2006-08-26

Affaire Heng Pov - suite

Nouvelles du Cambodge N° 0635F

AFFAIRE HENG POV – suite

Khemara Jati
Montreal, Québec
Le 26 Août 2006

Les révélations de Heng Pov viennent confirmer ce que les Cambodgiens savaient depuis déjà longtemps. Dans notre précédant article, nous avons diffusé des extraits du The Cambodia Daily du 10 août 2006 qui donnent des opinions des Cambodgiennes et Cambodgiens sur cette affaire. Heng Pov apporte seulement des détails et des noms. Il faut aussi noter que Heng Pov ne dit pas tout ce qu’il sait. C'est normal.

Mais le plus important est que cette affaire passionne nos compatriotes au Cambodge comme à l’étranger. Les journaux en cambodgien qui parlent de l’affaire Heng Pov ont plus que doublé leur vente et certains décuplé. Naturellement ces journaux ont traduit et diffusé en cambodgien l’interview de Heng Pov par Sylvaine Pasquier paru dans L’Express du 17 août 2006, intitulé : « Cambodge. Les basses œuvres de Hun Sen » et la « Déclaration de Heng Pov ».

Cette position unanime des Cambodgiens vient confirmer sans conteste possible la haine de nos compatriotes concernant la dictature, les crimes, les trafics de drogue et la corruption éhontée s’élevant à des centaines de millions de $US du clan Hok Lundy - Hun Sen.

Comment les services secrets des grandes puissances comme ceux du Japon, des Etats-Unis, de la France et de la Chine peuvent-elles ignorer ces crimes ? Heng Pov n’est certainement pas un saint. Mais ce qu’il révèle contient une grande partie de la réalité des faits connus par l’ensemble de nos compatriotes. Toutes les polices du monde utilisent des «repentis» pour connaître ce qui se passe à l’intérieur des mafias et autres pouvoirs criminels. Pourquoi les grandes puissances ne profitent-elles pas de cette occasion pour utiliser les accusations de Heng Pov pour mettre fin à la « Culture de l’Impunité » au Cambodge ? Ne pas le faire n’est-il pas un aveu implicite que ce sont ces grandes puissances qui font perdurer cette « Culture de l’Impunité » ?

William Shawcross a dénoncé cette "Culture de l'Impunité" depuis 1979, dans son livre bien connu internationalement : « Sideshow »[1] et traduit en français sous le titre « Une Tragédie sans Importance »[2]; suivi d’un autre livre du même auteur « The Quality of Mercy » traduit en français sous le titre « Le Poids de la Pitié »[3]

Maintenant les Cambodgiens ne profitent-ils pas de cette occasion pour montrer implicitement du doigt la complicité des grandes puissances dans la continuité sans fin de cette « Culture de l’Impunité » ? Maintenant que cette complicité est étalée au grand jour, ces grandes puissances peuvent-elles encore jusqu’à quand continuer à faire semblant d’ignorer les massacres, les crimes, les trafics de drogue et la corruption effrénée du clan Hok Lundy – Hun Sen ? Quand ces massacres, ces crimes, ces trafics et ces corruptions effrénées sont maintenant dénoncés ouvertement par Heng Pov, avec des précisions d’un homme bien informé puisqu'il est à l’intérieur même du pouvoir ?

Pourquoi ne pas essayer au moins de vérifier les accusations de Heng Pov et interroger les criminels cités par Heng Pov ? Le pouvoir actuel ne vient-il pas de confirmer indirectement la véracité des révélations de Heng Pov par la voix de son ministre de l’Information Khieu Kanharith, qui a déclaré dans Phnom Penh Post du 25 août 2006 (titre de l’article : « Heng Pov’s talk of high crimes «negates claim to asylum » ») : « If Heng Pov says he knows about crimes within the government it means he is an accomplice to these crimes » ?

Ainsi Khieu Kanharith, au lieu de réfuter les accusations de Heng Pov, comme l’exige l’opinion nationale et internationale, n’admet-il pas implicitement que ces accusations sont fondées ? Ainsi le pouvoir aux abois ne vient-il pas de se marcher sur ses pieds pour essayer d’obtenir de Singapour le retour de Heng Pov dans les griffes des sbires de Hok Lundy ?

Le peuple cambodgien, par son unanimité, n’est-il pas en train d’obliger les grandes puissances à réfléchir plus sérieusement sur cette affaire Heng Pov ? Singapour était déjà responsable de « non-assistance à une personne en danger de mort" dans l’assassinat de Ho Sok, lors du coup d’Etat sanguinaire et sauvage de juillet 1997, le gouvernement de Singapour va-t-il être de nouveau responsable de « non-assistance à une personne en danger de mort » dans ce nouveau cas de Heng Pov ?

Cette fois-ci le gouvernement de Singapour n’est pas seul responsable de « non-assistance de personne en danger de mort », les grandes puissances occidentales peuvent-elles échapper à en porter aussi la responsabilité ?

Ainsi l’unanimité des Cambodgiens où qu’ils se trouvent sur cette « Affaire Heng Pov » est une immense force pour imposer aux grandes puissances le respect de notre volonté. Les Cambodgiens ne veulent plus vivre sous le « Poids de la Pitié » imposé par les grandes puissances depuis 1991. Ce « Poids de la Pitié » qui se traduit en réalité en « Poids du mépris » et qui devient au cours des ans de plus en plus pesant et insupportable pour les Cambodgiens.

N’est-ce pas du mépris que de soutenir les Vietnamiens qui viennent s’installer ouvertement en maîtres au Cambodge, accaparant nos terres et un tiers de notre plateau continental, massacrant plusieurs fois notre peuple et tuant tous ceux qui osent s’opposer à eux, pillant nos richesses naturelles agricoles comme le riz et le caoutchouc, partageant nos richesses en hydrocarbures de notre plateau continental avec la Thaïlande et maintenant un projet pour piller ouvertement nos richesses en pétrole sur notre terre ferme ? Laissant le peuple cambodgien continuer à vivre dans l’ignorance, la maladie et la misère ? N’est-ce pas cela du mépris ?

La colère du peuple cambodgien unanime monte en puissance. Certains étrangers dont des religieux ne disent-ils pas qu’il faudrait peut-être une révolution pour mettre fin à cette «culture de l’Impunité » pratiquée par le Vietnam et jusqu’à présent avec le soutien des grandes puissances ?

Note : This article is available into english upon request.

[1] Ed. Simon and Schuster, New York.
[2] Ed. Balland, Paris
[3] Ed. Balland, Paris 1985

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