La situation du Cambodge
LA SITUATION DU CAMBODGE
PLAN :
1. Le Cambodge dans le contexte mondial.
2. Développement des couches sociales et économiques liées au problème national.
a / Les intellectuels
b / Les travailleurs des villes.
c / Les artisans, la petite et moyenne bourgeoisie.
d / Les paysans.
3. Conclusion
Khemara Jati
Montréal, Québec
Le 26 juin 2006
1 / Le Cambodge dans le contexte mondial.
Il est illusoire d’essayer de comprendre la situation actuelle du Cambodge, si nous ne tenons pas compte des intérêts géostratégiques des grandes puissances à l’échelle planétaire. Par exemple, le récent voyage de Ronald Rumsfeld à Hanoi et le prochain voyage de Bush au Vietnam n’auraient-ils aucune conséquence pour le Cambodge ?
De même, il est illusoire d’écrire l’histoire de notre pays si nous ne tenons pas compte de l’arrivée des Européens dans notre région par bateau à partir de la conquête, en 1511, du port de Malacca, jalon très important pour le commerce Europe – Asie du Sud-Est et de l’Est. L’ouverture de cette route maritime a tué la Route terrestre de la Soie et a sonné le déclin des empires de l’Asie Centrale.
Quelques années après, les Portugais arrivaient à Ayuthia, en Annam, en Chine, au Japon etc. Puis quelques années après, Magellan, en 1521, au nom de l’Espagne arrivait aux Philippines par l’Ouest, après la première traversée de l’océan Pacifique. Cette première démonstration de la rotondité de la terre, a aussi été une grande révolution culturelle dans la pensée des Européens.
Les Européens ont apporté avec eux leurs connaissances scientifiques, leurs systèmes d’organisations et leurs armes à feu. Le Cambodge d’alors n’avait pas de port maritime.
De nos jours les régions du monde les plus développées et les plus populeuses sont les régions côtières autour des ports. Au Japon, 90 % de la population sont concentrées autour des grands ports, sur une superficie qui ne représente que le dixième du pays.
Signalons en passant que le Cambodge ne possède un port maritime que depuis 1969. Maintenant nous savons que pas loin de ce port, il y a du pétrole. A partir de 2009, le Cambodge va percevoir un rente pétrolière annuelle de 4 milliards de $US. Ainsi notre port et nos régions côtières sont destinées à devenir le centre industriel, commercial, culturel et touristique le plus important de cette région. La question est de savoir si cette région restera cambodgienne ? Si le Cambodge ne forme que 25 ingénieurs par an et que le Japon n’accorde jusqu’ici que 125 bourses pour aller étudier dans ses universités en langue japonaise ?
Pourquoi le Japon qui ne se préoccupe-t-il que des routes qui relient Phnom Penh à Saigon, de la route qui relie nos provinces du Nord-Est au port vietnamien de Da-Nang ? Alors que la route RN 4 qui relie Phnom Penh à notre port de Kompong Som, offerte gracieusement par les Etats-Unis, est toujours à péage ? La route Sisophon à la ville de Siem Reap reste toujours impraticable ? Depuis 1992 jusqu’à présent le Japon ne fait-il pas tout pour faciliter la transformation du Cambodge en province vietnamienne ?[1]
Avant la chute du Mur de Berlin, l’avenir d’un pays repose sur le nombre des divisions de son armée. De nos jours l’avenir d’un pays repose sur le nombre de ses ingénieurs. La Chine forme 400 000 ingénieurs par an, l’Inde 300 000 et les Etats-Unis possèdent les meilleurs laboratoires du monde. Dans ce contexte le Cambodge ne forme que 25 ingénieurs par an en langue étrangère.
Le Cambodge manque-t-il de cerveau ? Lors des dernières « Olympiades Scientifiques Junior » qui se tenaient en Indonésie en décembre 2005, sur six candidats, le Cambodge a obtenu 6 médailles :
§ Dy Kusha a obtenu une Médaille d’or. L’heureux médaillé est fier de son succès et se réjouit du fait que ni la Thailande, ni le Vietnam n’ont obtenu de Médaille d’or.
§ Mom Charya (f) et Ty Sovisal ont obtenu, presque ex æquo chacun une médaille d’argent. Avant eux, il n’y avait qu’un Thailandais médaillé d’argent et pas de Vietnamien. La Cambodgienne Mom Charya a déclaré que le pouvoir actuel ne favorise pas les études scientifiques.
