2006-05-17

Comment fonctionne le pouvoir fantoche ?

Nouvelles du Cambodge N° 0622-F

COMMENT FONCTIONNE LE POUVOIR FANTOCHE ?

Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 15 mai 2006

Nous diffusons ci-dessous l’article intitulé « Comment tirer profit de l’OMC et de l’ASEAN ? », paru dans Cambodge Soir du lundi 8 mai 2006. Cet article montre que le pouvoir fantoche fait tout pour mettre en place des hommes noyés dans des dollars et incapables en tout et à tous les points de vue.

En effet, Chea Samnang, économiste à l’Institut économique du Cambodge : « estime que le royaume devrait s’impliquer au sein de la « Sous-région du Grand Mékong (GMS), une instance rassemblant six pays (Chine, Birmanie, Laos, Thaïlande, Vietnam et Cambodge), créée en 1993 à l’initiative de la Banque asiatique de développement (BAD)[1] dans le but de renforcer les relations économiques entre les pays du Mékong. La GMS concentre son action sur onze secteurs, parmi lesquels le renforcement de la capacité de production et le développement des infrastructures.

« La GMS peut nous aider à développer nos infrastructures via les prêts de la BAD. Et cela correspond justement à nos besoins » affirme Chea Samnang. Mais ces prêts ne tombent pas du ciel : pour les décrocher, le Cambodge doit présenter des projets solides. Or, selon l’économiste, rares sont les fonctionnaires qui connaissent l’existence de la GMS[2]. « Tant que l’on ignore la GMS, on ne pourra pas en tirer profit[3]. Au Vietnam, les autorités provinciales (avec les aides au moins, indirectes japonaises[4]) y sont déjà très impliquées », regrette Chea Samnang.

« Le Cambodge a donc tout intérêt à défendre de nouveaux projets auprès de la GMS, notamment dans le domaine de la production électrique. Pas moins de 13 sites hydroélectriques pourraient être développés, pour une capacité de plus de 4 700 mégawatts. Nous avons ce potentiel. Nous pourrions donc à l’avenir exporter de l’électricité, souhaite le responsable.

« Sur le plan des infrastructures routières, le Cambodge a aussi une carte à jouer, bénéficiant d’une position stratégique qui lui permettrait de profiter pleinement de son adhésion à l’OMC et à l’Asean. Mais les bonnes routes entre les pays de la GMS ne suffisent pas : elles peuvent bien stimuler les exportations des pays voisins sans aucunes retombées pour notre économie. « Cela signifierait que le Cambodge emprunterait de l’argent à la BAD pour construire des routes et que cet argent favoriserait avant tout le commerce entre les autres pays membres », met en garde l’économiste. Seule solution donc : augmenter les capacités de production afin d’être capable d’exporter sur le vaste marché international qui s’ouvre au royaume. »

NOS REMARQUES :

Enfin, un économiste distingué cambodgien émet des opinions sensées pour défendre les intérêts fondamentaux du Cambodge. Nous ne cessons de répéter ces opinions depuis une dizaine d’années. Nous sommes donc d’accord avec les propositions émises par Chea Samnang. Mais Chea Samnang travaille au Cambodge. Il ne peut pas tout dire. C’est normal. Chea Samnang nous informe que les deux routes Phnom Penh – Saigon avec les deux ponts très coûteux sur le Mékong sont construites avec des fonds empruntés par le Cambodge. C’est inouï. Cela montre que :

A / le Cambodge est capable de présenter des projets valables quand c’est dans les intérêts du Japon et du Vietnam. Mais est incapable dans des projets dans les intérêts du seul Cambodge comme le pense Chea Samnang ! Chercher la raison.

B / En plus ces routes sont construites par des entreprises japonaises et vietnamiennes. Aucun ingénieur ni technicien cambodgien. Il faut signaler aussi que le ciment, le fer etc. sont aussi importés du Vietnam et du Japon via Saigon ! Ainsi la construction de ces deux routes stratégiques pour les exportations des produits vietnamiens pour inonder le marché cambodgien et aussi pour favoriser l’arrivée massive des colons vietnamiens, est financée par le peuple cambodgien. Le Cambodge paierait donc aussi la corde pour le pendre ?

