvoir actuel aimerait tenir secrètes. Le pouvoir actuel et Hok Lundy en particulier, n'ont aucun intérêt à voir Heng Pov vivant et libre de ses paroles.

Certes Heng Pov est probablement un criminel, mais certainement bien moins que Hok Lundy et autres criminels toujours au pouvoir actuel. Dans The Cambodia Daily du 11 août 2006, il y a un long article concernant Heng Pov, par Phann Ana et Adam Piore. Dans cet article il y a un passage très intéressant décrivant comment Heng Pov a pu occuper son poste dans la police :

« Heng Pov was born into an ethnic Vietnamese – Chinese family in Prek Phnov village, Ponhea Leu district, Kandal province. Heng Pov’s law enforcement career began shortly after his 1981 marriage to an older Vietnamese woman, named Tung Thi Van, who was the daughter of Tung Pov, a powerful Vietnamese government agent in Phnom Penh.

« At his father-in-law’s urging, Heng Pov joined the police force on March 11, 1982.”

Ainsi, au Cambodge, il y a un grand nombre de Vietnamiens très puissants dans l’armée, la police parmi les hautes personnalités du pouvoir actuel. Les Cambodgiens le savent depuis longtemps. Ce qui est intéressant, est que maintenant nous en connaissons au moins deux noms Hok Lundy et Tung Pov. Les Cambodgiens aimeraient connaître des biographies de ce genre concernant les hautes personnalités de l'armée, de la police du gouvernement et aussi des femmes et hommes les. Plus riches du Cambodge, comme la Vietnamienne connue sous le nom de Mme Phu. Les Cambodgiens aimeraient aussi connaître une histoire de la société vietnamienne Sokimex, de la banque vietnamienne Canadia et une évaluation de leurs richesses en tout genre y compris leurs vrais pouvoirs économiques voire politiques.

D’après les Cambodgiens au Cambodge, Heng Pov a disparu depuis déjà un certain temps. Maintenant on sait que Heng Pov se trouve à Singapour. Puis brusquement Hok Lundy accuse Heng Pov de crimes, de détournement de fonds etc.

Signalons aussi que le pouvoir actuel aurait trouvé un million de $US dans les comptes de Heng Pov dans la banque vietnamienne Canadia. Le secret des comptes dans cette banque est plus hermétique que dans les banques suisses. Rappelons que Hun Sen a ouvert un compte au nom de Piseth Pilika avec une somme de 200 000 $US. Après la mort de Pilika, ces 200 000 $US sont restitués à Hun Sen sans problème. Dans une banque normale, les 200 000 $US appartiennent à Pilika. Après sa mort ces 200 000 $US appartiennent à ses ayants droit. Personne ne peut s’approprier ces 200 000 $US. Ce fait ne prouve-t-il pas que tout est possible dans cette banque vietnamienne Canadia ? Maintenant cette banque gère aussi la Banque de notre commerce extérieure. Pourquoi les grandes puissances acceptent-elles une telle dérogation aux règles de toutes les banques du monde ? Les Cambodgiens aimeraient connaître aussi le montant des comptes en banque de Hok Lundy, de Hun Sen et d’autres personnalités actuellement au pouvoir, dans l’armée et dans la police.

Ainsi, après la fuite de Heng Pov à Singapour, durant la première période, il est probable que Hok Lundy essaie de négocier un arrangement à l’amiable avec Heng Pov. Mais Heng Pov, connaît parfaitement les roublardises de Hok Lundy et n’a aucune confiance dans les promesses jamais tenues de Hok Lundy.

Le témoignage de Heng Pov peut nous éclairer sur les dessous de nombreux massacres et assassinats. Heng Pov peut déstabiliser le pouvoir du tandem Hok Lundy – Hun Sen. Est-ce dans l’intérêt des grandes puissances ? Quand on sait maintenant que le Cambodge possède de très riches gisements d’hydrocarbures ?

Dans ces conditions, quel pays osera-t-il accorder l’asile politique à Heng Pov et rendre public ses témoignages ?

Nous reproduisons ci-dessous l’article du The Cambodia Daily du 10 août 2006, intitulé « Heng Pov moving on to Third Country » par Douglas Gillison and Phann Ana. Cet article donne l’opinion d’un certain nombre de Cambodgiens de Phnom Penh. Dans ces opinions nous désirons souligner l’opinion de Chea Vannath :

« So far the investigation of the grenade attack in front of the National Assembly by the [US Federal Bureau of Investigation] never became public," she said, referring to a March 1997 grenade attack on a Sam Rainsy Party demonstration that killed at least 17 people and wounded more than 100.”

Ainsi les USA ne montrent-ils pas qu’ils n’ont aucun intérêt à déstabiliser Hun Sen ?

Ci-dessous l’article de The Cambodia Daily du 10 août 2006 :

“Heng Pov Moving on to Third Country”
By Douglas Gilllson and Phann Ana
THE CAMBODIA DAILY
"We know what our competent officials are doing but it is completely dark."--Khieu Sopheak, Interior ministry spokesman, on the state of several high-profile murder investigations
Fugitive former Phnom Penh police Chief Heng Pov has left Singapore and was traveling Wednesday to an unidentified third country, his Australia-based lawyer David Chen said.
Chen said an official statement from Heng Pov, who on Monday claimed to have information on criminal activity in the government, will be issued when both lawyer and client have arrived at their destination.