§ Say Buntha, Huoy Channaren et Hun Vanasola ont obtenu chacun une Médaille de bronze.
Les épreuves se faisaient en anglais. Les six candidats ont 16 ans, tous sont issus de familles modestes et apprennent principalement par autodidacte. Ils lisent et écrivent couramment le cambodgien, l’anglais et le français. Jusqu’à présent ces jeunes qui montrent au monde, les capacités intellectuelles de notre nation, ne sont encore honorés par aucun homme ou parti politique cambodgien. Un jour, ces intellectuels de la nouvelle génération enseigneront les mathématiques, les sciences et les techniques en langue nationale dans nos universités.
2 / Développement des couches sociales et économiques liées au problème national.
Maintenant, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, les Cambodgiens sont unanimes pour dire que notre problème fondamental est la domination vietnamienne. C’est déjà un pas important dans nos luttes multiformes pour libérer notre pays de la domination vietnamienne.
Au Cambodge, la pesanteur du pouvoir vietnamien se fait sentir depuis 1979. Les séparations, les souffrances et les morts occasionnés par les conditions inhumaines de travail lors la construction du « Mur de Bambou » du plan K5 sont toujours restées dans la mémoire de nos compatriotes au Cambodge et plus particulièrement à la campagne. D’autre part, la presque totalité de nos compatriotes qui ont été expropriés par les Khmer Rouge. Depuis, ils n’ont pas encore pu récupérer ni leurs terres ni leurs biens immobiliers et mobiliers. A ce jour ils n’ont reçu aucune indemnisation. Au Cambodge, il n’y a pas encore ni service de cadastre sérieux, ni une loi bien précise sur la pérennité de la propriété privée. Les hautes autorités civiles et militaires profitent de ce flou pour exproprier par la force et récupérer les terres qui leur conviennent. Les pauvres sont maintenant obligés de défendre leurs terres, leurs maisons en s’unissant et souvent en utilisant des armes blanches. Ils répondent à la violence par la violence dans un pays où règne la loi de la jungle.
Après la signature des Accords de Paris, le 23 octobre 1991, nos compatriotes à l’étranger étaient presque unanimes pour penser que les grandes puissances et l’ONU allaient nous apporter sur un plateau d’argent l’Indépendance nationale avec notre intégrité territoriale et maritime, le développement économique, la prospérité pour tous, la démocratie, la liberté et la paix.
Nos compatriotes au Cambodge restaient dubitatifs. Car ils savaient que l’évacuation des troupes vietnamiennes n’était qu’une comédie. Les grandes puissances le savaient aussi, mais fermaient les yeux. Les Cambodgiens savaient qu’il y avait et qu’il y a encore de nombreux officiers et généraux vietnamiens dans l’armée fantoche. Ils savaient que beaucoup de Vietnamiens en civil n’étaient que des soldats et officiers vietnamiens déguisés. Le massacre des manifestants de décembre 1991 était commis par la police vietnamienne. Lors du « Coup d’Etat de juillet 1997 », pour détruire l’armée du Funcinpec, ces officiers et soldats vietnamiens déguisés en civil n’avaient qu’à se revêtir des uniformes[2] pour rejoindre les unités régulières de l’Armée Populaire du Vietnam (APV) qui opéraient ouvertement. Les grandes puissances le savaient aussi, mais fermaient les yeux. Ils savaient qu’il y avait de nombreux « conseillers » vietnamiens dans l’entourage du criminel et fantoche Hun Sen. D’ailleurs le fantoche Hun Sen fréquente les terrains de golfe après les réunions officielles. Les grandes puissances le savent aussi très bien, mais ferment les yeux, la défense de leurs intérêts géostratégiques oblige. Les massacres sauvages et sanguinaires de juillet 1997 étaient le fait de l’APV. Le massacre de septembre 1998 était aussi l’œuvre de la police vietnamienne de Hok Lundy.
Nos compatriotes à l’étranger le savent-ils ou se rappellent-ils encore ces faits ? Sans avoir en tête ces données de base, comment espérer trouver les moyens pour rassembler les Cambodgiens dans les luttes multiformes libératrices, si nous ignorons ou oublions déjà ces faits qui restent gravés dans la mémoire de nos compatriotes au Cambodge ?