C / Nous signalons aussi que le Japon, avec des entreprises vietnamiennes, est en train de construire une route Ouest – Est reliant nos provinces du Nord – Est au port vietnamien de Da-Nang, pour drainer nos ressources de cette région vers le Vietnam. Probablement financée aussi par la BAD comme prêt au Cambodge ?

D / Maintenant, nous savons que dès 2009, le Cambodge va recevoir une rente pétrolière d’au moins 4 milliards de $US par an[5]. C’est une compagnie japonaise qui aura la haute main pour « conseiller » l’utilisation de cette rente !

De cette rente, combien iront dans les poches du Japon et des USA ? Combien dans les poches de la société vietnamienne Sokimex ? Ou plus ou moins directement dans les poches des Vietnamiens ? Combien dans les poches des hommes du pouvoir fantoche ? Combien resteront pour financer l’enseignement ? La modernisation de notre agriculture ? Financer l’industrialisation du Cambodge ? Pour moderniser nos routes intérieures ? Pourquoi cette opacité concernant l’utilisation de cette rente pétrolière ? Y a-t-il des ingénieurs et des techniciens cambodgiens utilisés par la société américaine Chevron pour les recherches et la production de nos hydrocarbures ?

Notre pays, forme actuellement péniblement 25 ingénieurs par an, de bas niveau et en français. Le Vietnam forme par an 30 000 ingénieurs de haut niveau, en langue vietnamienne de base et capable de fréquenter les meilleures universités américaines et les meilleures grandes écoles de France. Bill Gates promet de former rapidement 15 000 informaticiens vietnamiens de niveau international.

Les 4 milliards de $US vont créer des industries lourdes comme des raffineries de pétroles, des chantiers navals, d’autres industries ? Où trouver des ingénieurs et du personnel qualifié cambodgien ? Les Cambodgiens sont-ils condamnés à servir seulement de main-d’œuvre manuelle ? A être des mendiants dans son propre pays ? La richesse étant réservée aux étrangers, en particulier aux Vietnamiens ?

Peut-on parler de la situation au Cambodge, sans parler des ingérences des grandes puissances ?

Seules nos luttes convergentes contre la domination vietnamienne, contre l’ignorance, la maladie et la pauvreté, contre les monopoles de la société vietnamienne Sokimex et de la banque vietnamienne Canadia, pour l’Indépendance nationale dans notre intégrité territoriale et maritime, pour la prospérité pour l’ensemble du peuple, pour la démocratie et la liberté, seront assez fortes pour obliger les grandes puissances à prendre en considération nos aspirations fondamentales et légitimes.

[1] La BAD a été créée et toujours contrôlée par le Japon depuis la fin des années 1960.
[2] Souligné par Khemara Jati.
[3] Pourquoi le Japon soutient depuis 1991 un tel pouvoir si incapable ? Pourquoi, le Japon ne fait-il pas un effort pour aider les Cambodgiens à présenter des projets valables ? Nous ne confondons pas les intérêts du gouvernement japonais et les aides de certaines organisations japonaises comme la Fondation Toyota par exemple et aussi des personnalités japonaises qui nous apportent des aides culturelles.
[4] Lire « Japon – Vietnam. Histoire d’une relation sous influence », par Guy Faure et Laurent Schwab, Ed. IRASEC, Bangkok et Paris 2004, en particulier à la page 56 qui nous apprend que Tokyo est entré en relation avec Hanoi depuis le 8 février 1972 et que le Japon considère le Vietnam comme l’ « évident leader des trois pays indochinois (Vietnam, Laos, Cambodge), région indispensable à la prospérité et à la stabilité de l’Asie de l’Est et du Sud -Est ».
Ce même livre nous apprend, page XIV, que les USA sont entrés en relation directement avec le fantoche Hun Sen dès le 5 septembre 1990, c’est-à-dire plus d’un an avant les Accords de Paris : « Hanoi est satisfait de la décision américaine ». Après, faut-il s’étonner que Clinton ait autorisé un fils du fantoche Hun Sen à entrer à la prestigieuse Académie militaire de West Point ? Depuis les intérêts US ont-ils évolués ?
[5] Cette rente était évaluée à 2 milliards de $US, quand le prix du baril était de l’ordre de moins de 40 $US, maintenant le prix du baril avoisine les 80 $US, donc il faut multiplier par deux les rentes pétrolières. Sans tenir compte de la rente en gaz.

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