"He is on his way to a third country, the name of which you will find out in due course," Chen wrote in an e-mail.

"I will be flying out to join him in that third country tonight, too.... An official statement from Mr. Heng Pov will be issued when we arrive," Chen wrote.

"I hope you appreciate the sensitivity of this matter and I apologize for being a bit vague at this stage," he added.

CPP lawmaker Cheam Yeap said Tuesday that Heng Pov-- who is wanted in Cambodia in connection with a host of crimes-- did not qualify for asylum under the laws of any nation.

Heng Pov's much-publicized flight and the accusations against him have returned the question of high profile, unsolved killings in Cambodia to public view in spectacular fashion.

After three years, authorities at last alleged in recent days that it was Heng Pov who was behind the April 2003 killing of Municipal Court Judge Sok Sethamony.

Police have also alleged that Heng Pov plotted to kill Military Police Commander Sao Sokha, Chief Municipal Court Prosecutor Ouk Savouth and Electricity du Cambodge official Kim Daravuth, who was shot in the neck in November but survived.

But the rapid progress in investigating Heng Pov's alleged criminal activity stands in harsh contrast to other unsolved high-profile murders and shootings, human rights workers said.

In July 1999, much-loved Cambodian actress Piseth Peaklica was gunned down execution-style as she shopped in Phnom Penh. Piseth Peaklica, who died a week later, was widely rumored to have been the mistress of a top government official. Her 8-year-old niece was also shot in the back by the gunmen, but survived.

Singer Touch Srey Nich, then 24, survived three gunshots to the head and neck in October 2003 after unidentified assailants opened fire in Phnom Penh. Her mother was killed. Touch Srey Nich had recently recorded songs in favor of the royalist party.

Two days earlier, an assassin approached Chuor Chetharith, 37, a reporter for the pro-Funcinpec radio station Ta Prohm FM 90.5, and killed him with a single shot to the head.
In February of the same election year, Sam Bunthoeun, president of the Buddhist Center for Meditation of Udong, was shot dead by gunmen outside Wat Lanka. Sam Bunthoeun was apparently in favor of monks voting in the general election.

Evidence for the convictions of Born Samnang and Sok Sam Oeun, who were convicted in August 2005 of the murder of Free Trade Union leader Chea Vichea, has been heavily disputed.

Ros Sovannareth, a chief representative for the FTU, was also shot dead in May 2004. Thach Saveth, an RCAF paratrooper, was convicted of that killing in February 2005.

An RCAF paratrooper was also convicted of killing Funcinpec advisor Om Radsady, who was shot dead in February 2003 as he left a restaurant in Phnom Penh.

"It's many years already but the government has not given the public the results of their investigations," Kem Sokha, president of the Cambodian Center for Human Rights, said Wednesday.

Heng Pov's fall from grace could be the result of internal conflict, Kem Sokha said, hastening to add that he had no idea what could have motivated the other unsolved killings.

Interior Ministry spokesman Khieu Sopheak said the government was making an honest effort to find the killers in all the lingering cases. "We know what our competent officials are doing but it is completely dark. Excellency Deputy Prime Minister [Sar Kheng] still pushes to continue investigation into these cases but there is no light at all," he said.

"If we have any evidence, witnesses who can explain the cases, we will solve them," he said. 'The cases are not closed. We keep waiting until the criminals appear to arrest them."

Chea Vannath, former president of the Center for Social Development, said the prosecution of Heng Pov appeared to be "selective prosecution."

"I don't want to jump to any conclusions to be fair to everybody. But in my experience in institutions I know you cannot do anything without the blessing or the complaisance of your boss," she said.

She also said she doubted international investigations could shed light on what was happening in Cambodia.

"So far the investigation of the grenade attack in front of the National Assembly by the [US Federal Bureau of Investigation] never became public," she said, referring to a March 1997 grenade attack on a Sam Rainsy Party demonstration that killed at least 17 people and wounded more than 100.

The perpetrators of that crime have never been apprehended.

International investigations, such as the one launched by the UN into the assassination of Lebanese Prime Minister Rafik Hariri in February 2005, are reserved for world leaders and others of international stature, Chea Vannath said. The international community has little interest in disturbing the political status quo in Cambodia, she added.

"There are so many crises in Asia, in the world, the international community doesn't want Cambodia to be another one."


Conclusion :

Sur les conflits actuels entre les truands Hok Lundy et Heng Pov, cet article nous donne une occasion de connaître les opinions des Cambodgiens concernant les nombreux massacres et crimes commis au Cambodge depuis 1982. Est-ce dans l’intérêt des grandes puissances de saisir cette occasion pour essayer d’avoir des informations intéressantes concernant ces crimes et ainsi avoir un nouvel éclairage sur ces massacres et crimes commis depuis 1982 ? Est-ce dans les intérêts des grandes puissances ? Dans ces conditions quel pays osera accorder l'asile politique à Heng Pov ?

Note : This article is available into english upon request.

[1] Les Cambodgiens venant de Phnom Penh peuvent traverser le pont Monivong puis tourner à droite. Après quelques centaines de mètres, les Vietnamiens font comprendre à tout Cambodgien qu’il ne lui est plus permis d’aller plus loin. Sinon c’est à ses risques et périls.

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