Les Cambodgiens du Cambodge sont obligés, pour vivre ou pour survivre, de se battre sur tous les fronts avec leur sang, leur sueur et leur cerveau. Les intellectuels, les travailleurs des usines, les artisans, la petite et moyenne bourgeoisie, les paysans, sont les catégories sociales qui, pour exister et pour se développer, sont obligées de se battre contre le pouvoir totalitaire, donc contre la domination vietnamienne.
a / Les intellectuels
Tout d’abord une constatation : un peuple instruit n’accepte jamais de vivre sous la dépendance d’un autre. Hanoi le sait mieux que tout autre. C’est pourquoi le pouvoir actuel fait tout pour maintenir le peuple cambodgien dans l’ignorance, donc dans la maladie, la pauvreté et la dépendance. En particulier en sabotant notre système d’enseignement : professeurs payés moins de 25 $US par mois, scolarité d’une demi-journée pour les enfants des parents qui en ont les moyens et les manuels scolaires inadaptés.
La formation de l’élite scientifique se fait en langue étrangère, donc en petit nombre. Contrairement à ce qui se passe dans tous les pays développés, où l’enseignement scientifique se fait dans la même langue que celle des classes maternelles, avec une ou plusieurs langues étrangères à partir du collège ou un peu plus tôt. L’enseignement supérieur se fait toujours dans la langue nationale avec une ou plusieurs langues étrangères. Comment peut-on espérer former rapidement, par an des milliers, voire des dizaines de milliers d’ingénieurs, de médecins et de techniciens de tous les niveaux avec l’enseignement dans les universités scientifiques dans une langue différente que celle enseignée dans les classes primaires ? Comment peut-on diffuser des livres de vulgarisation scientifiques dans ces conditions ? Savons nous écouter ce que disent les lauréats des Olympiades Scientifiques Junior ?
Il est à noter que plus de 90 % des Cambodgiens à l’étranger ne parlent pas la langue nationale avec leurs enfants. Comment dans ces conditions espérer pouvoir aider nos compatriotes au Cambodge à se libérer de la domination vietnamienne ? Pour espérer pouvoir unir nos compatriotes au Cambodge, ne faut-il pas d’abord essayer d’unir les Cambodgiens à l’étranger ? Sinon, nous ne faisons que transporter nos affrontements au Cambodge ? D’autant plus que le pouvoir fantoche possède des montagnes de dollars pour corrompre ?
D’autre part, le Cambodge est le seul pays de notre région à ne pas avoir un centre de recherche historique. Jusqu’à présent, notre histoire est principalement écrite par des étrangers. C’est ce que déplorent nos compatriotes au Cambodge. Or tous les historiens savent qu’il n’y a pas de vérité historique. L’histoire c’est de la politique. L’histoire est écrite par le présent, par les vainqueurs pour des objectifs qu’ils se sont fixés. « L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord » écrivait Napoléon. Si ce centre de recherche est impossible à créer au Cambodge, à cause de l’obstruction du pouvoir fantoche, pourquoi ne pas le créer à l’étranger ? Naturellement ce centre doit utiliser, dans les recherches sur notre histoire, les méthodes les plus modernes utilisées dans les plus grandes universités du monde. Pour comprendre notre histoire, il est nécessaire de donner son importance à l’histoire économique, culturelle et aussi de placer notre pays dans l’évolution du monde à partir de 1511.
Passer notre temps à critiquer ou à maudire le passé, n’est-il pas une façon d’entrer dans l’avenir à reculons ? D’accepter le fait accompli vietnamien ? Le passé n’a de sens que si nous acceptons de nous battre contre les vrais obstacles qui barrent notre route pour l’avenir de nos enfants.
Au Cambodge, notre culture nationale se développe grâce à des patriotes formés aussi bien à l’étranger qu’au Cambodge même. Signalons que le professeur Long Seam, PHD à l’Université de Moscou, a publié en l’an 2000, un dictionnaire du Khmer Ancien – Khmer moderne, avec les caractères anciens et modernes, financée par la Fondation Toyota[3]. Le professeur Long Seam et son équipe, avec de modestes moyens, sont en train de travailler pour publier un dictionnaire de la langue cambodgienne avec 60 000 entrées. Ce sera le deuxième dictionnaire de ce genre depuis le dictionnaire de Chuon Nath diffusé au début des années 1960. Qui pense à lui venir en aide ?
Dans le domaine de la culture, signalons l’importance de la contribution trop brève hélas ! de Ingrid Muan[4], une brillante universitaire américaine d’origine suédoise. Elle est morte récemment, dans des conditions mystérieuses à Phnom Penh, à l’âge de 40 ans. Elle parlait couramment notre langue et aimait s’entretenir avec de simples gens. Elle a choisit notre pays après avoir visité l’Indonésie et le Vietnam. Elle a senti qu’au Cambodge il existe une âme et une atmosphère artistiques et culturelles léguées par une histoire de plus de 3 mille ans. Son œuvre est heureusement poursuivie par ses collaborateurs cambodgiens et étrangers. Les aides continuent à affluer. Le Cambodge possède maintenant des imprimeries modernes capables d’éditer des livres de qualité internationale et à des prix très compétitifs. La culture cambodgienne est maintenant connue et appréciée dans le monde cultivé occidental. Signalons qu’aux Etats-Unis il y a aussi des cambodgiens Ph.D en musicologie et en danses cambodgiennes classiques. Ils viennent souvent au Cambodge apporter leurs contributions au développement de notre culture. Ni la Thailande, ni le Vietnam ne peuvent nous rivaliser dans ces domaines.
Le Cambodge manque-t-il de cerveaux ? Les résultats des dernières Olympiades Scientifiques Junior en Indonésie ne sont-ils pas là pour montrer le contraire ? Ces résultats vont certainement faire rêver nos jeunes au Cambodge et aussi à l’étranger. Le Cambodge manque-t-il d’artistes de niveau international ? L’essor actuel de notre art : musique, danse, peinture, sculpture, roman etc. montre à l’évidence le renouveau de notre culture. Nous remercions Ingrid Muan pour avoir pressenti cette immense capacité de notre peuple et avoir consacré sa vie à l’aider à se développer.
Signalons qu’il y a aussi des Cambodgiens qui publient les écrits anciens pour inspirer nos jeunes. Déjà les DVD et des livres publiés au Cambodge traversent nos frontières et sont connus dans les foyers de nos frères au Kampuchea Krom et en Thailande. A partir de maintenant la culture cambodgienne a un support écrit et visuel. La fraternité et la communauté culturelle entre les Cambodgiens du Cambodge et nos frères par delà nos frontières ne peuvent que se renforcer. Signalons que déjà les mêmes chansons sont écoutées et fredonnées depuis Surin jusqu’à Triton en passant par Phnom Penh. Nous souhaitons connaître bientôt, des œuvres culturelles créées par nos sœurs et frères d’au de là de nos frontières.
Au Cambodge, maintenant il y a des imprimeurs, des éditeurs et des libraires qui gagnent convenablement leur vie. Reste maintenant le problème des droits d’auteur pour permettre à nos écrivains de gagner de l’argent et de vivre de leurs écrits comme c’était le cas de Boun Chan Mol par exemple avant 1975.
Reste à développer tout cela chez nos compatriotes vivant en Europe et en Amérique du Nord. Combien de nos compatriotes à l’étranger ont-ils, dans leurs bibliothèques, des livres publiés au Cambodge ? C’est à nous, Cambodgiens de la diaspora à se mettre en phase avec nos compatriotes au Cambodge.
b / Les travailleurs des villes.
Au point de vue social, il y a maintenant 300 000 ouvrières et ouvriers cambodgiens dans les industries textiles qui vivent grâce aux exportations principalement vers les Etats-Unis et vers l’Europe. Les salaires de ces travailleurs représentent à eux seuls 180 millions de $US par an. Cette somme entre intégralement dans le circuit économique du pays avec la centaine de millions de $US introduits par les familles vivant à l’étranger et une partie des dépenses des ONG. Les aides internationales vont principalement dans les poches des hauts dignitaires du pouvoir fantoche.
La majorité des familles de ces travailleurs des usines textiles habitent la campagne. Ces jeunes travailleurs sont donc des vecteurs qui introduisent les idées des villes dans leurs familles. Ils sont donc des vecteurs de modernisation à la campagne. Reste l’amélioration des routes pour relier les villes et les villages entre eux, pour que diminuer la durée des voyages et ainsi accélérer la symbiose ville - campagne. C’est justement ce que les aides japonaises refusent obstinément de faire.
Au Cambodge, il n’y a pratiquement pas d’institut ou d’école d’une certaine importance pour former des techniciens de tous les niveaux. L’Electricité du Cambodge n’est-elle pas obligée d’avoir recours à une ONG pour former ses techniciens pour seulement à l’Ouest de notre pays ? Pour l’Est c’est le Vietnam qui s’en charge ? Le commerce et le réseau électrique de cette région ne sont-ils pas déjà intégrés au Vietnam ? Hok Lundy, qui commande effectivement l’armée et la police cambodgiennes n’est pas déjà, en fait, le vrai maître du pays. Hok Lundy ne reçoit des ordres que de Hanoi. N’est-il pas lui qui a donné à Hun Sen l’ordre de limoger Chea Sophara ? Dans son fief à Svay Rieng, Hok Lundy se fait construire un véritable château avec des moyens de communications les plus sophistiqués avec Hanoi et ses réseaux installés dans tout le Cambodge. Les Cambodgiens, un peu curieux peuvent aller le constater à leurs risques et périls.
Les travailleurs cambodgiens ont des intérêts similaires. Le Siorc (Syndicat Indépendant des Ouvriers du Royaume du Cambodge) qui les défend est la première organisation professionnelle du Cambodge. La lutte de tous les travailleurs du Cambodge pour défendre leurs salaires et leurs conditions de travail, fait partie intégrante de notre lutte pour libérer notre pays de la domination vietnamienne et aussi pour la démocratie et la liberté. Le président du Siorc, Chea Vichea est connu et soutenu par de nombreux syndicats du monde occidental. Cela n’a pas empêché les sbires de Hok Lundy de le tuer. Maintenant c’est le frère de Chea Vichea, Chea Mony qui prend la relève. Les Cambodgiens n’ont plus peur de la mort. La mémoire de Chea Vichea reste toujours vivace au Cambodge. Le pouvoir fantoche a maintenant peur du fantôme de Chea Vichea. Il refuse toujours de permettre l’érection d’une statue pour honorer la mémoire du défunt. Le pouvoir fantoche a peur des fantômes des patriotes, lui qui se met à genoux devant le gigantesque monument à la gloire de ses maîtres.
Parallèlement au syndicat ouvrier, il y a maintenant un syndicat pour les enseignants sous le nom de « Association Indépendante des Enseignants du Cambodge ». L’esprit syndicaliste est plus fort que jamais.
c / Les artisans, la petite et moyenne bourgeoisie.
En 1979, les Vietnamiens se sont appropriés les plus belles maisons et habitations de Phnom Penh. A l’arrivée des Occidentaux en 1991, les Vietnamiens les ont vendues à des prix d’or. Puis les Occidentaux ont recours à des entreprises et ouvriers vietnamiens pour les rénover. Prétextant que les Cambodgiens sont incapables de faire de tels travaux. Le docteur Beat Richner démontre le contraire. Richner utilisait uniquement des entreprises, ingénieurs et techniciens cambodgiens pour construire, selon les normes « suisses », les hôpitaux Kantha Bopha. Richner fait appliquer l’hygiène « suisse » dans ces hôpitaux, utilisent les meilleurs médicaments, comme en « Suisse ». Le personnel soignant est presque cambodgien en totalité. C’est la preuve que même dans les conditions actuelles, les Cambodgiens sont capables de construire et d’assurer le fonctionnement des hôpitaux de qualité suisse.
Cela prouve qu’il n’y a aucune volonté internationale, à la seule exception de Beat Richner, pour apprendre aux Cambodgiens les sciences et techniques. N’est-il pas une façon d’aider le Vietnam à transformer notre pays en une de ses provinces ?
Qu’à cela ne tienne, les Cambodgiens apprennent sur le tas, c’est-à-dire en se débrouillant, en autodidactes, apprendre en faisant. D’ailleurs une lauréate des Olympiades Scientifiques Junior, Mom Charya, ne déplore-t-elle pas que les études scientifiques ne sont pas encouragées au Cambodge ? Le Japon n’utilise-t-il pas uniquement des entreprises vietnamiennes pour construire les routes de Phnom Penh à Saigon et la route qui relie nos provinces du Nord-Est au port vietnamien de Da Nang ?
Il y a maintenant des garages cambodgiens qui réparent les voitures les plus modernes, des réparateurs de télévisions dans des villages etc. Beaucoup de Cambodgiens, maintenant ont recours à des techniciens et travailleurs cambodgiens pour construire et rénover leur maison, pour réparer les climatiseurs, les divers moteurs, appareils informatiques etc. Nos compatriotes disent que les ouvriers cambodgiens travaillent bien et sont plus consciencieusement que les travailleurs vietnamiens.
Il y a maintenant des petites et moyennes entreprises cambodgiennes dans tous les domaines. Récemment il y a des propriétaires de rizeries qui se battent pour pouvoir exporter notre riz par notre port de Kompong Som et non par Saigon.
Ainsi les ingénieurs, techniciens, artisans, patrons des petites et moyennes entreprises, sont confrontés aux mêmes ennemis : l’obstruction du pouvoir fantoche et la domination économique vietnamienne.
En particulier par la domination de la société vietnamienne Sokimex qui a le quasi-monopole de l’importation et de la distribution des produits pétroliers, de la confection des uniformes de l’armée et de la police etc. N’est-ce pas la raison principale du prix de l’énergie au Cambodge, une fois et demie plus cher que chez nos voisins ? Sokimex avec ses sociétés affiliées, comme la banque Canadia, n’est-elle pas, de loin, la plus grande propriétaire foncier du Cambodge. Sokimex et la banque Canadia possèdent déjà un trésor de guerre qui se chiffre à des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars. La banque vietnamienne Canadia, la plus grande banque « privée » du Cambodge a aussi le monopole du commerce international de notre pays.
Pour freiner le développement économique du Cambodge, le pouvoir fantoche fait payer aux Cambodgiens, le double du prix de l’énergie chez nos voisins. Or l’énergie est la base de tout développement économique. Ce prix élevé de l’énergie remplit aussi les poches de la Sokimex. Hanoi gagne à tous les coups.
En plus, il y a le problème de sécurité. Les voitures et camions conduits par des Vietnamiens ne sont jamais contrôlés par les policiers. Les entreprises cambodgiennes qui n’utilisent pas des employés vietnamiens doivent faire face à des problèmes de sécurité. Le système bancaire au Cambodge n’est pas encore utilisé couramment. Les grandes banques internationales ne sont pas encore représentées au Cambodge. Pourquoi ?
Signalons aussi la lutte des avocats cambodgiens pour imposer la démocratie au sein de leur association « Le Barreau ». L’avocat Suon Visal a été élu régulièrement, il y a plus d’un an, président du Barreau en remplacement du représentant du pouvoir fantoche Ky Tech. Mais ce dernier refuse de céder sa place. En principe de nouvelles élections doivent se tenir en avril. Avec la complicité du pouvoir fantoche, Ky Tech refuse toujours de fixer une date précise pour ces nouvelles élections. Ce qui montre clairement que les intellectuels n’acceptent plus de se plier aux quatre volontés du pouvoir fantoche. Que fait le Japon, pourvoyeur des fonds au Barreau cambodgien ?
Ainsi les artisans, la petite et moyenne bourgeoisie sont obligés de se battre contre le pouvoir fantoche, donc contre la domination vietnamienne pour subsister et pour se développer en nombre et en volume d’affaires.
Signalons qu’il existe maintenant une certaine méfiance contre les produits vietnamiens. Est-ce une forme de boycotte des produits vietnamiens qui est en train de s’instaurer au Cambodge et aussi à l’étranger ? En fait, les Cambodgiens de plus en plus nombreux, au Cambodge comme à l’étranger ne veulent plus acheter les produits « made in Vietnam ».
d / Les paysans.
C’est la catégorie sociale qui compte la plus grande proportion d’illettrés, la plus grande proportion d’enfants non scolarisés. Ce sont eux qui supportent le fardeau de la construction du Mur de Bambou du plan K5, exécuté par Hun Sen sur ordre de Hanoi, en 1986. Après les Accords de Paris, ils n’ont jamais été indemnisés. UNTAC ne leur a jamais attribué des terres, pourtant promises par Akashi. Combien d’entre eux viennent mourir misérablement dans les villes ? Combien d’entre eux sont obligés d’aller mendier à Saigon ou à Bangkok ? Combien de leurs filles et fils sont obligés de se prostituer ? Combien d’entre eux sont morts du Sida introduit par les hommes d’UNTAC et propagé par les prostituées vietnamiennes ?
De nos jours, les paysans doivent se battre contre le pouvoir fantoche qui veut les maintenir, d’une main de fer, dans l’ignorance, la maladie et la pauvreté.
Une partie de leurs enfants sont des ouvrières et des ouvriers des usines textiles qui leur envoient une partie de leurs salaires. Tous les ans ces travailleurs viennent rendre visite à leurs familles plusieurs fois par an. Les routes sont difficiles, surtout durant la saison des pluies. Le Japon dépense des centaines de millions de dollars pour construire des routes qui favorisent les exportations cambodgiennes vers Saigon, mais pas le moindre sou pour nos communications intérieures. Les Cambodgiens utilisent les routes existantes depuis la période angkorienne.
Combien, parmi ceux qui sont obligés de fréquenter les décharges publiques, souvent avec leurs enfants, pour essayer de trouver des restes pour survivre, ne sont-ils pas eux-mêmes ou les enfants de ceux qui étaient maltraités sous le pouvoir Khmer Rouge, puis maltraités lors de la construction du Mur de Bambou ? Qui pense à leur venir en aide ? Leur calvaire prendra-t-il fin avec les rentes pétrolières annuelles de 4 milliards de $US à partir de 2009 ?
En venant voir leur famille, ces ouvrières et ouvriers, apportent non seulement une partie de leurs salaires, mais aussi des connaissances des villes. Certains apportent aussi des livres, des revues. Ainsi les paysans ne sont plus isolés et livrés à eux-mêmes.
D’autres sont obligés de se battre parfois avec des armes blanches pour défendre leurs terres, leurs maisons.
Maintenant les paysans cambodgiens ne sont plus isolés. Ils savent que d’autres couches sociales sont aussi en train de se battre contre le pouvoir fantoche. D’autre part certains de leurs enfants savent maintenant lire et d’autres ont acquis des connaissances plus profondes. Cela leur donne des connaissances, des idées et du courage. Car ils savent maintenant que d’autres couches sociales du pays se battent aussi contre le même ennemi.
3. Conclusion
L’Unité de lutte des Cambodgiens de toutes les couches sociales est en marche. Ces luttes sont multiformes mais convergentes vers les mêmes objectifs. L’Unité Nationale est en train de se faire et aucune force ne peut l’en empêcher.
Note : This article is available into english upon request.
[1] « Japon – Vietnam. Histoire d’une relation sous influence », par Guy Faure et Laurent Schwab, Ed : IRASEC, Paris – Bangkok, 2004
[2] Le pouvoir fantoche continue toujours à donner le monopole de la confection des uniformes de l’armée et de la police cambodgienne à une filiale de la société vietnamienne Sokimex. Quel est le nombre de travailleurs cambodgiens dans cette société ?
[3] Ne pas confondre la Fondation Toyota avec le gouvernement japonais qui font tout pour aider le Vietnam à transforme notre pays en une province vietnamienne, notamment en finançant principalement les routes Phnom Penh – Saigon et la route Est-Ouest qui reliera nos provinces du Nord-Est au port vietnamien de Da Nang.
[4] Ingrid Muan était une brillante universitaire Américaine d’origine Suédoise qui a créé avec son ami Cambodgien Ly Daravuth le Centre Reyum pour favoriser l’évolution de l’art cambodgien avec les apports des autres arts du monde et aussi pour développer et la diffusion des livres en langue nationale. Elle est morte mystérieusement il y a un peu plus d’un an. Ingrid Muan a pu obtenir des grandes Fondations Culturelles Internationales comme « The Albert Kunstadter family Foundation », the « Japan Foundation Asia Center, the « Rockefeller Foundation » et the « Toyota Foundation » des aides importantes. Elle a aussi commandé une étude sur les publications au Cambodge en 2002 et l’état des imprimeries. A la suite de ce rapport, elle a obtenu des subventions pour l’installation des imprimeries neuves et modernes. Maintenant au Cambodge, il y a des imprimeries capables de publier des livres en tout genre comme partout ailleurs et à des prix très bas, avec des techniciens entièrement cambodgiens. Maintenant les éditeurs des livres en cambodgien gagnent de l’argent. Reste maintenant à se battre contre la censure et pour l’instauration de véritables droits d’auteurs pour que les écrivains puissent à leur tour gagner de l’argent comme dans tous les autres pays développés du monde.
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